L’Afrique face aux défis à relever en 2020-2100 : émancipation de l’Afrique, épanouissement des peuples africains, Unité africaine, développement de l’Afrique, Renaissance africaine et panafricanisme

Thème : Les défis manqués de l’Afrique, son avenir, ses enjeux et le panafricanisme d’hier, d’aujourd’hui et du futur.

 Étendu sur la superficie continentale, l’Afrique est un vaste territoire de presque trente et un millions de kilomètres carrés (30.816.000). Le vaste territoire du continent africain est égal à l’étendu des anciennes et actuelles puissances mondiales, à savoir la Chine, l’Europe, le Moyen Orient et les États-Unis d’Amérique. L’Afrique est un géant qui aspire à réaliser l’unité continentale. 

En cette fin 2019, Le continent africain est habité par des populations composées de 1.300 milliards d’Africains et d’Africaines. Le nombre d’habitants était d’environ 300 millions d’habitants à l’époque d’accès de l’Afrique aux indépendances, en 1960. Ce nombre s’élèvera à 2 milliards d’ici les trente prochaines années (2020-2050), c’est-à-dire en 2050. Il se multipliera par 2 fois (presque) pour devenir 4.3 milliards d’habitants africains et africaines d’ici quatre-vingt ans (2020-2100), à la fin de ce XXIème siècle, en 2100. Les habitants du continent africain seront 5 milliards d’Africains d’ici un siècle (2020-2120), en 2120. Cette évolution démographique relève de la surpopulation africaine et constitue un défi énorme auquel l’Afrique est confrontée. L’Union africaine sera-t-elle capable de relever ce défi ?

            Le professeur et panafricaniste Mwayila Tshiyembe a écrit un article intitulé Difficile gestion de l’Union africaine. Il l’a publié dans le bimensuel le Monde diplomatique (février-mars 2005). Dans son introduction, l’auteur indiquait qu’« [e]n juillet 2001 l’Union africaine a remplacé la décevante Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.) » et se posait la question suivante : « Nouvelle institution dans l’histoire du panafricanisme, l’Union africaine saura-t-elle relever les défis continentaux de l’Afrique ?. » Le drame de l’Afrique est qu’elle n’a pas conscience de ces défis continentaux écrits dans les documents et aussitôt envoyés aux oubliettes. En soixante ans, aucun défi n’a été relevé. Tous furent oubliés.

           L’O.U.A. d’abord, et l’Union africaine ensuite, tous deux ont été et sont des outils conçus pour réaliser des objectifs fondamentaux. Ces derniers sont aussi des défis auxquels l’Afrique indépendante devait faire face pendant les soixante ans d’indépendances (1960-2020). Cependant, l’Afrique devra y s’y confronter pendant les prochains quatre-vingt ans de ce XXIème siècle (2020-2100). L’Afrique n’a pas relevé les défis auxquels elle faisait face : elle n’en a pas du tout conscience.

           Pendant les soixante ans d’indépendances africaines, l’Afrique n’a pu gagner aucun défi. Elle n’a pas pu le faire pendant les trente-huit ans de l’existence de l’Organisation de l’Unité africaine (1963-2001). Elle n’a pas pu le faire non plus pendant les dix-huit ans de l’existence de l’Union africaine (2001-2019). Par conséquent, l’Afrique, sortie de la colonisation européenne en 1960 et, depuis lors, mal partie, est en train d’aboutir à ses soixante ans d’indépendances en étant un continent en faillite globale ; une faillite qui est politique, économique, sociale, culturelle, morale, humaine, entre autre choses.

L’observateur Stephen Smith, qui a parcouru le continent africain pendant les vingt ans du XXème siècle pour le compte du journal le Monde, a publié un livre en 2003 dont le sous-titre est la question : « Pourquoi l’Afrique meurt ?. » Smith en vient à la conclusion que l’Afrique est un continent au présent sans avenir. Cet auteur, aujourd’hui professeur dans des universités anglophones, vient de publier un autre ouvrage sur l’Afrique. Celui-ci porte sur l’avenir de la ruée des millions d’Africains vers l’Europe au cours des prochaines décennies. L’Afrique n’aurait pas d’autre issue d’avenir que de poursuivre l’émigration en masses de ses populations vers l’Europe. En effet, ces populations ne peuvent rester sur leur propre continent où elles n’ont aucun espoir d’avenir. Des milliers, bientôt des millions, d’Africains et Africaines de tous les âges seront poussés par le désespoir et quitteront l’Afrique pour émigrer en Europe. Ils seront à la recherche d’espace et d’espoir de vie partout ailleurs, loin de leurs pays et de leur continent, devenus hostiles à leur existence. Ainsi, les Africains sont contraints de fuir l’Afrique.

            Les défis face auxquels se trouve l’Afrique, mais dont elle n’a ni la conscience ni les moyens pour les relever, sont notamment ceux relatifs aux objectifs de :

  • L’émancipation du continent africain ;
  • L’épanouissement des populations africaines ;
  • L’unité africaine ;
  • Le développement de l’Afrique ;
  • La Renaissance africaine, le panafricanisme ;
  • Le projet d’Union africaine économique, ;
  • Le projet de création de la capitale économique africaine à Kigali-Muhanga, au Rwanda, pays au cœur et véritable carrefour de l’Afrique ;
  • La tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international à Addis-Abéba, en Éthiopie, dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, il y a déjà soixante-et-un ans.

Tous ces objectifs et projets sont des défis que l’Afrique et l’Union africaine sont en charge et doivent relever. Le pourront-elle ?

          L’émancipation de l’Afrique était un objectif et un défi de l’O.U.A. Elle consistait dans le fait de faire du continent africain un acteur de son destin pour devenir une puissance sur un pied d’égalité avec l’Occident et l’Orient. Cette émancipation devait faire de l’Afrique un continent en lutte et en concurrence à armes égales avec l’Occident et l’Orient pour le partage des intérêts, à égalité des chances dans les rapports de forces mondiaux. L’Afrique a raté cet objectif.

          L’épanouissement des populations africaines était un objectif et un défi que l’O.U.A. s’était décidée à réaliser au cours des quarante dernières années du XXème siècle (1960-2000). Il s’agissait de créer en Afrique le mieux-être de chaque Africain et Africaine, et de tous les peuples africains. Au cours de ces soixante ans d’indépendances, c’est le contraire qui s’est produit. Toutes les populations africaines dans l’ensemble du continent nagent dans l’océan de la misère et la pauvreté, du désœuvrement et du chômage, du dénuement et du désespoir. Les peuples africains sont confrontés aux famines, à l’échec de l’alimentation, à la malnutrition, à l’échec de l’habitation, aux défis du manque d’habitats, du manque d’infrastructures de soins de santé, de la mauvaise organisation et du manque de moyens et de structures pour une meilleure éducation et formations professionnelles des jeunes Africains (pour assurer l’avenir du continent et de ses populations) et au défi des centaines de millions d’Africains sans emploi. Surtout, ces peuples sont confrontés au défi de l’Afrique qui perd la face et laisse à la désespérance des milliers aujourd’hui, et des millions demain, d’Africains de tous âges et conditions, poussés à fuir leur patrie où ils n’ont aucun espoir d’avenir. Ces populations sont poussées à se jeter dans l’aventure, à la recherche d’un refuge, espérant une vie partout ailleurs, hors et loin de l’Afrique. Tout cela se fait au péril de leur vie et dans l’indifférence des dirigeants africains.

Des centaines de millions (jusqu’à plus d’un milliard) d’Africains vivent dans la précarité et subissent le drame social commun généré par les inégalités et les injustices sociales qui entretiennent les populations africaines dans la misère et la pauvreté minant l’Afrique. La minorité des quelques milliers de riches Africains, y compris les dirigeants, sont indifférents à cette triste situation. Les riches s’assument dans leur égoïsme, leur cynisme, leur insolence et leur arrogance. En Afrique, les dirigeants désignent leurs boucs émissaires : l’Europe, le colonialisme, l’impérialisme, l’Occident et d’autres encore. Leur argumentation d’autodéfense donne à penser que l’Afrique est encore terra nullius.

          Les deux défis qui étaient les objectifs majeurs de l’O.U.A. ont échoué. L’Union africaine en est l’héritière. Réussira-t-elle à y faire face ? En tant qu’héritière, l’Unité africaine faisait partie des objectifs et des défis de l’Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.). Pourra-t-elle s’occuper de ce défi et réaliser cet objectif majeur, recommandé par le VIIème congrès du panafricanisme, tenu en 1958, à Accra, au Ghana. Le titre résolutif de ce congrès était : « L’Afrique doit s’unir ?. » Au terme de bientôt soixante ans d’indépendances, ce défi n’a pas été relevé.

En réalité, aucun pays africain ne veut être impliqué dans le projet de l’Unité africaine, car il impliquerait la perte des souverainetés héritées de l’accès aux indépendances. Or, perdre la souveraineté est perdre l’indépendance, et personne ne veut perdre son indépendance.

L’Unité africaine est un projet écrit dans la charte de l’O.U.A. et de l’Union africaine. Ce projet n’a jamais fait l’objet d’une réflexion, et encore moins d’un débat. Les populations africaines sont tenues hors et loin de la connaissance de ce projet théorique de leurs dirigeants. Personne ne sait sous quelle forme pourrait se réaliser ce projet d’Unité africaine : une fédération ou une confédération ? Quelqu’un s’en soucie-t-il ou, au fond, tout le monde n’en a cure ?

Le projet d’Unité africaine, qui est à la fois l’objectif et le défi majeurs de l’Afrique, n’a pas été réalisé au cours des soixante ans (1960-2020) de la première époque des indépendances. Il est un fait d’annonce qui n’intéresse personne, car ça n’intéresse ni les dirigeants, ni les peuples africains. En réalité, ce projet, les dirigeants n’y croient pas et n’en veulent pas.

Par contre, les intellectuels africains en rêvent sous diverses formes. Ils rêvent de l’Unité africaine sous la forme d’États-Unis d’Afrique, dans le miroir des États-Unis d’Amérique. C’est un rêve fou, irréalisable : il a fallu trois cent ans (trois siècles) et des circonstances exceptionnelles pour que les États-Unis d’Amérique soient la puissance rêvée par les Africains. Et ces derniers voudraient que, par magie, leur continent devienne la puissance des États-Unis d’Afrique. L’Afrique oublie d’être un modèle européen. La conférence européenne de Berlin, en 1885, a réinventé l’Afrique moderne à l’image de l’Europe, elle-même recréée par le congrès de Vienne, en 1815. Les intellectuels rêvent alors de l’Unité africaine sous forme de l’Empire chinois, dans le miroir de la Chine, qui les fascine. C’est un autre rêve fou. La Chine a bien compris le message de ces intellectuels qui constituent le vivier des futurs dirigeants africains. Elle a réagi en promettant que, après l’époque de rapprochement par la « coopération Chine-Afrique gagnant-gagnant », il y aura la phase fusionnelle de « communauté de destin Chine-Afrique. » Enfin, les intellectuels rêvaient l’Unité africaine sous la formule européenne. L’ancien président de la Libye, Mouammar Kadhafi, initiateur du remplacement de l’Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.), a compris le message de ces intellectuels et de beaucoup de dirigeants Africains. Il a converti l’O.U.A. en Union africaine. Cette conversion a été acceptée au sommet extraordinaire de l’O.U.A., tenu à Syrte, en Libye, en septembre 1999. Le sommet l’a confirmée, par son adoption faite par le XXXVIIIème sommet ordinaire tenu à Lusaka, en Zambie, en juillet 2001. L’Union africaine est, à juste titre, l’homonyme de l’Union européenne qui, de part l’histoire et le voisinage, fait de l’Europe et de l’Afrique deux continents interdépendants.

               L’interdépendance entre l’Afrique et l’Europe est une évidence : l’Afrique a été le récent et actuel présent de l’Europe (1885-2020), tandis que l’Europe est l’actuel présent de l’Afrique. Des milliers d’Africains, et bientôt des millions, se ruent en Europe, fuyant l’Afrique qui est devenue hostile à leur existence. Ces populations cherchent des refuges, des pays d’accueil et un continent d’espoir de vie, vie qui leur est refusée en Afrique.

Des observateurs européens affirment que l’Afrique est l’avenir de l’Europe. Beaucoup d’articles sont publiés sur Youtube sur ce thème.

L’Union africaine se marque par la volonté de l’Afrique de s’aligner sur l’exemple de l’Union européenne en matière de développement. Et, à son tour, l’Union européenne est le bailleur de fonds : elle contribue au budget de fonctionnement de l’Union africaine. Ceci témoigne de la coopération et de l’interdépendance entre l’Europe et l’Afrique, deux continents voisins. Ainsi donc, l’Afrique est l’avenir de l’Europe, et vice-versa. En bref, telle est l’Europe, telle est l’Afrique : l’Europe n’est et ne sera pas les États-Unis. De même, l’Afrique ne sera pas les États-Unis selon le rêve américain.

Enfin, autant les Européens affirment que l’Afrique est l’avenir de l’Europe, autant les Chinois affirment que l’Afrique est l’avenir de la Chine. Les Chinois prônent cela sous la formule de la « communauté de destin Chine-Afrique. » Au terme de soixante ans d’indépendances, l’Afrique serait redevenue terra nullius.

            L’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine font face au défi du développement perçu dans leur vision sous la forme de Renaissance africaine. En effet, certains théoriciens africanistes déconseillent le développement. Ils insistent sur son remplacement par la Renaissance. Or, elle est le fruit du développement. Nous ne pouvons pas nous assurer de la Renaissance africaine sans avoir d’abord réalisé le développement de l’Afrique. 

            Le développement et la Renaissance constituent deux défis jumelés auxquels font face l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine. Elles y font face, mais elles ne peuvent pas les relever, puisqu’elles sont en incapacité d’assumer divers autres défis continentaux du passé et du présent.

            S’agissant du défi de développement qui est à la source de cette Renaissance, la Chine vient de se porter candidate, en remplacement de l’Europe coloniale (1885-1960) et de l’Europe accompagnatrice des indépendances africaines (1960-2020). La Chine souhaite prendre en charge le continent africain pour l’industrialiser et pour créer des infrastructures interafricaines. En clair, la Chine est décidée à développer l’Afrique. Ainsi, c’est à la Chine de s’occuper des défis du développement de l’Afrique et de sa Renaissance, en lieu et place de l’Union africaine.

À L’issue du VIIème sommet Chine-Afrique tenu à Pékin, du 03 au 04 septembre 2018, le gouvernement chinois a mis sur table 60 milliards de dollars US afin de créer des diverses infrastructures africaines et d’industrialiser le continent durant les années à venir. C’est avec un grand enthousiasme que l’Union africaine et tous les États africains présents à ce sommet ont accueilli ce cadeau de l’Empire chinois. Quant à l’Europe, elle estime avoir accompli avec succès sa mission de civilisation de l’Afrique. Il revient à la Chine d’accomplir la mission de l’industrialiser.

L’ancien président de la Côte d’Ivoire, Houphouet Boigny, a prédit que : « Qui aura l’Afrique dominera le monde. » L’Europe, qui a réinventé en 1885 et réorganisé l’Afrique à son image, ne laissera pas ce continent filer aux seules mains de la Chine. Elle gardera la main sur sa voisine et sa protégée (l’Afrique) depuis qu’elle en a pris possession et contrôle, il y a de cela cent-trente-cinq ans (1885-2020). Les deux puissances, l’Europe et la Chine, seront marraines du continent africain en bonne entente, bonne intelligence et en douceur (la soft colonization). Cela a un but : s’assurer que l’Afrique soit à la fois l’avenir de chacune de ces deux puissances, ainsi que l’avenir des populations africaines. En d’autres termes, l’Union africaine n’est pas prête à relever le défi du développement. L’Afrique ne se développera pas : son développement sera engendré par des puissances qui l’assistent et l’exploitent, par des multinationales occidentales et orientales, notamment celles d’Europe et de Chine.

