Réflexion sur l’avenir de l’Afrique au cours du prochain cycle de quatre-vingt ans d’indépendances africaines (2020-2100). Le panafricanisme, l’unité africaine et la Renaissance africaine : trois objectifs fondamentaux de l’Union africaine.

Thème: Enjeux et défis pour l’Afrique du futur.

  1. L’Afrique mise au défi de la recommandation du VIIIème congrès du panafricanisme : « l’Afrique doit s’unir » ;
  2. L’Afrique au XXIème siècle : du VIIème congrès du panafricanisme, en 1958, au VIIIème congrès du panafricanisme, en 2018 ;
  3. L’unité africaine : défi pour les nouvelles générations africaines, les dirigeants et populations du XXIème siècle ;
  4. Proposition de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international pour l’avenir, et, ce, en 2018, à Addis-Abeba, en Éthiopie, dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958 ;
  5. La dynamique créative de l’approche de la tricéphalie pour l’aboutissement à bon port de l’Union africaine.

 

 

Le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, a lancé le défi de recommandation formulée à l’adresse des futures générations africaines : « l’Afrique doit s’unir ». Dans cette recommandation, il n’est pas indiqué la manière par laquelle l’Afrique doit s’unir, par qui, pourquoi, pour qui, quand et par quels moyens matériels et financiers.

La question sur la manière de s’unir fait appel à la formule de l’unité africaine : le projet de s’unir se réalisera-t-il sous la forme d’une confédération africaine ou sous la forme d’une fédération africaine ? Le seul chef d’État qui s’est prononcé à ce sujet, au cours de ces soixante années d’indépendances, est Abdou Diouf, ancien président du Sénégal. Dans une déclaration au journaliste Vincent Hugeux, publiée dans une des éditions de l’hebdomadaire belge le « Vif/l’Express » en janvier 2003, l’ancien chef d’État sénégalais a déclaré que l’unité africaine devrait se réaliser sous la forme d’une confédération africaine, car, selon lui, c’est la seule formule acceptable pour les états africains. Pour sa part, le colonel Mouammar Kadhafi, qui a converti l’Organisation de l’unité africaine en Union africaine, s’est autoproclamé roi des rois d’Afrique, signifiant alors que, pour lui, l’unité africaine devrait être un état africain unitaire. Dans mes écrits et réflexions sur ce thème, j’ai formulé la proposition d’une unité africaine incarnée par l’État-Uni de Fédération panafricaine, républicaine et démocratique d’Afrique, animée, entre autres choses, par la jouissance du droit de citoyenneté interafricaine pour toutes les populations africaines originaires du continent et pour tous les descendants de la diaspora africaine partout dans le monde. En effet, chaque homme et chaque femme d’Afrique dans le continent et dans le monde devrait être citoyen de plein droit et en jouir partout en Afrique. Pour cette perspective, je propose d’envisager le débat qui requiert l’organisation du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international en 2018 à Addis-Abeba, en Éthiopie, à l’occasion du soixantième anniversaire de la tenue du VIIème congrès du panafricanisme à Accra, au Ghana, en 1958 (1958-2018, soit il y a soixante ans). L’année 1958 marque aussi le soixantième anniversaire de la proclamation, de la recommandation et des défis susmentionnés : « l’Afrique doit s’unir », soit « Africa must unit ». La responsabilité d’organiser la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme, en 2018, revient à l’Union africaine.

Le pari que « l’Afrique doit s’unir » fait appel à l’institution panafricaine créée pour ce devoir et cette tâche : il s’agissait de l’Organisation de l’unité africaine créée en 1963 pour réaliser l’unité africaine. Aujourd’hui, il s’agit de l’Union africaine qui a remplacé l’Organisation de l’unité africaine en juillet 2001. Elle est en charge de la réalisation de ce projet d’unité africaine, projet qu’elle a hérité de l’O.U.A., dès 2001, depuis déjà dix-sept ans (2001-2018).