Dans cette situation et face à sa perspective, les populations africaines, notamment une grande partie des jeunes adultes, bouillonnent de colère. Parfois, cette colère explose ici et là, mais elle demeure globalement sous le contrôle de la gouvernance mondiale (de la communauté internationale). Celle-ci use de la diplomatie de réconciliation (c’est le cas de la soft solution des conflits), ou impose des sanctions, ou bien la bastonnade (c’est le cas de la cour pénale internationale où un grand nombre de responsables africains ont été accusés, condamnés et emprisonnés). L’Afrique est une naufragée dans le sous-développement économique et social, ainsi que dans les conflits et guerres sans issues.

Certains observateurs, tel que le célèbre journaliste américain William Pfaff, pensent que c’est à l’Europe, coupable d’avoir colonisé l’Afrique, d’assumer la responsabilité. L’Europe devrait sauver le continent africain du naufrage. Dans un article publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique (en édition du 05 octobre 1994), Pfaff affirme haut et fort que « [s]eule l’Europe peut sauver l’Afrique du naufrage. » Il invite dès lors l’Union européenne à repêcher l’Afrique du naufrage, à la remorquer pendant cinquante ans, voire pendant un siècle, pour lui éviter la disparition.

      Les dirigeants africains sont eux aussi en colère envers cette attitude de la communauté internationale. Les deux colères africaines, celle des peuples et celle des dirigeants, sont maîtrisées dans le lit de l’impuissance des populations, des pays et des États africains. Ces colères et ces querelles ont été canalisées vers des conflits absurdes d’autodestruction, d’autocolonisation et d’autodéshumanisation. Ainsi, l’Afrique en colère, en proie à des querelles et à des conflits armés, ne peut pas s’unir. Elle ne peut pas se pacifier, ne peut pas se développer : elle ne peut rien. Le nom Afrique (de afros oikos, venant du grec ancien et signifiant « maison de l’amitié et de l’amour ») désigne le continent de l’amitié et de l’amour. Si les Grecs antiques revenaient voir ce qu’est devenu ce continent au cours des décennies 1990-2010 de folles violences, de massacres, de conflits armés, d’autodestructions africaines et guerres absurdes, ces mêmes Grecs changeraient d’opinion et l’appelleraient thanaticos oikos. Cette étymologie signifie « maison des violences et de la mort », Thanatique au lieu d’Afrique. Thanatique désignerait alors ce continent livré aux malheurs des guerres.

              Le développement et la Renaissance sont des défis continentaux énormes. Ils comportent plusieurs autres défis connexes auxquels l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine ont été, sont et seront en impossibilité et en incapacité de faire face. L’Afrique ne se développera pas seule. Elle est programmée pour son développement et pour son éventuelle Renaissance sous le partenariat gagnant-gagnant avec l’Europe et la Chine.

             La panafricanisation du continent et des peuples africains (tel que recommandé par la résolution impérative du VIIème congrès du panafricanisme, sous les auspices du leader indépendantistes, panafricaniste et charismatique, Kwamé Nkrumah) est un défi continental auquel l’Union Africaine est appelée à répondre. Au cours des soixante ans d’indépendances africaines, le panafricanisme a perdu de son dynamisme, de son aura et de sa perspective au sein même du continent, où la pédagogie de panafricanisation a été et est un défi en échec.

Le panafricanisme s’entend comme l’esprit et la lumière de patriotisme Africain apporté d’Outre-Atlantique par l’illustre Kwamé Nkrumah, en 1956. Ce leader et militant panafricaniste a organisé et animé deux congrès d’initiation de l’Afrique au panafricanisme :

  1. Le VIème congrès du panafricanisme tenu à Kumasi, au Ghana, en 1956, sous les auspices du militant panafricaniste Kwamé Nkrumah. À l’époque, le Ghana et l’Afrique étaient un pays et un continent sous les colonisations anglaise et européenne. Ce fut le congrès pré-indépendances.
  2. Le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, au lendemain de l’accession du Ghana à son indépendance, le 06 mars 1957. Ce congrès a été parrainé par l’État indépendant et souverain du Ghana, sous la Présidence de Kwamé Nkrumah. Il a été conclu par la résolution historique qui était et est encore aujourd’hui la suivante : « L’Afrique doit s’unir. » Cette résolution impérative fut et est un défi continental auquel l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine ne se sont jamais confrontées.

En 2005, le professeur et panafricaniste Mwayila Tshiyembe se demandait si l’institution de l’Union africaine, qui venait de remplacer l’O.U.A., saurait relever les défis continentaux. Dix-huit ans après la création de l’Union africaine (2001-2019), celle-ci n’a relevé aucun des défis hérités de l’O.U.A. et n’a réalisé aucun des objectifs vitaux du continent africain : l’émancipation de l’Afrique, l’épanouissement des populations africaines, l’unité du continent africain, le développement de l’Afrique, la Renaissance africaine et le panafricanisme qui est l’esprit et la lumière apportés par Kwamé Nkrumah des États-Unis d’Amérique en vue d’en faire le patriotisme africain.

                 L’Afrique est mal partie depuis son accès aux indépendances, il y a soixante ans (1960-2020). Au cours de ce premier cycle de six décennies d’indépendances, le continent africain n’a pas cessé de s’affaiblir et d’être fragilisé. Dans son article intitulé Pourquoi tous ces coups d’État publié par le Monde Diplomatique (édition de février-mars 2005), l’observateur Pierre Franklin Tavarès confirme la situation de faiblesse et de fragilisation de l’Afrique. Il y souligne que le continent est soumis aux lois du monde économique international qui ont réduit l’autorité publique des États africains à l’impuissance. Cet observateur ajoute et appuie que « [a]u total les États africains sont de plus en plus fragilisés. » L’Afrique, dans cet état, est un continent perdant et perdu sur le ring des rapports de forces qui régulent la marche de l’Histoire.

C’est à la lumière de cette situation d’afro-pessimisme que se conclut le cycle des soixante ans d’indépendances africaines (1960-2020). Pour le prochain cycle de quatre-vingt ans d’indépendances africaines et de grands défis à relever, il est recommandé à l’Union africaine de redémarrer l’Afrique de l’avenir au cours de la période 2020-2100 par l’organisation de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international, à Addis-Abéba, en Éthiopie, au début de la prochaine décennie 2020-2030. L’Afrique, partie du mauvais pied au début du cycle des soixante ans, devrait mieux repartir au début des quatre-vingt ans du prochain cycle. Celui-ci exigera de l’Afrique et de l’Union africaine la volonté et la détermination de se confronter à tous les défis qui n’ont pas été réussis. Il veut également qu’elles réalisent tous les objectifs qui ne l’ont pas été au cours du premier cycle en cours de conclusion, à savoir le cycle actuel 1960-2020.

La tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abéba se ferait dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, en 1958, et conclu par la résolution portant sur le défi de l’Unité Africaine : « L’Afrique doit s’unir = Africa must unit. »

              La réussite de l’organisation du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international ouvrirait à l’Union africaine la porte d’accès de la scène des rapports de forces géopolitiques auxquels se livrent les acteurs et les puissances pour réguler la politique mondiale. Ce débat géopolitique initierait l’Union africaine aux capacités de défense et promotion des intérêts supérieurs des peuples et des États africains.

La tenue et réussite du VIIIème congrès mondial du panafricanisme élèveront l’Union africaine au rang de leadership panafricain. Elle sera habilitée à relever les défis continentaux auxquels est confrontée l’Afrique depuis soixante ans d’indépendances et sera confrontée pendant ce XXIème siècle.

              Le succès souhaité de ce futur congrès sera la clé d’un meilleur avenir de l’Afrique et en Afrique, notamment pour le futur de l’émancipation du continent et pour l’épanouissement des populations africaines (l’Afrique arabo-musulmane méditerranéenne ou nord-africaine maghrébine, l’Afrique noire-africaine subsaharienne, et les cinquante-cinq pays, États et nations qui abritent sur leur vaste territoire des millions, et bientôt 5 milliards, d’Africains).

              Telles sont les observations que je formule sur l’actualité africaine marquant la fin du premier cycle des indépendances africaines 1960-2020. Telle est la recommandation que je formule pour démarrer le deuxième cycle des indépendances africaines 2020-2100 via le futur et huitième congrès du panafricanisme à Addis-Abéba, dans le sillage de son prédécesseur, tenu au Ghana en 1958, à la veille de l’accession du continent aux indépendances, dont le premier cycle s’achève alors que le deuxième cycle s’annonce. Je formule ces observations et cette recommandation à l’intention des générations africaines du XXIème siècle, héritières de l’Afrique actuelle. La recommandation d’organiser le VIIIème congrès mondial du panafricanisme international se destine à l’intention de l’Union africaine.

Rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

www.panafricanisme.eu

Le 31.10.2019

L’Afrique : événements géo-historiques, géopolitiques et géoéconomiques du passé, de l’actualité et de l’avenir.

L’Afrique sous la domination, la dépendance et l’aliénation depuis et pendant quatorze siècles (VIIème-XXIème siècles) : le continent africain en évolution – de civilisations étrangères en civilisations étrangères africanisées.

Le continent africain est le berceau de l’Humanité. La première femme et le premier homme, qui sont les ancêtres du genre humain, sont apparus en Afrique de l’est, au site d’Abyssinie (en actuelle Éthiopie et Érythrée). Ces ancêtres, le père et la mère de l’Humanité, ont vécu en Afrique. Ils ont engendré les premiers hommes et femmes du genre humain il y a de cela 142 mille ans, au dit site nord-est de l’Afrique. Un grand nombre d’êtres parmi les premiers hommes et premières femmes ont quitté l’Afrique. Ils ont traversé des espaces et des mers pour aller s’établir partout ailleurs, dans d’autres terres d’accueil, sur d’autres continents. Au terme de 130 mille ans, les hommes et femmes partis du lieu d’origine de l’Humanité, le continent africain, avaient fini par coloniser et peupler toute la planète Terre, devenue leur demeure de vie.

            Autant le globe terrestre a été conquis et habité par le genre humain, autant le continent africain a été conquis et habité par les Africains qui, à la fin du XXème siècle, étaient 850 millions (devenus 1,2 milliards en 2018). Ils sont à peu près 1,3 milliards aujourd’hui, en 2019. Les populations africaines seront 2,5 milliards d’hommes et de femmes d’ici les trente-et-une futures années, en 2050. Ils seront 4,3 milliards fin ce siècle, en 2100.

            Le continent africain est un territoire vaste : il s’étend sur une surface de 30,816 millions de km2. La vastitude de la plateforme africaine est égale à plus de trois fois celles des États-Unis d’Amérique, de la Chine et de l’Europe. En d’autres termes, le territoire du continent africain est égal aux territoires des États-Unis d’Amérique, de la Chine, de l’Europe et du Moyen-Orient réunis. Sur la vastitude de l’Afrique, vivaient les populations africaines de 1,2 milliards de personnes début 2018 – en cours de s’approcher des 1,3 milliards d’Africains à mesure que nous approchons de la fin de l’année 2019.

            Le continent africain a été réinventé et réorganisé en plus d’une demi-centaine de pays par la Conférence Diplomatique Européenne sur l’Afrique en 1885. Cette réorganisation s’est effectuée à l’image des pays européens, eux-mêmes réinventés et organisés par le Congrès de Vienne septante ans auparavant, soit en 1815. Ces pays africains créés par la Conférence Diplomatique Européenne de Berlin en 1885 ont accédé aux indépendances africaines en 1960. En même temps, ils ont été élevés au rang d’États souverains et de Nations africaines, membres de la Communauté Internationale au sein de l’Organisation des Nations unies (l’O.N.U.), ainsi que de la Communauté et Famille Africaines que fut l’organisation de l’unité africaine (l’O.U.A., devenue l’actuelle Union africaine, homonyme de l’Union européenne et à son image). Sur proposition du roi des rois d’Afrique, Mouammar Kadhafi, L’Afrique s’est alignée sur le modèle de l’Europe.

            L’évolution du continent africain s’est arrêtée à l’époque de l’âge de fer : elle est figée depuis 3 mille ans. Dès le VIIème siècle de notre ère, l’Afrique a été conquise par la puissance arabo-musulmane du Moyen-Orient qui en a fait son terrain d’extension de l’Islam et son terrain de chasse esclavagiste. Le continent africain est ainsi sous la plaque de la civilisation arabo-musulmane depuis 1400 ans.

            Face à la menace de voir le Moyen-Orient conquérir et se rendre maître de l’Afrique, l’Europe a réagi par la voie de la Conférence Diplomatique Européenne de Berlin. Celle-ci a décidé que l’Europe prenne d’assaut le continent africain et le colonise pour créer entre les deux continents le lien de communauté de destin ; communauté qui s’incarne par la relation entre l’Union européenne et l’Union africaine. La relation euro-africaine en cours depuis 1885 s’est renforcée d’années en années, de décennies en décennies, depuis 134 ans (1885-2019). L’Afrique est sous la deuxième plaque : celle des cultures et des civilisations européennes. L’Afrique européenne est anglophone, francophone, lusophone et hispanophone. L’Afrique n’a pas de culture africaine : elle a 3000 cultures africaines qui correspondent à 3000 langues africaines, expressions et cultures venant d’autant d’ethnies qu’étaient les états premiers rassemblés en une demi-centaine de pays colonisés par l’Europe.

            L’Europe qui a réinventé, réorganisé, colonisé et dominé l’Afrique depuis bientôt 1,5 siècle (1885-2019) ne peut pas l’abandonner. Le président Houphouet Boigny, père fondateur de la Côte d’Ivoire, a prédit que : « Qui aura l’Afrique dominera le Monde. » La raison pour laquelle l’Europe a conquis et domine l’Afrique se trouve en la nécessité d’assurer la sécurité européenne à sa frontière, au sud de la mer Méditerranée. L’Europe veille à ce qu’il n’y ait pas une puissance occupant le continent africain et menaçant l’Europe à cette frontière.  Une force en Afrique hostile à l’Europe amènerait cette dernière à déclencher une guerre d’autodéfense et dévastatrice pour les continents européen et africain. Pourquoi l’Europe exerce-t-elle une pression de domination sur l’Afrique ? C’est, entre autres, pour garantir de bonnes relations de voisinage entre les trois continents du pourtour de la mer Méditerranée : l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient (territoire d’Asie). Cette force n’est autre que le bras armé du Moyen-Orient et du monde arabo-musulman en état de revanche pour les nombreux « casus belli » constituant autant de défis qui se sont cumulés ; autant de défis à relever par le dit bras armé prêt à combattre et à conquérir l’Europe via l’Afrique. Les « casus belli » qui appellent le Moyen-Orient et le monde arabo-musulman à se venger de l’Europe s’étendent sur plus de deux millénaires :

  1. L’invasion de l’armée gréco-macédonienne d’Alexandre le Grand au Moyen-Orient en 2.300 avant Jésus Christ : casus belli ;
  2. La conquête et la colonisation romaines du Moyen-Orient dont la crucifixion de Jésus Christ sous le règne de Ponce Pilate en est le témoignage ;
  3. Les invasions européennes au nom des croisades pour combattre la naissance et l’extension de l’Islam en Terre Sainte : casus belli ;
  4. L’expulsion au XIVème siècle du Portugal et de l’Espagne des forces et des citoyens arabo-musulmans qui avaient conquis l’Europe pour l’Islam ;
  5. L’expulsion des forces arabo-musulmanes de commerce d’esclaves africains et la colonisation européenne de l’Afrique depuis 1885 : casus belli ;
  6. L’installation en Palestine des juifs chassés d’Europe pour créer Israël en 1948 et la conséquente expulsion des Palestiniens de leur pays : défi ;
  7. Les récentes guerres du Golfe menées par l’Occident qui est l’Europe en extension, l’assassinat de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi : défis ;
  8. La destruction d’Al-Qaïda, l’assassinat de son créateur Oussama Ben Laden et la destruction de l’État Islamique (DAESH) en 2018 : casus belli.