D’aucuns doutent de la capacité de l’Union africaine à s’impliquer dans la mission qui est la sienne. Un tel doute a été exposé par le professeur Mwayila Tshiyembe en prélude à son article publié par le bimensuel du « Le Monde diplomatique » de février-mars 2005, sous le titre « Difficile gestation de l’Union africaine ». En prélude, l’auteur pose une question qui laisser planer le doute sur la capacité de cette institution en ces termes : « l’Union africaine a remplacé, en juillet 2001, la décevante Organisation de l’unité africaine. Nouvelle étape dans l’histoire du panafricanisme, l’Union saura-t-elle relever les graves défis continentaux ? ». Or, l’unité africaine est l’un de ces redoutables défis. De fait, ce doute est renforcé par les dirigeants africains eux-mêmes qui ont réussi à faire de l’Union africaine leur propre club de rencontres et de palabres qui n’intéresse personne. L’Union africaine serait-elle un club de vacances ? Dans ces doutes et dans cette considération réside la vision de l’incapacité de l’Union africaine à unir l’Afrique.

La raison pour laquelle l’Afrique doit s’unir fait écho à l’adage « l’union fait la force ». Le continent africain doit s’unir pour plusieurs raisons et objectifs, notamment :

  1. L’Afrique doit s’unir pour assurer sa pacification, sa sécurité, son émancipation et l’avenir d’épanouissement à toutes les populations africaines rassemblées en État-Uni de Fédération panafricaine.
  2. L’Afrique doit s’unir pour devenir protagoniste dans la marche de l’Histoire de l’humanité et des civilisations qui se croisent au sein de la triangularité planétaire composée de l’Occident, de l’Orient et de l’Afrique. Dans ce contexte aussi bien actuel que futur, le continent africain doit occuper la place et s’élever au rang qui sont les siens au titre de protagoniste en concurrence avec l’Occident et l’Orient, à armes égales, ainsi que protagoniste en partenariat avec l’Occident et l’Orient, à égalité des chances dans tous les domaines. Les Africains en rêvent !

Le pour qui l’Afrique doit-elle s’unir fait appel à l’ensemble des populations africaines dans le continent africain et dans le monde. Les peuples africains, aussi bien de l’Afrique que de partout sur la planète, se dénombrent aujourd’hui à 1,3 milliards d’Africains et d’Africaines, au sein de plus de 7 milliards d’habitants du globe terrestre. Prochainement, les peuples africains seront 3 milliards au sein de 9 à 10 milliards de personnes peuplant la planète en 2050. C’est pour ce tiers de l’humanité d’aujourd’hui et de demain que l’Afrique doit s’unir. Cet objectif est souvent oublié.

Le quand l’Afrique doit-elle s’unir est une question qui ne semble pas retenir l’attention. En réalité, c’est le plus prochainement possible, au cours de ce XXIème siècle, que le continent devrait s’engager sur la voie de l’avenir de l’unité africaine. Cette question devrait faire partie de celles à examiner en profondeur lors de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international, dont, depuis 2015, j’ai entrepris de proposer la tenue en 2018, à Addis-Abeba.

Le par quels moyens matériels et financiers « l’Afrique doit s’unir » est une question cruciale : relever le défi de l’unité africaine exige que l’Afrique dispose de moyens matériels et financiers importants. Le continent africain ne les possède pas. La communauté internationale ne prendra pas en charge le financement de ce défi. Le VIIIème congrès mondial du panafricanisme international sera amené à réfléchir sur cette question, obstacle à l’unité africaine. En effet, le manque de moyens financiers constituera l’écueil majeur se dressant contre l’avenir de l’unité africaine ! Cependant, cet obstacle n’est pas le seul, car aucun état africain n’est disposé à s’engager dans cette démarche. Voilà pourquoi, alors que les intellectuels et les élites africains se passionnent dans les discours et les débats acharnés pour la réalisation « des États-Unis d’Afrique tout de suite », tous les gouvernants africains restent muets et considèrent que ces discussions sont menées par des concitoyens africains utopistes, irréalistes et romantiques. Les dirigeants africains ne croient pas en l’unité africaine. Ils n’en veulent pas. Même si les gouvernances et l’Union africaine en avaient la volonté, elles ne le pourraient pas, par faute de moyens. L’Afrique et ses gouvernances sont pauvres. Elles rêvent, mais, en réalité, elles ont renoncé à l’unité africaine.