            La force armée ou bras armé du Moyen-Orient et du monde arabo-musulman qu’est aujourd’hui la force du djihadisme islamiste n’oublie rien ni de ce que fut le passé, ni des défis à relever, ni des casus belli entre le Moyen-Orient et l’Europe, quelles que soient les années. Le Moyen-Orient et l’Europe sont en guerres millénaires qui se poursuivent par la voie de celui qui domine et contrôle l’Afrique parmi eux. Pour relever ces défis et mener les « guerres saintes » que le djihadisme se croit en devoir de faire au nom d’Allah, le bras de vengeance est éclairé par la loi antique du talion. Pour ce bras du djihadisme, l’Europe doit être combattue, conquise, islamisée et faire partie de l’empire du Khalifa islamique mondial, dont les trois composantes fondamentales de base seraient le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe.  Pour la conquête de l’Europe par le djihadisme islamiste, les géostratèges du djihadisme conquérant estiment que l’Afrique est la plateforme indispensable. Selon eux, elle doit être conquise et islamisée, car elle a pour vocation d’être la terre de l’Islam et du Khalifa islamique. Les géostratèges européens sont bien au courant de cette vision de leurs collègues du Moyen-Orient. Ils sont vigilants sur le cas de l’Afrique. Par conséquent, le continent africain entre les mains de l’Europe reste et restera sous la domination européenne pendant longtemps. En effet, sa faiblesse, qui risquerait de le projeter dans les bras du djihadisme islamiste combattant et conquérant, ne rassure pas la sécurité de l’Europe.

            Le Moyen-Orient et l’Europe ont été coresponsables du crime contre l’humanité et contre l’Afrique. Par exemple, le crime d’esclavagisme arabo-musulman commis par le Moyen-Orient pendant 1200 ans (VIIème-XIXème siècle). Le même crime a été commis par l’Europe pendant 400 ans : c’est le crime de la traite esclavagiste transatlantique triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. L’Afrique a été/est victime de ses deux voisins malveillants.

            La question de fond est : « À qui, entre le Moyen-Orient et l’Europe, appartient le continent africain ? » Du VIIème au XIXème siècle (pendant 1200 ans), l’Afrique a appartenu au Moyen-Orient qui en a fait son terrain de chasse d’esclaves noirs, réduits en marchandise des commerçants arabo-musulmans qui les vendaient partout dans le monde, au Moyen-Orient, en Asie et ailleurs au cours du 1,2 millénaire d’appartenance. Depuis la fin XIXème siècle, à l’issue de la Conférence Européenne de Berlin sur l’Afrique en 1885, l’Europe s’est emparée du continent africain. Elle a aboli le commerce d’esclaves africains, a chassé les commerçants moyen-orientaux esclavagistes arabo-musulmans hors du continent, a tenu l’Afrique dans les tenailles sous sa colonisation dure (« hard colonization ») pendant septante-cinq ans (1885-1960), et, sous son accompagnement en douceur (« soft colonization »), pendant bientôt 60 ans (1960-2020). Le Moyen-Orient, par son bras armé et déterminé, le djihadisme islamiste combattant et conquérant, espère reconquérir l’Afrique à son service et pour le projet millénaire arabo-musulman du Khalifa islamique mondial, dont les trois grands piliers géographiques seraient, d’après les géostratèges islamistes : le Moyen-Orient, le continent africain et le continent européen.

            Le continent africain, à la suite du vent violent déchaîné par la chute du mur de Berlin en novembre 1989, s’est livré au suicide : il s’est plongé dans des conflits armés d’absurde autodestruction, d’autocolonisation et d’autodéshumanisation qui ont culminé dans le triste IIIème génocide du XXème siècle : le génocide au Rwanda en 1994. Constatant cette Afrique tombée en catastrophe, le célèbre journaliste new-yorkais William Pfaff a observé que le continent africain est en naufrage. Dans son article publié dans l’hebdomadaire Jeune Afrique (édition du 05 octobre 1994), il a affirmé haut et fort que : « Seule l’Europe peut sauver l’Afrique du naufrage. » Il a conseillé l’Union européenne d’envisager de sauver l’Afrique du naufrage et de la remorquer pendant une nouvelle colonisation de cinquante ans, voire de tout un siècle. Cependant, c’est à la Chine qu’est revenue cette intuition. L’Empire du milieu, qui depuis longtemps fascine les dirigeants africains et hypnotise toute l’Afrique, a saisi cette fascination et hypnotisation comme une opportunité pour enrichir davantage ses rapports de partenariat « gagnant-gagnant » avec le continent africain. Elle a initié, sur inspiration de la relation France-Afrique, l’exercice de la Chine-Afrique consistant en l’organisation des sommets Chine-Afrique tous les trois ans, tenus en alternance en Chine, à Pékin et en Afrique.

            Le Vème forum Chine-Afrique s’est tenu à Pékin en 2012. Il a révélé que le chiffre d’affaires enregistré par la relation de coopération « gagnant-gagnant » Chine-Afrique l’année précédente avait été très fructueux : 200 milliards de dollars américains.

            Le VIème forum Chine-Afrique s’est tenu en Afrique, à Johannesburg (Afrique du Sud), en 2015. À cette occasion, la Chine a révélé aux participants africains que le gouvernement chinois a décidé de prendre en charge l’industrialisation de l’Afrique. Dans cette perspective, la Chine a décidé d’entreprendre la formation de 250 mille jeunes Africains destinés à être des industriels africains. Deux-cent mille de ces jeunes provenant de tous les pays africains seront formés au cours des années prochaines en Chine, et cinquante mille en Afrique, dans leur pays respectif. La Chine créera des établissements chinois Confessius dans différents pays africains pour l’apprentissage populaire de la langue et de la culture chinoises.

            Le VIIème forum Chine-Afrique s’est tenu à Pékin les 03-04 septembre 2018. Lors de cette rencontre des deux partenaires, la Chine a mis sur la table une juteuse enveloppe de 60 milliards des dollars américains pour l’industrialisation de l’Afrique par la Chine au cours des prochaines années. La Chine s’est engagée à créer des infrastructures de soutien de l’industrialisation et de la commercialisation en Afrique et hors d’Afrique des biens « made in Africa. » Le discours de clôture de ce sommet historique Chine-Afrique prononcé par le président chinois a été diffusé sur les télévisions de la planète. Le président a fini le sommet le 04 septembre 2018 en soulignant que les dirigeants africains ont accepté d’être accompagnés par la Chine de leur plein gré, en toute souveraineté qui est celle de chaque État africain partenaire de Chine.

Cette déclaration solennelle du tout puissant chef d’État de l’Empire du milieu est la signature de la Chine. Les applaudissements nourris des chefs d’État africains et de leurs nombreuses délégations équivalent à autant de signatures africaines, des signatures de toute l’Afrique.

            Le Monde a reproché à la Conférence de Berlin sur l’Afrique en 1885 de n’avoir impliqué aucun Africain dans sa prise de décision de coloniser et « civiliser » l’Afrique. La Chine a tenu à reprendre le flambeau afin d’accompagner, d’« infrastructurer » et d’ « industrialiser » l’Afrique avec son accord.

            L’Afrique traditionnelle est là, immuable, comme l’Afrique arabo-musulmane et l’Afrique européenne. L’Afrique chinoise est en marche. Elle sera bientôt rejointe par l’Afrique indienne et asiatique, tel que le révèle l’économiste et observateur français, Jean-Joseph Boillot, dans la publication de l’article intitulé L’Afrique aura son modèle en 2030 sur le réseau social Youtube. Boillot est convaincu que le modèle des B.R.I.C.S. (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) est faux et en fin de vie. Il pense que le modèle des B.R.I.C.S. sera remplacé prochainement par le modèle émergeant et plus efficace, celui du « chinindiafrique. » Il s’agit de la coalition des continents du tiers-monde en économie de croissance à deux chiffres ou proche de 2 chiffres : la Chine, l’Inde et l’Afrique. Ainsi, le continent africain, traditionnellement sous fascination et hypnotisation de la Chine et de l’Asie, sera l’Afrique chinoise et asiatique.

            Outre ces Afriques qui semblent réelles ou, du moins, plus ou moins réelles, il existe des Afriques imaginaires ou utopiques. Il en va du cas de l’Afrique visée par le bras armé des combattants djihadistes de l’intérieur et de l’extérieur du continent africain, lesquels sont animés par la foi que l’Afrique doit être la terre de l’Islam. D’après ces conquérants « fous de Dieu », l’Afrique doit être ramenée au bercail par la force des armes. Aucune armée africaine ou coalition d’armées africaines ne peut résister à l’assaut de 2000, voire seulement de 1000 djihadistes déterminés à conquérir l’un ou l’autre pays africain ou plusieurs de ces pays. C’est le cas d’actualité qui a amené l’O.N.U. à organiser la Conférence Internationale à Nairobi (au Kenya) ; conférence à l’issue de laquelle le secrétaire général de l’O.N.U. a tiré la sonnette d’alarme quant au risque d’une prochaine chute des pays de l’Afrique de l’ouest sous la conquête des combattants djihadistes. La Conférence s’est tenue en urgence le 10 juillet 2019. Les géostratèges et philosophes du djihadisme ne cachent pas à qui veut bien entendre que, tôt ou tard, toute l’Afrique sera conquise pour l’Islam.

            L’autre Afrique de rêves innocents et utopistes vient d’être mise en lumière, respectivement le 21 mars 2018 à Kigali (au Rwanda) et à Niamey (au Niger) par les chefs d’État africains. Il s’agit de l’Afrique de la Z.L.E.C.A.F. (Zone de Libre Échange Africaine ou Marché Commun Africain). L’Afrique se reflète dans le miroir de l’Europe. Elle l’est depuis qu’elle a réussi à établir que l’Union africaine équivaut à l’Union européenne. Les présidents-rois d’Afrique ont décrété que, en 2022, la Z.L.E.C.A.F. fonctionnera, entre pays africains, en échanges des biens « made in Africa » à la hauteur de 60%, au même titre que l’Europe qui réalise ses échanges intra-européens à 68% au terme non pas de trois ans (2020-2022), comme s’imaginent les Dirigeants Africains animés par l’afro-optimisme surréaliste, mais de soixante-deux ans d’efforts (1957-2019).

            Les informations surréalistes et afro-optimistes sur les réseaux sociaux (notamment sur Youtube) et autres fusent et étonnent tout le monde :

  1. L’Afrique veut devenir le plus grand marché du Monde ;
  2. L’intégrale Afrique de presse du 30 mars 2018 : l’Union africaine lance une zone de libre-échange ;
  3. Le sommet extraordinaire de Niamey pour lancer la Z.L.E.C. (Zone de Libre-échange continentale) ;
  4. L’Union africaine lance la plus grande zone de libre-échange ;
  5. L’entrée en vigueur de la Z.L.E.C. : un tournant historique ;
  6. La Zone de libre-échange continentale : projet phare de l’Union africaine ;
  7. La Z.L.E.C. : une chance pour l’Afrique ? ;
  8. L’Union africaine lance la plus grande zone continentale de libre-échange ;
  9. L’Africa News : la zone de libre-échange continentale ;
  10. L’historique est fait : l’Afrique lance officiellement la zone de libre-échange ;
  11. Talk Africa : la zone de libre-échange continentale africaine ;
  12. Le face à face : la zone de libre-échange constitue-t-elle une opportunité pour l’Afrique ?

            Le projet Z.L.E.C. est l’invention des dirigeants africains qui pensent que, pour sortir du naufrage du sous-développement, la solution serait que toute l’Afrique soit transformée en marché des échanges de commerce et en marché de consommation des biens et produits « made in Africa. » Ce marché d’échanges commerciaux « made in Africa » vient d’être lancé officiellement le 07 juillet 2019. C’est une nouvelle d’été. Le marché de consommateurs africains du « made in Africa » serait constitué par le 1,2 milliards d’Africains, à savoir toutes les populations africaines. Ce qui étonne est que les populations africaines confrontées quotidiennement à la lutte de survie dans la misère, la pauvreté, le désœuvrement, le chômage collectif, le dénuement, la faim et le désespoir qui les poussent à fuir l’Afrique ; ces populations n’ont aucun pouvoir d’achat qui leur permettra de faire partie de ce marché de consommateurs des biens et produits « made in Africa. » Par ailleurs, l’échange de biens et produits consommables par les populations de tout le continent africain, et ce dans un cours délai (2020-2022), suppose que l’Afrique est couverte d’infrastructure de transports interafricains routiers, ferroviaires et fluviaux. Or, on laisse entendre que ce problème est quasi résolu, puisque les biens et produits à échanger entre les multiples pays africains pourront être transportés par voies aériennes, en attendant la construction des infrastructures routières et ferroviaires par la Chine qui s’est engagée à la faire à l’issue du sommet Chine Afrique des 03-04 septembre 2018. À cet effet d’infracturisation et d’industrialisation africaines, la Chine a mis sur table 60 milliards de dollars américains. Cela signifie que les produits et biens « made in Africa » à transporter par avions coûteront énormément cher aux consommateurs africains sans ressources. Pour que les consommateurs africains soient à la hauteur de satisfaire les ambitions du projet Z.L.E.C. des dirigeants africains, il faudrait que chaque Africain puisse disposer d’une capacité de pouvoir d’achat de l’ordre de 4.000 dollars américains par an, soit l’équivalent de 334 dollars américains par mois. Les dirigeants africains proposent à leurs peuples de trouver le salut en constituant le plus grand marché de consommation au monde et, grâce à cela, de retrouver la voie du bonheur. En clair, la Z.L.E.C. des dirigeants africains est un clin d’œil au capitalisme, à l’Europe, à l’Occident et à la mondialisation. C’est un projet qui enflamme la toile des communicants en cet été pour le bonheur des réseaux sociaux.

            La seule issue de ce projet Z.L.E.CC, qui part perdant et perdu, semble une solution appelant l’Europe au secours. Il s’agit d’une solution intitulée : « La zone de libre-échange africain vers un méga-accord commercial avec l’Europe. » Elle a été formulée par Stefen le Fhou, dirigeant de la société Jokko, intervenant dans le débat, et elle a été publiée par le journal Commo d’Africa : agro-agri-Afrique de l’Ouest, édition du 17 juillet 2019.

            La Z.L.E.C.A.F. (Zone de Libre Échange Continentale Africaine) arrimée sur le projet de méga-accord commercial à négocier entre l’Union africaine et l’Union européenne serait la clé de transformation du continent africain en atelier de l’Europe, à l’exemple de ce qui a fait la fortune de la Chine comme atelier du monde pendant plus de trois décennies (1978-2014). La Chine comme atelier du monde a accumulé des richesses qu’elle a bien gérées et qui lui ont permis de s’élever au rang de deuxième puissance économique en décembre 2014. Depuis cinq ans (2014-2019), la Chine se maintient à ce second rang de puissance économique mondiale conquis grâce à l’unité et la ténacité de l’État chinois enrichi par le monde.

            L’Afrique comme atelier de l’Europe jouirait également d’être celui de la Chine qui, après avoir mis sur table 60 milliards de dollars américains pour la création d’infrastructures et pour l’industrialisation de l’Afrique, a démontré qu’elle peut aider l’Afrique à accumuler des richesses en la connectant à ses réseaux mondiaux de commerce. L’exemple de cette approche chinoise en faveur de l’industrialisation et de l’enrichissement de l’Afrique par arrimage à ses réseaux commerciaux est la montée en puissance de l’Éthiopie. Celle-ci est en cours d’être industrialisée par la Chine, qui vend les produits industriels « made in Ethiopia » par elle, via le canal des réseaux du Moyen-Orient et de l’Europe.

            L’Afrique est face au choix de bénéficier de l’accumulation des richesses par la voie de l’Europe et de la Chine, à la condition qu’elle soit capable de participer au processus de la production industrielle en étant l’atelier de l’Europe par la Z.L.E.C. et par le méga-accord commercial.

C’est de cette accumulation des richesses dont l’Afrique a besoin pour pouvoir devenir ce qu’elle rêve d’être à l’avenir dans le monde des rapports de force constitué de trois composantes en perpétuelle compétition entre puissances d’Occident et d’Orient. L’Afrique qui rêve d’occuper le poste qui lui revient dans cette compétition de titans doit d’abord sortir de l’échec de son émancipation au cours des soixante ans d’indépendances ratées (1960-2020). Elle doit ensuite faire sortir les populations africaines de la misère, de la pauvreté et du sous-développement. Cette double démarche pourrait lui réussir grâce à des investissements à faire via les richesses à accumuler en tant qu’atelier de l’Europe et de la Chine.

            La remontée de la Chine en quatre décennies (1978-2019) de pays sous-développés au statut de puissance économique de premier ordre est-elle possible pour l’Afrique ? La Chine est un peuple, un pays, un État, une nation, une culture cinq fois millénaire. L’Afrique, quant à elle, est un vieux continent dont l’évolution s’est arrêtée à l’époque de l’âge de fer, il y a de cela trois mille ans. Elle a subi la domination du Moyen-Orient et le fléau de l’esclavagisme pendant mille deux-cent ans (du VIIème au XIXème siècle). Elle a également subi le même sort infligé par l’Europe pendant quatre siècles (XVème-XIème siècles). Elle a été reprise en mains par la Conférence Européenne de Berlin en 1885 qui l’a réinventée et réorganisée en cinquante-cinq pays à civiliser par l’Europe. La colonisation de l’Afrique par l’Europe a duré septante-cinq ans (1885-1960). Colonisation au terme de laquelle ces pays, crées par ladite Conférence à l’image des pays européens, eux-mêmes créés par le Congrès Européen de Vienne, ont acquis leurs indépendances en 1960 qui les ont fait accéder au statut d’États et de nations membres de l’O.N.U.  (Organisation des Nations unies). De ce fait, l’Afrique est un continent nouveau, fragile et fragilisable. L’Europe craint que l’Afrique tombe sous la reconquête du Moyen-Orient, ce qui serait une menace pour sa sécurité. Elle maintient sa domination sur le continent africain pour éviter qu’il devienne une rampe de lancement des attaques du bras armé, combattant et conquérant du Moyen-Orient contre l’Europe.

            La Chine, devenue puissance mondiale, s’est engagée à industrialiser l’Afrique en vue de constituer ensemble et à terme la « Communauté de Destin Commun Chinoise et Africaine. » En attendant cet avenir fusionnel de la Chine-Afrique, l’Afrique sera englobée dans la « chinindiafrique. »

            La question posée reste sans réponse ; elle est suspendue dans le doute. L’Afrique peut-elle se sauver ? Doit-elle attendre d’être sauvée par l’Occident ou l’Orient ? L’Afrique peut-elle et/ou pourra-t-elle se développer ou devra-t-elle être développée par l’Europe et la Chine ? Qu’est-ce qu’est l’Afrique d’hier, d’aujourd’hui et de demain ? L’Afrique est traditionnelle, arabo-musulmane, européenne (c’est-à-dire anglaise, française, portugaise, espagnole), chinoise, indienne et asiatique. L’Afrique est une œuvre multiculturelle et un riche tableau de multi-couleurs. L’Afrique est aujourd’hui une œuvre d’art politique et culturelle européenne. L’Afrique sera dans son futur un œuvre d’art industrielle chinoise.

RUKIRA ISIDORE Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 31-07-2019

Réflexion sur l’avenir de l’Afrique au cours du prochain cycle de quatre-vingt ans d’indépendances africaines (2020-2100). Le panafricanisme, l’unité africaine et la Renaissance africaine : trois objectifs fondamentaux de l’Union africaine.

Thème: Enjeux et défis pour l’Afrique du futur.

  1. L’Afrique mise au défi de la recommandation du VIIIème congrès du panafricanisme : « l’Afrique doit s’unir » ;
  2. L’Afrique au XXIème siècle : du VIIème congrès du panafricanisme, en 1958, au VIIIème congrès du panafricanisme, en 2018 ;
  3. L’unité africaine : défi pour les nouvelles générations africaines, les dirigeants et populations du XXIème siècle ;
  4. Proposition de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international pour l’avenir, et, ce, en 2018, à Addis-Abeba, en Éthiopie, dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958 ;
  5. La dynamique créative de l’approche de la tricéphalie pour l’aboutissement à bon port de l’Union africaine.

 

 

Le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, a lancé le défi de recommandation formulée à l’adresse des futures générations africaines : « l’Afrique doit s’unir ». Dans cette recommandation, il n’est pas indiqué la manière par laquelle l’Afrique doit s’unir, par qui, pourquoi, pour qui, quand et par quels moyens matériels et financiers.

La question sur la manière de s’unir fait appel à la formule de l’unité africaine : le projet de s’unir se réalisera-t-il sous la forme d’une confédération africaine ou sous la forme d’une fédération africaine ? Le seul chef d’État qui s’est prononcé à ce sujet, au cours de ces soixante années d’indépendances, est Abdou Diouf, ancien président du Sénégal. Dans une déclaration au journaliste Vincent Hugeux, publiée dans une des éditions de l’hebdomadaire belge le « Vif/l’Express » en janvier 2003, l’ancien chef d’État sénégalais a déclaré que l’unité africaine devrait se réaliser sous la forme d’une confédération africaine, car, selon lui, c’est la seule formule acceptable pour les états africains. Pour sa part, le colonel Mouammar Kadhafi, qui a converti l’Organisation de l’unité africaine en Union africaine, s’est autoproclamé roi des rois d’Afrique, signifiant alors que, pour lui, l’unité africaine devrait être un état africain unitaire. Dans mes écrits et réflexions sur ce thème, j’ai formulé la proposition d’une unité africaine incarnée par l’État-Uni de Fédération panafricaine, républicaine et démocratique d’Afrique, animée, entre autres choses, par la jouissance du droit de citoyenneté interafricaine pour toutes les populations africaines originaires du continent et pour tous les descendants de la diaspora africaine partout dans le monde. En effet, chaque homme et chaque femme d’Afrique dans le continent et dans le monde devrait être citoyen de plein droit et en jouir partout en Afrique. Pour cette perspective, je propose d’envisager le débat qui requiert l’organisation du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international en 2018 à Addis-Abeba, en Éthiopie, à l’occasion du soixantième anniversaire de la tenue du VIIème congrès du panafricanisme à Accra, au Ghana, en 1958 (1958-2018, soit il y a soixante ans). L’année 1958 marque aussi le soixantième anniversaire de la proclamation, de la recommandation et des défis susmentionnés : « l’Afrique doit s’unir », soit « Africa must unit ». La responsabilité d’organiser la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme, en 2018, revient à l’Union africaine.

Le pari que « l’Afrique doit s’unir » fait appel à l’institution panafricaine créée pour ce devoir et cette tâche : il s’agissait de l’Organisation de l’unité africaine créée en 1963 pour réaliser l’unité africaine. Aujourd’hui, il s’agit de l’Union africaine qui a remplacé l’Organisation de l’unité africaine en juillet 2001. Elle est en charge de la réalisation de ce projet d’unité africaine, projet qu’elle a hérité de l’O.U.A., dès 2001, depuis déjà dix-sept ans (2001-2018).

D’aucuns doutent de la capacité de l’Union africaine à s’impliquer dans la mission qui est la sienne. Un tel doute a été exposé par le professeur Mwayila Tshiyembe en prélude à son article publié par le bimensuel du « Le Monde diplomatique » de février-mars 2005, sous le titre « Difficile gestation de l’Union africaine ». En prélude, l’auteur pose une question qui laisser planer le doute sur la capacité de cette institution en ces termes : « l’Union africaine a remplacé, en juillet 2001, la décevante Organisation de l’unité africaine. Nouvelle étape dans l’histoire du panafricanisme, l’Union saura-t-elle relever les graves défis continentaux ? ». Or, l’unité africaine est l’un de ces redoutables défis. De fait, ce doute est renforcé par les dirigeants africains eux-mêmes qui ont réussi à faire de l’Union africaine leur propre club de rencontres et de palabres qui n’intéresse personne. L’Union africaine serait-elle un club de vacances ? Dans ces doutes et dans cette considération réside la vision de l’incapacité de l’Union africaine à unir l’Afrique.

La raison pour laquelle l’Afrique doit s’unir fait écho à l’adage « l’union fait la force ». Le continent africain doit s’unir pour plusieurs raisons et objectifs, notamment :

  1. L’Afrique doit s’unir pour assurer sa pacification, sa sécurité, son émancipation et l’avenir d’épanouissement à toutes les populations africaines rassemblées en État-Uni de Fédération panafricaine.
  2. L’Afrique doit s’unir pour devenir protagoniste dans la marche de l’Histoire de l’humanité et des civilisations qui se croisent au sein de la triangularité planétaire composée de l’Occident, de l’Orient et de l’Afrique. Dans ce contexte aussi bien actuel que futur, le continent africain doit occuper la place et s’élever au rang qui sont les siens au titre de protagoniste en concurrence avec l’Occident et l’Orient, à armes égales, ainsi que protagoniste en partenariat avec l’Occident et l’Orient, à égalité des chances dans tous les domaines. Les Africains en rêvent !

Le pour qui l’Afrique doit-elle s’unir fait appel à l’ensemble des populations africaines dans le continent africain et dans le monde. Les peuples africains, aussi bien de l’Afrique que de partout sur la planète, se dénombrent aujourd’hui à 1,3 milliards d’Africains et d’Africaines, au sein de plus de 7 milliards d’habitants du globe terrestre. Prochainement, les peuples africains seront 3 milliards au sein de 9 à 10 milliards de personnes peuplant la planète en 2050. C’est pour ce tiers de l’humanité d’aujourd’hui et de demain que l’Afrique doit s’unir. Cet objectif est souvent oublié.

Le quand l’Afrique doit-elle s’unir est une question qui ne semble pas retenir l’attention. En réalité, c’est le plus prochainement possible, au cours de ce XXIème siècle, que le continent devrait s’engager sur la voie de l’avenir de l’unité africaine. Cette question devrait faire partie de celles à examiner en profondeur lors de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international, dont, depuis 2015, j’ai entrepris de proposer la tenue en 2018, à Addis-Abeba.

Le par quels moyens matériels et financiers « l’Afrique doit s’unir » est une question cruciale : relever le défi de l’unité africaine exige que l’Afrique dispose de moyens matériels et financiers importants. Le continent africain ne les possède pas. La communauté internationale ne prendra pas en charge le financement de ce défi. Le VIIIème congrès mondial du panafricanisme international sera amené à réfléchir sur cette question, obstacle à l’unité africaine. En effet, le manque de moyens financiers constituera l’écueil majeur se dressant contre l’avenir de l’unité africaine ! Cependant, cet obstacle n’est pas le seul, car aucun état africain n’est disposé à s’engager dans cette démarche. Voilà pourquoi, alors que les intellectuels et les élites africains se passionnent dans les discours et les débats acharnés pour la réalisation « des États-Unis d’Afrique tout de suite », tous les gouvernants africains restent muets et considèrent que ces discussions sont menées par des concitoyens africains utopistes, irréalistes et romantiques. Les dirigeants africains ne croient pas en l’unité africaine. Ils n’en veulent pas. Même si les gouvernances et l’Union africaine en avaient la volonté, elles ne le pourraient pas, par faute de moyens. L’Afrique et ses gouvernances sont pauvres. Elles rêvent, mais, en réalité, elles ont renoncé à l’unité africaine.

Ainsi, à la lumière de ces observations, il en résulte que « l’Afrique doit s’unir », « Africa must unit », d’après la résolution impérative du VIIème congrès du panafricanisme soixante ans auparavant (1958-2018). Malgré ça et en réalité, toujours à la lumière de ces considérations, il est clair que « l’Afrique ne peut pas s’unir », « Africa can not unit ». Cela justifie l’importance évidente de la proposition que j’ai formulée à l’intention de l’Union africaine depuis 2015. Cette proposition est celle d’envisager la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, pour retracer la voie de l’avenir africain. Le continent africain se trouve face à la nécessite et à l’urgence de se réinventer au XXIème siècle. L’Union africaine en charge de cette nécessaire et urgente réinvention africaine s’est donnée la mission de réaliser trois objectifs fondamentaux : l’unité africaine, le panafricanisme et la Renaissance africaine. La renaissance du continent africain sera le fruit du développement économique et social que l’Afrique doit réaliser entre 2020 et 2100.

Le premier cycle de soixante ans (1960-2020) des indépendances africaines s’achève sur un constat de faillite humaine et globale déshumanisante. Le deuxième cycle de quatre-vingt ans (2020-2100) sera bientôt en initiation : ce sera dès l’an 2021. Avant cette date proche, l’Union africaine organiserait le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie.

L’Afrique est d’habitude allergique aux défis, alors qu’elle doit en relever de nombreux. Parmi les multiples défis en attente, se trouve celui de tenir le prochain VIIIème congrès du panafricanisme à organiser par l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour évaluer les échecs du cycle des soixante ans (1960-2020 : cycle des indépendances qui s’achève) et pour examiner les voies et les moyens matériels comme immatériels qu’il faudra mobiliser et coordonner en vue de s’assurer la réussite du deuxième cycle de quatre-vingt ans (2020-2100).

Normalement, l’Union africaine devrait organiser cet évènement majeur en 2018, année anniversaire du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, qui a lancé le défi impératif de « l’Afrique doit s’unir ».

Parmi les moyens matériels à mobiliser, il faudra inclure la clé du dynamisme créatif de la tricéphalie. Cette dernière est la clé de l’avenir du continent africain. Elle se compose des trois éléments structuraux que voici :