Ainsi, à la lumière de ces observations, il en résulte que « l’Afrique doit s’unir », « Africa must unit », d’après la résolution impérative du VIIème congrès du panafricanisme soixante ans auparavant (1958-2018). Malgré ça et en réalité, toujours à la lumière de ces considérations, il est clair que « l’Afrique ne peut pas s’unir », « Africa can not unit ». Cela justifie l’importance évidente de la proposition que j’ai formulée à l’intention de l’Union africaine depuis 2015. Cette proposition est celle d’envisager la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, pour retracer la voie de l’avenir africain. Le continent africain se trouve face à la nécessite et à l’urgence de se réinventer au XXIème siècle. L’Union africaine en charge de cette nécessaire et urgente réinvention africaine s’est donnée la mission de réaliser trois objectifs fondamentaux : l’unité africaine, le panafricanisme et la Renaissance africaine. La renaissance du continent africain sera le fruit du développement économique et social que l’Afrique doit réaliser entre 2020 et 2100.

Le premier cycle de soixante ans (1960-2020) des indépendances africaines s’achève sur un constat de faillite humaine et globale déshumanisante. Le deuxième cycle de quatre-vingt ans (2020-2100) sera bientôt en initiation : ce sera dès l’an 2021. Avant cette date proche, l’Union africaine organiserait le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie.

L’Afrique est d’habitude allergique aux défis, alors qu’elle doit en relever de nombreux. Parmi les multiples défis en attente, se trouve celui de tenir le prochain VIIIème congrès du panafricanisme à organiser par l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour évaluer les échecs du cycle des soixante ans (1960-2020 : cycle des indépendances qui s’achève) et pour examiner les voies et les moyens matériels comme immatériels qu’il faudra mobiliser et coordonner en vue de s’assurer la réussite du deuxième cycle de quatre-vingt ans (2020-2100).

Normalement, l’Union africaine devrait organiser cet évènement majeur en 2018, année anniversaire du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, qui a lancé le défi impératif de « l’Afrique doit s’unir ».

Parmi les moyens matériels à mobiliser, il faudra inclure la clé du dynamisme créatif de la tricéphalie. Cette dernière est la clé de l’avenir du continent africain. Elle se compose des trois éléments structuraux que voici :