  1. L’institution : l’Union africaine économique, financière et de développement social constitue le deuxième volet de l’Union africaine adoptée par les chefs d’États et de gouvernements africains en même temps que le premier volet consistant en l’Union africaine politique. Mais aussitôt adopté et signé à Lusaka, en Zambie, à l’issue du XXXVIIIème sommet de l’O.U.A. le 09-10 juillet 2001, ce deuxième volet a été oublié et mis sous le tapis. En effet, il s’agit d’un défi dont, tout simplement, les dirigeants africains allergiques aux défis ont instinctivement voulu se débarrasser. Le défi vient d’être remis à l’ordre du jour. La conversion de cette institution en société générale de développement économique, financier et social avec son siège est proposée, au Rwanda, précisément à Kigali-Muhanga, nouvelle ville métropolitaine panafricaine à construire pour doter l’Afrique d’une capitale de l’unité africaine et de progrès économique. La construction est envisagée de cette nouvelle capitale du continent africain dans le pays des mille collines, au cœur et carrefour d’Afrique, à la source du Nil (« ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae», qui se traduit par : « là où se trouve la source du Nil, c’est le pays où se construira la capitale économique de l’Afrique »), au Rwanda. La capitale de l’Union africaine est Addis-Abeba, en Éthiopie, tel qu’il a ainsi été établi dès 1958 (Addis-Abeba, en Éthiopie, est la capitale de la C.E.A. [la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique]) et, dès 1963, Addis-Abeba est la capitale de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) ainsi que de l’Union africaine politique, depuis sa création en remplacement de l’O.U.A. il y a dix-sept ans, en juillet 2001. La capitale panafricaine Kigali-Muhanga pourrait être construite en trois ans, à l’exemple de Brasilia, capitale du Brésil, qui fut construite en 1956-1059, à la veille de l’accession des pays africains aux indépendances, en 1960. Plus proche, il y a l’exemple de l’actuelle construction de la ville du Caire II, nouvelle capitale de l’Égypte dont l’édification était prévue en six mois, initiée dès le début de cette année 2018 et, aujourd’hui, en cours de finitions. Le financement de la construction de la nouvelle capitale du Caire II sera de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le financement de la construction de la capitale panafricaine de l’économie africaine Kigali-Muhanga, au Rwanda, sera cinq fois plus important que celui du Caire II, soit 200 milliards d’euros à négocier avec le P.N.U.D. (enveloppe développement de l’Afrique), l’Union européenne, la Banque mondiale et d’autres bailleurs.
  2. La gouvernance : une équipe panafricaine sera chargée de la question du développement de l’Afrique. Il s’agira du comité d’organisation de la gestion économique du développement de l’Afrique au XXIème siècle, le C.O.G.E.D.A. XXI. Le C.O.G.E.D.A. XXI sera formé par les représentants de chaque état africain à raison d’un représentant par pays, soit aujourd’hui cinquante-quatre commissaires technocrates-diplomates sous la présidence du président de la Commission de l’Union africaine politique dont le siège est à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le président de la Commission à la présidence du C.O.G.E.D.A. XXI sera le représentant du sommet politique des chefs d’États et de gouvernements africains. Ainsi, la gouvernance de l’Union africaine économique, financière et de développement social sera assurée par cinquante-cinq commissaires technocrates-diplomates, représentant chacun un état africain pour un mandat de sept ans, renouvelable une fois. Cette équipe sera responsable face au sommet de l’Union africaine qui sera son responsable hiérarchique. Il est suggéré que l’âge minimum de ces hauts dirigeants soit de quarante ans. Il est souhaitable que chaque état se fasse représenter au sommet de la gouvernance africaine par un envoyé spécial digne d’être élevé au poste de commissaire du rang d’ambassadeur, hautement formé et expérimenté. Au cours du deuxième cycle des indépendances pendant les prochains quatre-vingt ans (2020-2100), le continent africain aura à utiliser ses ressources humaines par la voie de cette équipe en charge de réussir le développement africain, l’émancipation de l’Afrique et l’épanouissement de toutes les populations africaines en Afrique et ailleurs.
  3. L’adresse : c’est la capitale panafricaine Kigali-Muhanga, au Rwanda, au cœur et carrefour de l’Afrique, à la source du Nil. L’unité africaine, le développement du continent, la paix en Afrique et le panafricanisme sont autant de guerres à mener et à gagner. Pour les victoires espérées et attendues, il faut mettre en place un état-major à la hauteur des enjeux. Ceci est la proposition de l’équipe des cinquante-cinq généraux du C.O.G.E.D.A. XXI. Il faut aussi créer un quartier général à la hauteur des enjeux : c’est la proposition de créer la capitale de l’unité africaine au site de Kigali-Muhanga, au Rwanda, à la source du Nil : « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae».
  • La dynamique créative de la tricéphalie, ci-avant exposée, sera un précieux service au secours de la réussite du projet de l’Union africaine, à propos duquel l’avertissement a été adressé aux dirigeants africains qui seront tenus responsables de l’éventuelle faillite de cette union (si ce projet venait à échouer). L’envoyé spécial de l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies) en la personne de Kofi Annan, alors secrétaire général de l’O.N.U., marraine du projet de l’Union africaine, à l’issue du XXXVIIIème sommet de l’O.U.A. tenu à Lusaka, en Zambie, du 09 au 10 juillet 2001, a formulé en les termes suivants l’avertissement de la communauté internationale : « le projet de l’Union africaine demandera des qualités de dirigeants, du courage et de la volonté pour se détacher du passé… À moins que ce projet ne soit suivi d’une rare détermination par vous, chefs d’État africains du XXIème siècle, il n’aboutira pas ». La dynamique créative de la tricéphalie est l’approche qui pourra permettre l’aboutissement du projet à bon port.
  • Les Africains et les Africaines, au nombre de 1,2 milliards aujourd’hui, au nombre de 2 milliards en 2050 et au nombre de 4,3 milliards en l’an 2100, devront se résoudre à faire bouger leur vaste continent étendu sur l’espace de 30,335 millions de km2 (l’équivalent, en étendue, de la Chine, des États-Unis d’Amérique, de l’Europe et du Moyen-Orient) à la force de leurs bras et de leur intelligence vers l’avenir, au même pied d’égalité avec l’Occident et l’Orient.

C’est à ces conditions que le continent pourra jouir du fruit de ses sacrifices : la Renaissance africaine au XXIème siècle.

 

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 18-21.08.2018

60 ans après (1958-2018) : les outils pratiques d’unité africaine, de développement et de paix en afrique de 2020-2100. Traité de gouvernance du développement de l’Afrique par l’union africaine économique, financière et sociale. Le continent africain devra se doter de sa propre capitale économique, financière et de développement social.

Thème : plaidoyer pour Kigali-Muhanga comme seconde capitale de l’Afrique.

Le remplacement de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) par l’U.A. (Union africaine) a été le projet majeur initié en 1999 par le colonel Mouammar Kadhafi, ancien chef d’État de la Libye, assassiné en 2011 au terme de ses quarante-deux ans de présidence de la Libye.

Le leader Mouammar Kadhafi, qui a été d’abord panarabiste unioniste au sein de la ligue arabe et, puis, panafricaniste unioniste au sein de l’O.U.A., a été un remarquable homme politique libyen moqué par les Arabes et adulé par les Africains. Sa louable ambition pour l’Unité africaine l’a amené à concevoir et  à créer l’Institution de l’Union africaine en remplacement de l’Institution de l’Organisation de l’unité africaine. Il a exposé son projet de remplacement de l’O.U.A. par l’U.A. aux chefs d’États et de Gouvernements africains lors du sommet extraordinaire de l’Organisation de l’unité africaine qu’il a convoqué et présidé en Libye, du 18 au 19 septembre 1999.

Lors de ce sommet extraordinaire, le chef d’État libyen, Mouammar Kadhafi, a exposé aux chefs d’État et de Gouvernement de l’O.U.A. son projet de remplacer l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) par l’Union africaine. Au terme de ce sommet, le projet de Kadhafi a été adopté. Il a été décidé qu’il serait soumis à l’adoption du prochain sommet ordinaire de l’O.U.A. qui allait se tenir en 2001 à Lusaka, en Zambie, au début de juillet 2001. Le XXXVIIIème sommet ordinaire annuel de l’O.U.A. (qui fut le dernier de l’Organisation de l’unité africaine) a été tenu à Lusaka, en Zambie, du 09 au 10 Juillet 2001. Cette rencontre au sommet de la gouvernance africaine a adopté le projet de remplacement de l’O.U.A. par l’Union africaine.  Ainsi l’Union africaine est née et l’O.U.A. a disparu.

L’Union africaine a été conçue en deux volets par le président de la Libye, Mouammar Kadhafi :

  1. l’Union africaine avec le volet politique : il s’agit du changement de l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) dans sa continuité ;
  2. l’Union africaine avec le volet économique : il s’agit de la nouveauté et de la véritable raison du remplacement de l’Organisation de l’unité africaine par l’U.A. (Union africaine).

L’Union africaine politique est la continuité de l’O.U.A. au sein de laquelle les hauts dirigeants africains se retrouvent incarnés. L’Union africaine économique est une nouveauté que les hauts dirigeants africains ont ignorée et qui est restée réservée au créateur de l’Union africaine, Mouammar Kadhafi, initiateur et financier des projets réalisés dans divers pays africains. Par exemple, ce fut le cas du vaste projet d’agriculture « Malibya » entrepris et financé par le président Kadhafi, au Mali, pour la sécurité alimentaire.

Suite à la disparition du guide de la Libye, Mouammar Kadhafi (assassiné en octobre 2011 dans son pays lors du printemps arabe), l’Union africaine économique a eu pour effet l’oubli. Ainsi, ce fut la disparition du second volet du projet adopté par le XXXVIIIème sommet de l’O.U.A.

Au lendemain de ce sommet tenu à Lusaka, en Zambie, le journal « Le Monde », à sa page n°4 (réservée aux nouvelles de l’international) a écrit : « L’AFRIQUE VEUT PRENDRE EXEMPLE SUR L’EUROPE POUR FAVORISER SON DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE : l’Organisation de l’unité africaine va disparaître au profit de l’Union africaine ». Ainsi, la raison d’être de l’Union africaine est le développement économique de l’Afrique. Les dirigeants africains ignorent cet objectif fondamental de l’Institution panafricaine, laissée en héritage par M. Kadhafi.

Cela est étonnant, incroyable, mais pourtant vrai : alors que la création de l’Union africaine ouvrait la porte à l’Afrique pour avoir la main mise sur l’économie africaine, les dirigeants africains ont préféré ignorer le volet économique de l’U.A. et s’enfermer dans son volet politique. Le volet politique de l’Union africaine est la continuité  de l’ancienne O.U.A. Les dirigeants africains sont toujours attachés à l’O.U.A., d’où le fait que certains d’entre eux, en 2017, ont manifesté, dans les réseaux sociaux, leur opinion en faveur de la réforme de l’Union africaine. À l’appui de cette opinion, certains intellectuels africains panafricanistes ont mené des débats sur le sujet dans les médias. Et puis, comme d’habitude concernant des sujets difficiles en Afrique, le thème est tombé dans l’oubli et  plus personne n’y pense aujourd’hui.

Pour ma part, j’ai retenu l’importance de cette opinion pour revenir proposer, non pas la réforme, mais la rénovation de l’U.A. La rénovation que je propose passe par la sortie de l’oubli du volet de l’Union africaine économique adopté par le XXXVIIIème sommet de l’O.U.A. à Lusaka, en Zambie, le 10 juillet 2001, et aussitôt oublié par les dirigeants africains. Ceux-ci sont ainsi passés à côté de l’essentiel : ils ont ignoré la substance du projet de remplacement de l’O.U.A., proposé par son initiateur (le colonel M. Kadhafi) et par eux-mêmes, et ils ont accepté à l’issue du sommet extraordinaire de Syrte auquel le guide de la Libye, M. Kadhafi, les avaient convoqués en septembre 1999. La substance essentielle dont il est le cas est le volet l’« Union africaine économique, financière et sociale ». Une fois que ce volet est inexistant, l’Afrique reste, comme c’est le cas depuis toujours, privée de la capacité de maîtriser son développement.

L’Union africaine politique a sa capitale : Addis-Abeba, en Éthiopie. L’Union africaine économique, financière et de développement social panafricain doit être recréée.  Je voudrais proposer de créer la capitale de l’Union africaine pour le développement économique de l’Afrique, le financement des investissements en Afrique et le développement social des peuples africains au site de Kigali-Muhanga, au Rwanda. Il s’agit du site situé sur le territoire rwandais compris entre la rivière Nyabarongo et l’ancienne capitale de la Monarchie du Rwanda, Nyanza. Ce site, à élever au rang de capitale panafricaine de l’économie, de la finance et du développement social du continent africain, est un lieu prédestiné à l’heureux avenir de nouvelle grande ville, deuxième capitale de l’Afrique (la première capitale de l’Afrique étant Addis-Abeba, en Éthiopie, élue capitale de l’O.U.A. en 1963, puis capitale  de l’Union africaine dès son adoption en remplacement de l’O.U.A., en 2001). Il y a lieu de se rappeler que l’usage de deux capitales (la capitale politique et la capitale économique) est une pratique habituelle dans les pays africains. C’est le cas de l’Afrique du Sud  (la capitale politique, Pretoria, et la capitale économique, Johannesburg) ou encore du Nigéria (Lagos pour capitale économique et Abuja pour capitale politique), de la Côte d’Ivoire (Yamoussoukro pour capitale politique et Abidjan pour capitale économique), du Cameroun (Yaoundé pour capitale politique et Douala pour capitale économique) et c’est le cas, en prévision, de la Tanzanie (la ville de Dodoma avait été destinée à devenir la capitale politique, tandis que Dar-Es-Salam serait la capitale économique).

Je propose d’envisager de continuer à destiner Addis-Abeba, en Éthiopie, au rôle de capitale de l’Union africaine politique. Je suggère d’entreprendre la construction de la capitale de l’Union africaine économique, financière et de développement social de toute l’Afrique à Kigali-Muhanga, au Rwanda, ville Internationale en charge d’être la deuxième capitale du continent, capitale économique.

Le développement économique, financier et social est une guerre contre le sous-développement, la régression et pour le progrès du continent et des peuples africains. Pour la gestion de toute guerre, y compris pour la guerre de développement, il faut un quartier général. Cela explique la présente proposition de doter le continent africain d’une capitale économique, en l’occurrence la construction de la métropole de Kigali-Muhanga, au Rwanda. Pour la gestion de la guerre de développement du continent africain, il faut un état-major : cette nécessité justifie la présente proposition de sortir de l’oubli et de  promouvoir au rang d’acteur majeur le volet de l’Union africaine économique, financière et sociale, qui devrait assurer la maîtrise du développement économique, financier et social de l’Afrique.

Tout pays africain pourrait être candidat à l’accueil de la nouvelle ville africaine appelée à devenir la capitale panafricaine de l’économie, la finance et du développement social de l’Afrique. Le choix de proposer le Rwanda pour cet accueil m’a été inspiré par l’atout de ce pays des mille collines. En effet, il se trouve au centre du continent africain. D’une part, le Rwanda se situe à équidistance entre Matadi, au bord de l’océan Atlantique, à l’ouest de l’Afrique et Dar-Es-Salam, au bord de l’océan Indien, à l’est de l’Afrique. D’autre part, le Rwanda se situe à équidistance (au milieu de la verticale) entre le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, et les abords de la mer Méditerranée, en Afrique du Nord. À cause de cette position géographique, le Rwanda fut baptisé « pays au cœur et carrefour de l’Afrique ». C’est un atout extraordinaire dont jouit le Rwanda, qui est appelé à abriter la deuxième capitale de l’Afrique,  la capitale économique. Par ailleurs, le choix et la proposition de Kigali-Muhanga comme capitale économique, financière et de développement social de l’Afrique m’ont été inspirés par le fait que ce site territorial se situe à la source du Nil. Citons : « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae ». Cela signifie : « c’est dans le pays où se trouve la source du Nil que devrait être construite la capitale économique de l’Afrique ». Voilà donc les deux principes et prises en considération qui m’ont dicté les doubles choix et proposition : le choix du Rwanda comme pays destiné à devenir le pays d’accueil de la deuxième future capitale de l’Afrique, ainsi que le choix du site à aménager pour construire la capitale panafricaine économique, financière et sociale, à savoir Kigali-Muhanga, à la source du Nil.

La construction de la deuxième capitale de l’Afrique, la capitale panafricaine Kigali-Muhanga au Rwanda, pourrait être réalisée en trois ans, à l’exemple de la construction de la capitale du Brésil, Brasilia, qui a été réalisée en ce délai, de 1956 à 1959. Plus proche, il y a l’exemple de l’actuelle construction de la nouvelle capitale de l’Égypte, le Caire II. Cette construction en cours était prévue en six mois. Elle a été mise en chantiers au début de cette année 2018. D’après les dernières informations, cette construction est au stade des finitions. La capitale nouvelle de l’Égypte, le Caire II, fonctionnera dès l’année 2019. Je formule la proposition que la mise en chantiers de la capitale économique, financière et sociale de l’Union africaine de l’économie, de la finance et du développement social de l’Afrique à Kigali-Muhanga, au Rwanda, soit mise en chantiers en 2019 pour se terminer après trois ans, soit en 2021. La capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga est l’un des outils pratiques de création de l’Unité africaine, du développement du continent et de la paix en Afrique sur le prochain parcours 2020-2100 de l’Afrique des indépendances.

Le financement de la construction de la nouvelle capitale égyptienne, le Caire II, est estimé à 40 milliards d’euros. Le financement de la construction de la deuxième capitale du continent africain, Kigali-Muhanga, en 2019-2021, pourrait être cinq fois celui du Caire II, soit 200 milliards d’euros, dont les sources négociables seraient l’enveloppe Afrique du P.N.U.D (Programme des Nations Unies pour le développement), de l’Union européenne, de la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds de partout ailleurs.

La métropole panafricaine Kigali-Muhanga, capitale de l’économie, de la finance et du développement social de l’Afrique serait équivalente aux villes de Genève et de Zurich, en Suisse, de Francfort (capitale de la monnaie européenne unique, l’euro), de Luxembourg (capitale des investissements en Europe), de la City de Londres (capitale de la finance au Royaume-Uni, dans l’Empire britannique et en Union européenne), de Shanghai (capitale économique de la Chine) et Hong Kong (capitale de la finance en Chine et en Asie), et, enfin, de Washington (capitale de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international). Dans la perspective d’une réelle capitale de l’économie, de la finance et du développement social du continent africain, Kigali-Muhanga sera le centre des décisions concernant les pays et le continent africains, et portant sur le destin de l’Afrique et de ses peuples. 

L’Union africaine économique, financière et sociale est la raison d’être du projet de remplacement de l’O.U.A. par l’U.A. Malgré cela, aussitôt que ce volet fondamental de l’Union africaine a été adopté, il a été ignoré et oublié. En effet, ce volet principal de l’U.A. a été jeté aux oubliettes depuis dix-sept ans. Les dirigeants africains qui ont signé le remplacement de l’O.U.A. par l’U.A., ainsi que les nouveaux dirigeants africains, tous ont retenu le volet de l’Union africaine politique et oublié le volet de l’Union africaine économique, financière et sociale. Cet oubli signifie que personne ne veut le développement africain en partage sous la gestion commune représentée par l’unité africaine.

L’unité africaine, le développement, le progrès et la paix en Afrique sont des slogans qui se chantent, mais dont personne ne veut payer le prix. L’unité africaine exige que chacun renonce à une partie du précieux sésame qu’est la souveraineté nationale. Le développement et le progrès en partage exigent que tous les pays et états africains se coalisent en véritable « union de partage ». Cependant, la pauvreté, la misère et l’égoïsme, auxquels s’ajoute l’actualité de la corruption, sont des obstacles aussi bien majeurs que dissuasifs contre le partage. Quant à la paix, tout le monde observe que le continent africain est condamné à l’instabilité et aux violences tout autant internes qu’externes. Tout pays africain (surtout les pays de dictatures africaines), qu’il le veuille ou non, est un laboratoire de rebellions armées et violentes. Au terme de soixante ans d’indépendances en faillite, les peuples africains sont frustrés et en colère. Les rebelles sont salués en sauveurs. Cela engendra le risque que l’Afrique soit considérée comme un continent à l’instabilité permanente, incapable de se pacifier, de se développer et de s’unir. En d’autres termes, un continent où les aspirations à la paix, au développement et à l’unité sont des idéaux romantiques et irréalisables.

Tous les pays africains dans la tourmente de la pauvreté, de la misère, du désœuvrement, du dénuement, des famines, de la peur et de la désespérance des populations malmenées par leurs dirigeants sont des bombes à retardement pour des conflits armés, l’autodestruction, l’auto-déshumanisation et l’auto-colonisation africaines. Cela vaut surtout pour les dictatures africaines. Une des formes d’autodestruction est l’actuelle fuite en masses des populations africaines qui cherchent refuge ailleurs, notamment en Europe. Il s’agit de la ruée de jeunes et moins jeunes, d’enfants et d’adultes, poussés à s’enfuir, abandonnant leur continent sans avenir. Effectivement, des milliers et, bientôt, des millions d’Africains sans espoir quittent leurs pays et l’Afrique pour chercher ailleurs une vie pourvue d’une dignité. En presque soixante ans d’indépendances africaines (1960-2020), l’Afrique a perdu tous les espoirs et les aspirations qu’elle nourrissait lors de l’accès aux indépendances en 1960. Elle a perdu les valeurs de la personnalité, de la conscience, de la dignité et de la solidarité africaines. Elle a perdu la voie de l’émancipation africaine et de l’épanouissement de ses populations. L’Afrique est en régression. 

Dans le rapport élaboré par les experts européens en 2005, et dont les extraits ont été publiés par l’hebdomadaire belge le « Vif/L’Express » du 15 juillet 2005 au sujet de la sécurité dans le monde d’avenir, le sous-développement de l’Afrique est défini comme une « bombe à retardement du terrorisme international ». Or, ce à quoi aboutit l’Afrique, après bientôt six décennies d’indépendances, est le sous-développement, lisible dans la fuite de milliers et, bientôt, de millions d’Africains qui, à tout prix, y compris à celui de la perte de leur vie, fuient l’enfer de l’Afrique.

Face à l’Afrique devenue un enfer, et sans avenir pour les populations africaines, les dirigeants africains démissionnent sur tous les fronts, sur tous les plans et à tous les niveaux. Dans un monde des rapports de forces et de défis, l’Afrique est aussi perdante que perdue.

              Il faut arrêter ce désastre et redresser l’Afrique pour la remettre debout et en marche en vue de l’émancipation du continent africain et de l’épanouissement de ses peuples. Voilà l’engagement des chefs d’État et de Gouvernement africains lorsqu’ils ont signé, suite à la proposition du chef d’État de la Libye, Mouammar Kadhafi, formulée et acceptée à Syrte, en septembre 1999, la charte de création de l’Union africaine. La convention signée par les chefs d’État et de Gouvernement africains à Lusaka, en Zambie, le 10 juillet 2001, à l’issue du XXXVIIIème sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) comportait deux volets :

  1. Le volet politique : l’Union africaine politique qui, de fait, consistait en un changement dans la continuité de l’O.U.A. ;
  2. Le volet économique : l’Union africaine économique, financière et de développement social du continent africain. Ce volet, aussitôt signé, a été oublié tout aussi vite, alors qu’il constituait la véritable raison d’être du remplacement de l’O.U.A. par l’Union africaine. Dix-sept ans après la signature de la création de l’Union africaine, le volet principal de la convention a sombré dans l’oubli : il n’existe plus.

À qui revient la faute ? Observateur, je constate que les chefs d’État et de Gouvernement africains sont tombés dans le piège contre lequel ils furent mis en garde par l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies), marraine de l’Union africaine. L’envoyé spécial du journal « Le Monde », auteur de l’article intitulé « L’Afrique veut prendre exemple sur l’Europe pour favoriser son développement économique : l’Organisation de l’Unité africaine va disparaître au profit de l’Union africaine » ; dans article publié à la page n°4 réservée aux évènements internationaux, en l’occurrence à l’évènement de la création de l’Union africaine à Lusaka, en Zambie, le 10.07.2001, il est écrit que : « Invité au sommet de Lusaka, le secrétaire général de l’O.N.U., Kofi Annan, a prévenu que « le projet de l’Union africaine demandera des qualités de dirigeants, du courage et de la volonté pour se dégager du passé… À moins que ce projet ne soit suivi d’une rare détermination par vous, les chefs d’États africains du XXIème siècle, il n’aboutira pas » ». Quatre ans après la signature de la création de l’Union africaine à Lusaka, en Zambie, le panafricaniste et professeur Mwayila Tshiyembe a publié, dans le bimensuel du « Le Monde Diplomatique » de février-mars 2005, un écrit titré : « Difficile gestation de l’Union africaine ». Dans l’avant-propos introductif de l’article, le professeur se pose une question de fond. Il écrit : « L’Union africaine a remplacé, en juillet 2001, la décevante Organisation de l’unité africaine. Nouvelle étape dans l’histoire du panafricanisme, l’Union saura-t-elle relever les graves défis continentaux ? ». Plus loin, l’auteur de l’article affirme : « Il est donc impératif de clarifier la nature de l’Union africaine politique et économique, afin d’éviter le piège de l’O.U.A. bis ». En observateur attentif, j’ai saisi cet appel à distinguer l’Union africaine politique de l’Union africaine économique.

          Cet avis du professeur M.Tshiyembe a retenu mon attention. Ainsi, j’en suis venu à observer que l’initiateur et créateur de l’Union africaine, le président libyen Mouammar Kadhafi, avait conçu et proposé ce projet à ses homologues africains qui l’ont adopté en deux volets :

  1. Le volet de l’Union africaine politique qui s’identifie dans l’opération d’un changement dans la continuité de l’O.U.A. ;
  2. Le volet de l’Union africaine économique, financier et de développement social qui constituait la nouveauté et la raison d’être du remplacement de l’Organisation de l’unité africaine par l’Union africaine. Ce deuxième volet a été jeté aux oubliettes. Pourquoi ce volet fondamental fut-il oublié par ceux qui l’ont pourtant adopté et signé ? La réponse à cette question constitue un tabou.

        Le projet de l’Union africaine économique (accepté sous la proposition du leader Mouammar Kadhafi à Syrte, en Libye, en septembre 1999, et signé à Lusaka, en Zambie, à l’issue du sommet de l’O.U.A. qui, par cet acte, a créé l’Union africaine) a été tout simplement filé sous les tapis de l’oubli.

L’Union africaine politique est simple : il s’agit de la continuité de l’O.U.A. L’O.U.A. était simple : ce sont des sommets des chefs d’États et de Gouvernements africains pour le concours des discours solennels. Les sommets, hier de l’O.U.A. et aujourd’hui de l’Union africaine, se comparent aux défilés de mode à l’africaine, d’où une certaine lassitude.

L’Union africaine économique est une nouveauté, donc un défi. Or, l’Afrique est mal à l’aise avec les défis. Elle fait face à mille défis, mais, au cours de ses soixante ans d’indépendances africaines fragiles et fragilisables, l’Afrique n’a jamais relevé un seul de ces défis. Les défis auxquels l’Afrique est amenée à faire face sont soit des patates chaudes qu’elle laisse entre les mains de sa voisine, l’Europe (tel est le cas de la crise migratoire de milliers d’Africains vers l’Europe) ; soit des obstacles qu’elle contourne en laissant croire qu’elle s’en occupe alors qu’elle les a abandonnés (comme, par exemple, le projet d’Unité africaine dont en réalité aucun dirigeant ne veut, mais dont l’idée plane toujours dans l’air) ; soit elle laisse subtilement ces défis pourrir dans les oubliettes (comme pour le volet de l’Union africaine économique).

La remise en lumière de l’Union africaine économique, financière et de développement social du continent africain exige que le rôle qu’elle est appelée à jouer soit défini pour créer les conditions de progrès et d’émancipation de l’Afrique en 2020-2100. L’Union africaine économique, financière et de développement social doit être transformée en société générale panafricaine d’entreprises économiques de développement de l’Afrique, structurée en trois parties comme suit :

  1. L’institution : l’Union africaine économique, financière et sociale transformée en société générale de développement africain ;
  2. La gouvernance : le comité de gestion économique du développement de l’Afrique au XXIème siècle (C.O.G.E.D.A. XXI) ;
  3. L’adresse : la capitale panafricaine de Kigali-Muhanga, au Rwanda, au centre de l’Afrique et à la source du Nil.

L’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement social du continent africain a été adoptée pour être au service du progrès et du mieux-être des populations africaines en Afrique et dans le monde. La seule façon ouverte à cette institution africaine est d’être une société économique générale œuvrant dans la gestion, la promotion et le contrôle de l’économie, de la finance et du financement, de la production et du commerce interafricain et international de tous les biens produits par le continent africain.  

La gouvernance de la société générale panafricaine et économique de développement de l’Afrique sera composée des représentants techniques de haute formation et de grande expérience dans les domaines les plus variés du développement africain. Ce seront les commissaires. Chacun représentera son pays-état, autant dire aujourd’hui cinquante-quatre commissaires du rang d’ambassadeurs, formant le C.O.G.E.D.A. XXI (Comité d’Organisation de la Gestion Économique du Développement de L’Afrique au XXIème siècle). Chacun des commissaires membres du C.O.G.E.D.A.  sera nommé à ce poste par le gouvernement de son pays et confirmé par l’assemblée générale (le sommet) de l’Union africaine politique. Le président de la Commission de l’Union africaine politique sera également président du C.O.G.E.D.A., servant ainsi de lien-rouage entre l’Union africaine politique (dont le siège est établi à Addis-Abeba, en Éthiopie) et l’Union africaine économique, financière et de développement social (dont le siège sera établi à Kigali-Muhanga, au Rwanda). Ainsi donc, les deux volets de l’Union africaine sont une institution bicéphale et doivent fonctionner en harmonie de représentation politique qui revient à l’Union africaine politique basée dans la capitale Addis-Abeba, en Éthiopie, et de représentation économique, financière et social qui revient à l’Union africaine économique et de développement social basée à Kigali-Muhanga, deuxième capitale de l’Afrique, au Rwanda.

          Au Rwanda, Kigali-Muhanga est une métropole à construire au centre de l’Afrique. Pour formuler cette proposition, j’ai retenu le critère de la centralité du site par rapport à l’ensemble du continent africain dont le développement est perçu sous l’angle du ruissellement du sommet à la base et de la centralité africaine (au nord, au sud, à l’est et à l’ouest du continent africain). Le Rwanda, pays des mille collines, est également le pays de la centralité de toute l’Afrique, répondant au titre de « cœur et carrefour de l’Afrique ». Le deuxième critère qui m’inspire pour estimer que la deuxième capitale de l’Afrique, qui sera la capitale de l’économie, de la finance et du développement social de l’ensemble du continent africain, mérite d’être construite à Kigali-Muhanga est le fait géo-historique de la source du Nil. En effet : « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae ». Cela signifie : « c’est dans le pays où se trouve la source du Nil que devrait être construite la capitale économique, financière et du développement social de l’Afrique ».  

La construction de la capitale panafricaine Kigali-Muhanga peut advenir n’importe quand à l’avenir, le mieux étant le plus rapidement possible. Peu importe les circonstances, le mieux et le plus rapidement possible que j’ai retenu dans l’immédiat est au cours des prochaines années 2019-2021, dès que l’Union africaine économique, financière et sociale est mise en lumière pour être mise au service du développement de l’Afrique. Il y a des échéances africaines dont il faut tenir compte de l’urgence:

  1. En 2020 : l’année 2020 est celle de la fin du cycle des soixante ans d’indépendances africaines mal parties et ayant abouti à la faillite humaine et globalement déshumanisante. L’année 2020 marquera la frontière entre le cycle passé des soixante ans et le cycle d’avenir des quatre-vingt années (2020-2100) de nouveaux espoirs d’un redressement pour l’Afrique et d’espérance pour les populations africaines, déçues par le passé. L’année 2021 sera le moment d’un nouveau départ. Il est souhaitable que ce départ soit le meilleur possible pour le continent africain qui, au terme du nouveau cycle 2020-2100, devrait avoir conquis son émancipation et l’épanouissement de ses peuples.
  2. En 2030 : le modèle de développement africain. Jean Joseph Boillot, économiste français et auteur du livre « Chinindiafrique », pense que, en 2030, l’Afrique aura son propre modèle de développement qui la projettera dans le cercle de la Chine et de l’Inde afin de former un groupe économique international et puissant qui remplacera le groupe des B.R.I.C.S. (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud). Les analystes économistes, parmi lesquels Boillot, croient que les B.R.I.C.S. disparaîtront d’ici peu. Pour Boillot, les nouveaux émergents seront la Chine, l’Inde et surtout toute l’Afrique. À elles trois, elles formeront la Chinindiafrique.  La tricéphalie, composée de l’institution de la société économique générale de développement de l’Afrique, du C.O.G.E.D.A. XXI et de la dynamique de la capitale économique panafricaine Kigali-Muhana, devrait, à cette échéance, avoir créé une approche de modèle de développement économique africain au service du progrès du continent africain et de l’émancipation de l’Afrique. L’économiste Thierry Tan, surnommé le prophète du développement économique de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique, démontre que la Côte d’Ivoire, comme tout autre pays africain et le continent africain, peut se doter de l’industrie productive performante en commençant par l’utilisation des produits africains locaux en tant que matières premières, tels que le manioc, la noix de coco, l’ananas, etc. D’après Tan, tout pays africain possède des produits naturels industrialisables. Il ajoute que la différence entre les pays asiatiques émergents, en matière de développement, et les pays africains en sous-développement est que « l’Asie n’a pas de matières premières mais transforme tout, tandis que l’Afrique a toutes sortes de matières premières mais ne transforme rien ». Ces deux économistes m’ont inspiré pour la formulation de ce traité : oui, l’Afrique peut avoir son modèle, d’après l’économiste Jean Joseph Boillot et sur base de la théorie de la tricéphalie exposée ci-dessus. Oui, l’Afrique peut se développer et conquérir le niveau élevé d’émancipation du continent et d’épanouissement des peuples africains, à l’exemple de l’Asie.
  3. En 2050, le continent africain, anciennement peuplé de 250 Millions d’Africains et d’Africaines en 1960 (à l’époque de l’accession aux Indépendances africaines), est peuplé aujourd’hui (environ soixante ans après ; 1960-2020) par 1,2 Milliards d’Africains et d’Africaines. Ces populations africaines seront 2 milliards d’habitants et d’habitantes d’ici une génération, soit une augmentation démographique africaine de 800.000 personnes au cours des prochaines trente et unes années (2018-2050 ; d’ici la moitié du siècle, en 2050). C’est une échéance qui exigera de la tricéphalie (l’institution de la société générale de développement de l’Afrique ou l’Union africaine économique, financière et de développement social, la gouvernance du C.O.G.E.D.A. et la capitale économique panafricaine de Kigali-Muhanga) la capacité à réussir à élever le continent et les peuples africains au stade de développement et de progrès considérables.
  4. En 2063, cette année marquera la fin de cinquante ans de l’agenda 2013-2063 de l’Union africaine politique. Il s’agit de l’agenda de développement économique de l’Afrique au cours des cinquante ans (2013-2063). Le présent traité s’inscrit dans cet agenda 2063 en cours. À cette échéance, la tricéphalie devra faire l’évaluation de son apport aux efforts de réalisation du développement par l’agenda.
  5. En 2080, l’Afrique aura doublé les années d’indépendances, passant de 1960-2020 à 2020-2080, soit cent-vingt ans d’indépendances. La première époque des indépendances africaines (1960-2020) s’achève par le constat de la faillite humaine et déshumanisante. Qu’en sera-t-il de la deuxième époque (2020-2080) qui aura pour l’un des acteurs la tricéphalie ? En effet, c’est pour contribuer aux efforts de réussite de cette deuxième époque des indépendances africaines 2020-2080 et pour faire partie de la tricéphalie que l’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement social vient d’être tirée hors des oubliettes. D’après la vision actuelle, l’époque des prochaines soixante années d’indépendances africaines 2020-2080 devrait être marquée par la réussite. Celle-ci devrait être possible grâce à la dynamique créative de l’institution de l’U.A.E. (Union africaine économique), de la Gouvernance du C.O.G.E.D.A. XXI et de la capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga. Cette dynamique est celle de la réussite.
  6. En 2100, d’après les récentes prévisions statistiques de l’augmentation démographique africaine attendue à la fin du XXIème siècle, le continent africain sera peuplé par 4,3 milliards d’Africains et d’Africaines, soit plus du double des populations africaines (2 milliards) en 2050. Il faudrait que, à la fin du XXIème siècle, les populations africaines, soit 4,3 Milliards, aient la possibilité de jouir du mieux-être et de l’épanouissement au même titre, voire plus que cinquante ans auparavant, c’est-à-dire plus qu’en 2050. Pour cela, les efforts de performance et d’efficacité à déployer par la tricéphalie devront être permanents de 2020 à 2100. Cela veut dire que l’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement social de l’Afrique, que la gouvernance du comité de gestion du développement de l’Afrique au XXIème siècle et que la capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga (toutes les trois des entités qui forment la tricéphalie) seront en action dynamique et constructive en 2020-2100. Cette prochaine époque de quatre-vingt ans devrait être propice pour relever le défi de mettre debout et en marche le continent africain pour le faire exister au même pied d’égalité et à armes égales avec les autres deux majeures composantes de l’humanité (qui font bloc) en triangularité autour de la planète. Nous faisons allusion aux composantes de l’Occident, de l’Orient et de l’Afrique. Il s’agit de tout faire pour donner au continent africain les capacités afin d’être à la hauteur et de saisir les mêmes chances et les mêmes opportunités que ses concurrents (qui sont l’Occident et l’Orient), pour l’émancipation de l’Afrique et le mieux-être de ses peuples.  

Cet avenir du continent africain et de ses peuples est possible à la condition que la tricéphalie en soit la clé. Cette clé est composée de :

  1. L’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement Social à convertir en société générale de développement de l’Afrique ;
  2. La gouvernance panafricaine du développement de l’économie africaine consistant en C.O.G.E.D.A. XXI (Comité d’Organisation de la Gestion Économique du Développement de l’Afrique au XXIème siècle) ;
  3. La capitale économique panafricaine de Kigali-Muhanga, à construire au Rwanda, pays prédestiné à être désigné pour abriter la capitale de l’unité économique africaine par le double fait que voici :
  4. Le Rwanda est le cœur et le carrefour d’Afrique. Il est donc le centre géographique du continent. Le Rwanda jouit de l’avantage de la centralité géographique continental, ce qui en fait la prédestination pour la deuxième capitale de l’Afrique ;
  5. Le Rwanda est le pays de la source du Nil. Dans la mémoire historique, s’affirme le fait que « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae ». Cela signifie : « c’est dans le pays où se trouve la source du Nil que devrait être construite la capitale économique, financière et du développement social de l’Afrique ».

Voilà donc les deux faits de prédestination du Rwanda à jouer à l’avenir le rôle du pays de la capitale de l’unité africaine. En effet, aussi longtemps que nous n’aurons pas d’ombre de la capitale de l’unité africaine, cet objectif d’unité en est à sa soixantième année (1958-2018) depuis qu’il a été lancé à l’issue du VIIème congrès du panafricanisme à Accra, au Ghana. Il n’y aura jamais l’Unité africaine.

Grâce à sa prédestination, le Rwanda est une chance pour l’Afrique, et, vice versa, l’Afrique est une chance pour le Rwanda. En 1991, le recensement de la population rwandaise démontrait que ce pays des mille collines était peuplé par 7,150 millions d’habitants. Vingt-sept ans plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui en 2018, le Rwanda a une population de 12 millions d’habitants, la prévision de croissance démographique rwandaise indique que, d’ici 2050, la population rwandaise comptera 22 millions d’habitants. Or, la construction de la capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga sera au cours des prochaines années la plus grande entreprise économique donneuse d’emplois directs, indirects et dérivés. En 2050, le Rwanda jouira du plein emploi et du grand progrès au cœur de l’Afrique. Il en sera de même concernant le progrès économique et social dans toute l’Afrique, grâce à la dynamique créative de la tricéphalie.

 

RUKIRA Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 15-08-2018

Osons briser le tabou : de l’africanité et de l’européanité de l’Afrique.

Thème: métissage européen de l’Afrique : passé, présent et avenir. 

 L’Afrique est un continent semi-africain et semi-européen. L’Afrique antique, multimillénaire, est morte à Berlin, lors de la conférence de 1885 qui a mis fin à l’agonie du vieux continent africain et qui a créé les conditions pour la naissance de la nouvelle Afrique, celle d’aujourd’hui, âgée de cent trente et un ans (1885-2016). La conférence européenne de Berlin a été fécondatrice pour le nouveau continent africain, issu des entrailles de la colonisation européenne, grâce à l’accession des pays africains aux indépendances en 1960, au terme de septante-cinq ans de gestation par la colonisation. Cette réalité historique a fait de l’Afrique un continent aux langues, aux cultures et aux couleurs de l’Europe. L’Afrique, engendrée au terme de septante-cinq ans de colonisation européenne, est multiculturelle et européenne. Créés par la conférence européenne, les cinquante-quatre pays africains sont marqués par l’ADN de l’Europe, leur « tonton créateur » tout comme leur « marraine protectrice ».  Tel est le double rôle que l’Europe assure envers l’Afrique depuis 1885.

Ce double rôle de l’Europe au bénéfice de l’Afrique est inscrit dans l’agenda européen établi par la conférence de Berlin en 1885. Cet agenda, qui se poursuivra à l’avenir, s’articule autour de trois chapitres en train de se réaliser depuis cent trente et un ans. Actuellement en cours, ces trois volets de l’Europe pour l’Afrique méritent d’être rappelés à ceux qui les  oublient :

1.      Le volet de la libération de l’Afrique de l’esclavagisme qui a ravagé le continent africain pendant des siècles et sous trois formes :

a.       L’esclavagisme africain traditionnel depuis des millénaires ;

b.      L’esclavagisme arabo-musulman depuis le VIIème siècle, pendant treize siècles ; 

c.       L’esclavagisme euro-américain du XVème au XIXème siècle, pendant quatre siècles.

L’Europe colonisatrice a éradiqué ce triple esclavagisme que l’Afrique subissait depuis longtemps. Dans la vie, comme dans la nature, tout a un prix. En ce qui concerne la libération de l’Afrique du fléau de l’esclavagisme, la colonisation européenne a été une épreuve et un prix inévitables pour libérer l’Afrique. Bien sûr, à ce sujet, tout le monde s’indigne et l’Europe a honte d’elle-même. Pourtant, sans ce prix, l’Afrique ne serait pas un continent indépendant. Il n’y avait aucune autre voie pour sortir le continent de cette grave tragédie. Le prix de la colonisation s’est imposé comme une épreuve pour le salut de l’Afrique. L’accession aux indépendances a été le fruit de l’épreuve de  colonisation.

2.      Le volet de la civilisation de l’Afrique. La conférence européenne de Berlin sur l’Afrique en 1885 a créé, en rassemblant des mille milliers d’ethnies africaines en une demi-centaine de communautés, une cinquantaine de pays modernisables, à l’image  des pays européens recréés septante ans auparavant par le Congrès européen de Vienne en 1815. Ainsi, l’Europe, en 1885, a mis fin à la vieille Afrique dont le progrès et le mode de vie s’étaient arrêtés trois mille ans avant, à l’âge de fer, voire à l’âge de la pierre, pour certaines populations africaines. Par décision politique, les leçons du passé ont été tirées pour réinventer et projeter l’Afrique dans la contemporanéité et vers l’avenir. Issue de la colonisation européenne, l’Afrique nouvelle renaît par l’accession aux indépendances, au statut d’états souverains, à la qualité de nations multiculturelles et par l’adhésion à l’Organisation des Nations Unies, devenant ainsi membres de la communauté internationale. Ainsi, l’Afrique morte à Berlin en 1885 ressuscite en 1960.

En cours depuis cinquante-six ans (1960-2016), la Renaissance africaine suit les codes et les couleurs de la Renaissance européenne du XVème siècle dont l’Afrique est l’héritière. Par conséquent, le continent africain, indépendant depuis bientôt six décennies (1960-2020), jouit de la multiculturalité européenne sous l’articulation de la francophonie, l’anglophonie, la lusophonie, etc.

À cause de la colonisation et de la civilisation européennes, les pays africains sont francophones, anglophones, lusophones et hispanophones. Ils sont classifiables en sept catégories de semi-africanité et semi-européanité :

a.       Les pays, états et nations africains arabo-méditerranéens anglophones ;

b.      Les pays, états et nations africains arabo-méditerranéens francophones ;

c.       Les pays, états et nations africains, subsahariens anglophones ;

d.      Les pays, états et nations africains subsahariens francophones ;

e.       Les pays, états et nations africains subsahariens lusophones ;

f.       Les pays, états et nations africains hispanophones ;

g.      Les pays, états et nations africains subsahariens anglophones swahiliphones.

Tous ces cinquante-quatre pays, états et nations d’Afrique viennent d’une multiculturalité fécondée par la colonisation et la civilisation de l’Europe. Ainsi, l’Afrique, inventée et réinventée par l’Europe, est le continent le plus mondialisé, sous le couvert de fille adoptive de l’Europe, voisine et coloniale. Tout le monde s’en indigne et l’Europe en a honte. Cependant, telle est la réalité historique : l’Afrique nouvelle est la fille de l’Europe.

3.      Le volet de la transformation de l’Afrique en marché de consommation. Ce volet constitue le troisième chapitre de l’agenda européen de la conférence de Berlin de 1885 pour l’avenir de l’Afrique. Dans son ouvrage publié en octobre 2003, l’auteur de la question « Pourquoi l’Afrique meurt ? », monsieur Stephen Smith, en vient à observer que « l’Afrique est un continent au présent sans avenir ». Cette observation fait partie du mur de l’afro-pessimisme dans lequel le continent africain est coincé depuis l’avènement de la chute du mur de Berlin, en 1989 ; chute dont le vent ravageur a poussé le continent africain dans la tragédie des absurdes autodestruction, auto-déshumanisation, auto-colonisation, guerres, conflits et violences, tous des malheurs déchaînés en Afrique et dont les Africains ont été victimes tout au long des années 1990 à 2016.  

Ainsi, au cours du dernier quart de siècle (1990-2016), dans le mur des convulsions d’autodestruction et d’auto-déshumanisation, dans le mur des guerres et massacres des populations africaines, dans le mur des conflits armés et des génocides, et de bien d’autres drames, le continent africain est en train de sombrer. Cela a amené l’observateur américain William Pfaff à affirmer, dans son article publié par l’hebdomadaire franco-africain « Jeune Afrique » du 5 octobre 1994, que « seule l’Europe peut sauver l’Afrique ». Ce sauvetage avait été prévu par la conférence européenne de Berlin de 1885, au titre de l’agenda pour l’Afrique en trois volets qui tracent le destin du continent voué à devenir un marché de commerce et de consommation. Le projet de faire de l’Afrique le marché de consommation est en cours de mise en perspective en ce XXIème siècle. Cette perspective est en train de démarrer. En effet, le développement du continent africain s’inscrit dans le devenir d’un marché de consommation par la voie d’importation des produits manufacturés en Occident et en Orient ; produits proposés, voire imposés, à l’Afrique par des techniques de marketing des multinationales occidentales et orientales et leurs filiales africaines.

L’avenir du développement de l’Afrique, fondé sur le commerce et la consommation des produits du capitalisme mondial, est en  démarrage pour ce XXIème siècle et les siècles à venir. Il s’agit là du processus de recolonisation et de mondialisation, mis en œuvre par des multinationales  du capitalisme. Dans cette perspective, s’inscrit la conquête du marché d’Afrique qui revêt l’importance de compter plus de 1,2 milliards de consommateurs potentiels aujourd’hui, qui seront 2 milliards de consommateurs en 2050.

 

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Osons briser le tabou : et si l’Afrique était la fille adoptive de l’Europe ?

Thème: les liens unissant l’Afrique et l’Europe ; de la création du continent africain jusqu’à nos jours.    

Cette filiation  commence avec le nom que les Grecs de l’Antiquité attribuèrent au continent africain, d’où provenait le vent de fraîcheur estivale propice aux relations humaines d’amour et d’amitié. Ainsi, ils appelèrent ces terres de l’horizon afros oikos. Ces deux mots d’origine grecque se sont contractés pour former le mot « Afrique », qui est de la même origine grecque que beaucoup de mots désignant des réalités d’hier et d’aujourd’hui. Par exemple, les cas de « politique » et d’ « économie » émanent, respectivement, de la contraction des mots grecs polis oikos et oikos nomos. Il en va de même pour « Éthiopie » qui provient de la contraction de ethios  ops ; de « panafricanisme » issu des trois mots panos afros oikos (« toute l’Afrique ») ; de « démocratie », terme né des mots demos kratos, signifiant « gouvernement du peuple » ; de « théocratie » engendré par theos kratos ; ainsi que de beaucoup d’autres expression d’usage universel et actuel.

Depuis des siècles, de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance européenne au XVème siècle, le continent africain était désigné par deux noms d’origine grecque (donc européenne). Le nom « Afrique » s’appliquait à la partie nord du continent comprise entre la mer méditerranéenne et le fleuve Niger, tandis que, à la partie subsaharienne   du continent (= subsahara), s’appliquait la désignation « Éthiopie ». L’entreprise des navigateurs portugais pour chercher la voie maritime dans le but de relier l’Europe à l’Asie et afin de remplacer la route de la soie qui, depuis des millénaires, assurait les échanges commerciaux entre l’Orient et l’Europe (notamment entre l’Empire chinois et l’Empire romain) a eu comme effet le contournement du continent et l’extension de l’application du nom « Afrique » à l’ensemble du continent africain.