  1. L’institution : l’Union africaine économique, financière et de développement social constitue le deuxième volet de l’Union africaine adoptée par les chefs d’États et de gouvernements africains en même temps que le premier volet consistant en l’Union africaine politique. Mais aussitôt adopté et signé à Lusaka, en Zambie, à l’issue du XXXVIIIème sommet de l’O.U.A. le 09-10 juillet 2001, ce deuxième volet a été oublié et mis sous le tapis. En effet, il s’agit d’un défi dont, tout simplement, les dirigeants africains allergiques aux défis ont instinctivement voulu se débarrasser. Le défi vient d’être remis à l’ordre du jour. La conversion de cette institution en société générale de développement économique, financier et social avec son siège est proposée, au Rwanda, précisément à Kigali-Muhanga, nouvelle ville métropolitaine panafricaine à construire pour doter l’Afrique d’une capitale de l’unité africaine et de progrès économique. La construction est envisagée de cette nouvelle capitale du continent africain dans le pays des mille collines, au cœur et carrefour d’Afrique, à la source du Nil (« ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae», qui se traduit par : « là où se trouve la source du Nil, c’est le pays où se construira la capitale économique de l’Afrique »), au Rwanda. La capitale de l’Union africaine est Addis-Abeba, en Éthiopie, tel qu’il a ainsi été établi dès 1958 (Addis-Abeba, en Éthiopie, est la capitale de la C.E.A. [la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique]) et, dès 1963, Addis-Abeba est la capitale de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) ainsi que de l’Union africaine politique, depuis sa création en remplacement de l’O.U.A. il y a dix-sept ans, en juillet 2001. La capitale panafricaine Kigali-Muhanga pourrait être construite en trois ans, à l’exemple de Brasilia, capitale du Brésil, qui fut construite en 1956-1059, à la veille de l’accession des pays africains aux indépendances, en 1960. Plus proche, il y a l’exemple de l’actuelle construction de la ville du Caire II, nouvelle capitale de l’Égypte dont l’édification était prévue en six mois, initiée dès le début de cette année 2018 et, aujourd’hui, en cours de finitions. Le financement de la construction de la nouvelle capitale du Caire II sera de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le financement de la construction de la capitale panafricaine de l’économie africaine Kigali-Muhanga, au Rwanda, sera cinq fois plus important que celui du Caire II, soit 200 milliards d’euros à négocier avec le P.N.U.D. (enveloppe développement de l’Afrique), l’Union européenne, la Banque mondiale et d’autres bailleurs.
  2. La gouvernance : une équipe panafricaine sera chargée de la question du développement de l’Afrique. Il s’agira du comité d’organisation de la gestion économique du développement de l’Afrique au XXIème siècle, le C.O.G.E.D.A. XXI. Le C.O.G.E.D.A. XXI sera formé par les représentants de chaque état africain à raison d’un représentant par pays, soit aujourd’hui cinquante-quatre commissaires technocrates-diplomates sous la présidence du président de la Commission de l’Union africaine politique dont le siège est à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le président de la Commission à la présidence du C.O.G.E.D.A. XXI sera le représentant du sommet politique des chefs d’États et de gouvernements africains. Ainsi, la gouvernance de l’Union africaine économique, financière et de développement social sera assurée par cinquante-cinq commissaires technocrates-diplomates, représentant chacun un état africain pour un mandat de sept ans, renouvelable une fois. Cette équipe sera responsable face au sommet de l’Union africaine qui sera son responsable hiérarchique. Il est suggéré que l’âge minimum de ces hauts dirigeants soit de quarante ans. Il est souhaitable que chaque état se fasse représenter au sommet de la gouvernance africaine par un envoyé spécial digne d’être élevé au poste de commissaire du rang d’ambassadeur, hautement formé et expérimenté. Au cours du deuxième cycle des indépendances pendant les prochains quatre-vingt ans (2020-2100), le continent africain aura à utiliser ses ressources humaines par la voie de cette équipe en charge de réussir le développement africain, l’émancipation de l’Afrique et l’épanouissement de toutes les populations africaines en Afrique et ailleurs.
  3. L’adresse : c’est la capitale panafricaine Kigali-Muhanga, au Rwanda, au cœur et carrefour de l’Afrique, à la source du Nil. L’unité africaine, le développement du continent, la paix en Afrique et le panafricanisme sont autant de guerres à mener et à gagner. Pour les victoires espérées et attendues, il faut mettre en place un état-major à la hauteur des enjeux. Ceci est la proposition de l’équipe des cinquante-cinq généraux du C.O.G.E.D.A. XXI. Il faut aussi créer un quartier général à la hauteur des enjeux : c’est la proposition de créer la capitale de l’unité africaine au site de Kigali-Muhanga, au Rwanda, à la source du Nil : « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae».
  • La dynamique créative de la tricéphalie, ci-avant exposée, sera un précieux service au secours de la réussite du projet de l’Union africaine, à propos duquel l’avertissement a été adressé aux dirigeants africains qui seront tenus responsables de l’éventuelle faillite de cette union (si ce projet venait à échouer). L’envoyé spécial de l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies) en la personne de Kofi Annan, alors secrétaire général de l’O.N.U., marraine du projet de l’Union africaine, à l’issue du XXXVIIIème sommet de l’O.U.A. tenu à Lusaka, en Zambie, du 09 au 10 juillet 2001, a formulé en les termes suivants l’avertissement de la communauté internationale : « le projet de l’Union africaine demandera des qualités de dirigeants, du courage et de la volonté pour se détacher du passé… À moins que ce projet ne soit suivi d’une rare détermination par vous, chefs d’État africains du XXIème siècle, il n’aboutira pas ». La dynamique créative de la tricéphalie est l’approche qui pourra permettre l’aboutissement du projet à bon port.
  • Les Africains et les Africaines, au nombre de 1,2 milliards aujourd’hui, au nombre de 2 milliards en 2050 et au nombre de 4,3 milliards en l’an 2100, devront se résoudre à faire bouger leur vaste continent étendu sur l’espace de 30,335 millions de km2 (l’équivalent, en étendue, de la Chine, des États-Unis d’Amérique, de l’Europe et du Moyen-Orient) à la force de leurs bras et de leur intelligence vers l’avenir, au même pied d’égalité avec l’Occident et l’Orient.

C’est à ces conditions que le continent pourra jouir du fruit de ses sacrifices : la Renaissance africaine au XXIème siècle.

 

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 18-21.08.2018