Ainsi, depuis la Renaissance européenne au XVème siècle, l’unité géographique et identitaire du continent africain résulte de la réinvention de l’Afrique par l’Europe. Vers la fin du XIXème siècle, il en a été de même lorsque l’Europe a dû réinventer l’Afrique par l’entreprise de la conférence européenne de Berlin qui, en 1885, décida de tirer l’Afrique du chaos des mille milliers d’Afriques (des tribus et des ethnies incessamment en guerre de razzias, vouant ainsi le continent à l’esclavagisme).

En 1885, la conférence européenne de Berlin a mis fin à la vieille Afrique, pétrie dans l’immobilisme depuis l’époque de l’âge de fer (depuis 3.000 ans). Elle a projeté le continent dans la modernité à la suite du rassemblement des mille milliers de pays et d’états premiers en une demi-centaine de pays modernisables. En 1885, la conférence de Berlin a créé les pays africains actuels à l’image des pays européens, créés quant à eux par le Congrès de Vienne en 1815, septante ans avant cette conférence.

Créés en 1885 à l’image des pays européens, les pays africains ont été soumis à l’indispensable accompagnement européen pendant septante-cinq ans : la colonisation de l’Afrique par l’Europe, de 1885 à 1960. Durant cette hibernation, l’Afrique nouvelle s’est formée et se compose aujourd’hui des pays africains créés par la conférence de Berlin en 1885. Ces pays ont ressuscité de la colonisation européenne grâce à l’accession aux indépendances en 1960, au statut d’états souverains, à la qualité de nations multiculturelles et à l’adhésion, en la qualité de membres, de la communauté mondiale par l’accession à l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.).

Ces cinquante-quatre pays, états et nations d’Afrique sont les plus jeunes au monde. Ils existent depuis leur création par la conférence de Berlin (il y a de cela cent trente et un ans ; 1885-1960), ainsi que depuis la Renaissance de l’Afrique des entrailles de la colonisation européenne (il y a de cela cinquante-six ans ; 1960-2016). Ces pays se rassemblent en une communauté africaine qui aspire à l’unité africaine depuis maintenant cinquante-trois ans, c’est-à-dire depuis la création de l’Organisation de l’unité africaine en 1963 (l’O.U.A. ; 1963-2016) ; organisation aujourd’hui incarnée par l’Union africaine (U.A.) qui a remplacé l’O.U.A. dès le début du XXIème siècle, depuis juillet 2001.

Rassemblant en son sein la communauté des cinquante-quatre pays, états et nations d’Afrique (le Maroc, qui s’était pourtant retiré de l’O.U.A. en 1984, vient d’entamer, à l’occasion du XXVIIème sommet de l’Union africaine tenu à Kigali, au Rwanda, en juillet 2016, la démarche de sa prochaine adhésion à l’Union africaine, dont il s’apprête à être le leader), l’Union africaine bénéficie de l’accompagnement et de l’assistance de l’Union européenne. Cet accompagnement de l’Europe au bénéfice de l’Afrique est vital : il témoigne des relations privilégiées de filiation entre le « tonton Europe » et sa « fille adoptive Afrique », tout au long des millénaires jusqu’à nos jours.

 

rukira Isidore Jean Baptiste,

Éditorialiste Afrique

Le panafricanisme et la Renaissance africaine.

Thème: Le panafricanisme, sommaire de son origine et de son avenir. 

Le mandat de la présidence de l’Union africaine (2012-2016) s’est déroulé sous l’insigne du panafricanisme et de la Renaissance africaine. D’un seul coup, ces deux thèmes, longtemps ignorés par les élites et par  les dirigeants africains, ont été placés au cœur des débats et des réflexions d’actualité au sein des réseaux sociaux et des mouvements politiques, des jeunes intellectuels africains de tous bords, avec une passion fervente.

Le mouvement culturel du panafricanisme a été créé en outre-Atlantique, aux Amériques, par les descendants des Africains qui, pendant quatre siècles (du XVème au XIXème siècle), ont été les victimes du crime de l’esclavagisme, du commerce triangulaire transatlantique Europe-Afrique-Amérique. Le mouvement du panafricanisme a été lancé en 1900, au lendemain de la tenue de la conférence de Berlin en 1885, qui a mis fin à l’esclavagisme et a plongé le continent africain dans l’océan de la colonisation par l’Europe. Le mouvement du panafricanisme fait partie de la résistance contre le colonialisme et de la lutte pour la perspective de l’unité africaine. En effet, le vocable « panafricanisme » est une contraction issue des trois mots grecs panos, afros et oikos, qui signifient, une fois réunis, « toute l’Afrique », d’où l’expression « panafricanisme ». L’esprit du panafricanisme est à la fois l’âme et le fondement de l’avenir de l’unité africaine, car il rassemble toutes les populations africaines du continent et de la diaspora africaine dans le monde. Il s’agit de tous les peuples africains qui s’élèvent aujourd’hui en 2 milliards de personnes qui, d’ici moins de trente-cinq ans (en 2050), seront 3 milliards.

La perspective de l’unité africaine, animée par l’esprit et l’âme du panafricanisme, sera indispensable, car l’unité du continent africain incarnera le troisième pôle de la triangularité de l’humanité. Cette triangularité s’identifie par trois composantes du monde : l’Occident, l’Orient et l’Afrique.

Sur cette toile de fond, j’ai proposé à l’Union africaine d’envisager l’organisation de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, à l’occasion du soixantième anniversaire de la résolution prise par le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958. Il s’agit de la résolution impérative suivante : « l’Afrique doit s’unir ». La tenue du VIIIème congrès du panafricanisme permettra aux peuples, aux dirigeants et aux élites de l’Afrique d’évaluer la situation du continent et de ses populations dans la marche globale du monde et dans l’évolution universelle de l’humanité ; humanité au sein de laquelle certains souhaitent que tous les hommes et toutes les femmes de la planète jouissent des mêmes avantages, de la joie de vivre et de l’égalité des chances.

J’encourage l’Union africaine qui, sous le mandat de la présidence de sa Commission de 2012-2016, a privilégié la lumière du panafricanisme et a accepté de saisir et de réaliser l’organisation du prochain VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018.

Le thème de la Renaissance africaine est l’un des trois piliers du mandat en cours (2012-2016) de la présidence de l’Union africaine par Madame Dlamini Zuma, sud-africaine (les deux autres piliers étant le panafricanisme et l’agenda africain de 2013-2063).

L’accession des pays africains aux indépendances a été la clé d’accès à l’Afrique nouvelle, et, de facto, la clé d’accès à la Renaissance africaine en cours depuis bientôt six décennies (1960-2020). J’observe que cette réalité de la Renaissance africaine en cours depuis cinquante-six ans (1960-2016) est ignorée par tous ceux qui mènent des recherches, des réflexions et des débats sur ce thème. Pourtant, il s’agit d’une réalité évidente et claire à la lumière des faits.    En effet, la conférence diplomatique européenne de Berlin en 1885 a mis fin à la vieille Afrique. Elle a rassemblé les mille milliers de pays premiers (pays ethniques ou tribaux) en une demi-centaine de pays modernisables, soumis à l’accompagnement (c’est-à-dire à la colonisation) par l’Europe, pendant trois quarts de siècle (de 1885 à 1960). Ces pays s’élèvent au rang d’états souverains et obtiennent le statut de nations multiculturelles par leur accession aux indépendances. Dès 1960, et tout au long de plus d’un demi-siècle d’indépendances africaines, l’Afrique nouvelle est en plein processus de renaissance.

Certes, la Renaissance africaine naît des entrailles de la colonisation européenne. Donc, elle trouve ses racines en la colonisation européenne, au même titre que les racines coloniales européennes des pays, états et nations africains qui composent l’Afrique nouvelle, issue de cette colonisation. Les débats, les discussions et les réflexions d’actualité sur cette Renaissance africaine visent à éviter cette réalité historique incontournable dans un but : tenter de trouver une voie conduisant à une approche d’une Renaissance africaine de l’ailleurs. Or, cet ailleurs n’existe pas. La Renaissance africaine, incontournable, est celle héritée  de l’accès des pays africains, créés par la conférence européenne de Berlin en 1885 et adoptés comme tels par la charte de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) de 1963 dans leurs frontières de 1885 et dans leurs intégrités territoriales inviolables.

La vieille Afrique (c’est-à-dire l’Afrique antique figée à l’âge de fer, voire à l’âge de pierre ; l’Afrique précoloniale) est morte à Berlin en 1885. L’Afrique nouvelle est née en 1960, année de l’accès aux indépendances africaines et à la Renaissance africaine codée et colorée suivant la Renaissance européenne du XVème siècle. En effet, les pays de l’Afrique nouvelle, issue de la colonisation européenne de 1885-1960, sont des républiques (du latin : res publica) et des démocraties (du grec : demos kratos). Leur avenir se dessine dans la perspective de l’unité africaine (du latin : unitas africaina), sur fond de l’esprit du panafricanisme (du grec : panos afros oikos, « toute l’Afrique »). Cela justifie l’exigence du VIIème congrès du panafricanisme inscrite dans la résolution prise en 1958 : « l’Afrique doit s’unir ». Ce fut la résolution dudit VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, il y aura bientôt soixante ans (1958-2018).

Dans le but de contribuer à la perspective de l’unité africaine ainsi qu’à la poursuite de la Renaissance africaine en cours, je propose à l’Union africaine d’envisager l’organisation du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, au soixantième anniversaire de la résolution : « l’Afrique doit s’unir ».

 

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

 

L’agenda africain 2013-2063 (50 ans) : l’Union africaine est en charge de l’agenda 2063, articulé autour de l’afro-optimisme contre le mur de l’afro-pessimisme.

Thème: L’agenda 2013-2063. L’espoir de l’afro-optimisme face à la réalité de l’afro-pessimisme.

À l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’avènement de la création de l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) le 25.05.2013, à Addis-Abeba, en Éthiopie (l’O.U.A. a été créée le 25 mai 1963, à Addis-Abeba, en Éthiopie), l’Union africaine a décidé de se doter d’un programme de progrès du continent africain structuré autour des idéaux du panafricanisme  et de l’objectif de la Renaissance africaine. Ainsi, l’annonce de cet agenda est exposée sur internet ouvrable par la clé www.unionafricaine.org : « l’Afrique de l’agenda 2063 : une stratégie pour optimiser l’utilisation des ressources de l’Afrique. Il vise à encourager la discussion entre toutes les parties prenantes de l’agenda 2063. Effectivement, l’agenda oriente le continent sur les voies, ainsi que sur les moyens de tirer les leçons du passé, de s’enrichir, de consolider le progrès en cours et d’exploiter stratégiquement toutes les possibilités qui s’offrent à court comme à moyen terme. L’objectif consiste à assurer une transformation socio-économique positive de l’Afrique dans les cinquante années à l’avenir ».

Cette annonce de l’agenda 2013-2063 en langage de bois rhétorique à l’africaine est un véritable reflet de la culture africaine des  effets de démonstration, observée dans le livre « Les mécanismes du sous-développement », publié dans les années 1960 aux éditions ouvrières, par J.M. Albertini. Cette annonce est une expression du rare afro-optimisme qui a été ébranlé, voire partout balayé, par le vent de l’afro-pessimisme durable, conséquence de l’ouragan engendré par la chute du mur de Berlin, fin 1989. En Afrique, cette chute lointaine a déchainé le désastre des conflits armés, les absurdes autodestruction, déshumanisation et auto-colonisation africaines. Ce sont autant d’évènements stupides qui ont culminé par des tragédies telles que les génocides en Afrique, dans la région des grands lacs.    

L’afro-optimisme affiché dans cette annonce est un geste d’espérance fragile, qui a le rôle de raison d’être de l’Organisation de l’Union africaine. Le continent et les peuples africains risquent de s’écraser sous le poids de l’afro-pessimisme qui est d’actualité, mais aussi d’avenir.

                                                        

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 01.10.2016           

De l’Afrique de l’Antiquité, y compris l’Afrique précoloniale (10.000 ans avant J.C.-1885) à l’Afrique de l’actualité (1885-2016).

Thème: les grandes lignes de l’histoire africaine.

L’Afrique est le plus vieux continent de la planète. Elle est créditée de cent quarante-deux mille ans d’âge, ce qui est l’âge de l’humanité et de l’Histoire. En effet, le continent africain est la terre des racines des deux premiers êtres humains. La première femme, la mère de l’humanité, et le premier homme, le père de l’humanité, sont apparus et ont vécu en Afrique de l’est il y a cent quarante-deux mille ans. Ce fut le début de l’existence humaine et celui de l’Histoire, car, sans les hommes, cette source de la mémoire des humains, de leur existence et de leurs actions n’existerait pas. L’âge de la terre d’origine des hommes est celui de l’humanité et de son Histoire. De ce fait, l’Afrique jouit du même âge que l’humanité et de son Histoire : cent quarante-deux mille ans.

Par ailleurs, l’Afrique est aussi le plus jeune des cinq continents de la planète. Cette appréciation en tant que jeune continent lui est induite par le fait que les indépendances des pays la composant datent de 1960, soit cinquante-six ans depuis l’accession aux indépendances et aux statuts d’états et de nations. Créés par la conférence diplomatique européenne de Berlin en 1885, à l’image des pays européens créés par le Congrès de Vienne en 1815, les pays africains modernisables ont accédé à l’émancipation septante-cinq ans plus tard, en 1960 (1885-1960). Héritiers des codes de la Renaissance européenne, les pays africains indépendants, devenus des états souverains et des nations multiculturelles, se sont mis à l’œuvre de modernisation et de Renaissance africaines, comme prévu par le second volet de l’agenda de la conférence européenne de Berlin en 1885. Ce volet, celui de la civilisation, se décline aujourd’hui par le développement (la civilisation équivaut au développement !).

Sur le terrain du continent africain à la recherche de l’avenir, deux Afriques se présentent :

1.      L’Afrique des dirigeants africains et des élites africaines engagés dans l’effort de réflexion sur l’avenir du continent et des peuples africains en abstrait. C’est le cas de la réflexion sur l’agenda 2063 qui vise à conjuguer l’unité africaine avec le développement de l’Afrique et la Renaissance africaine. Il s’agit d’une réflexion globale et confuse portant sur divers objectifs relatifs à ces trois thèmes.

2.      L’Afrique des populations africaines globalement exclues de la réflexion, des débats et des perspectives du continent et des peuples africains. L’Afrique des populations est tenue en ignorance en ce qui concerne le présent et l’avenir du continent et des peuples africains. Elles sont maintenues dans l’exclusion, engendrant ainsi la désespérance qui les pousse vers l’ailleurs, vers la fuite en masses de jeunes et de moins jeunes par milliers, notamment en Europe, où ils espèrent trouver la raison de vivre avec la dignité humaine qui leur est refusée dans leur continent et dans leurs pays par leurs états.

Les deux Afriques sont deux peuples qui cohabitent en confusion sur le même continent. Le peuple des dirigeants et des élites africaines sont des décolonisés francophones (français), anglophones (anglais), lusophones (portugais) et hispanophones (espagnoles). Ce sont des Africains européanisés qui constituent à peu près le tiers des peuples africains, soit environ 400 millions d’Africains européanisés sur l’ensemble des habitants d’Afrique, qui sont, aujourd’hui, aux environs d’1,2 milliards d’habitants du continent africain. Les deux Afriques compteront 2 milliards d’habitants d’ici 2050, soit, à cette époque, environ 1 milliard d’Africains européanisés d’une part et 1 milliard d’Africains traditionnels d’autre part.

Le fossé social s’approfondira de plus en plus et s’élargira en termes d’inégalités sociales entre l’Afrique des populations africaines européanisées et l’Afrique des populations africaines traditionnelles qui seront de plus en plus enfoncées dans l’océan de la pauvreté, de la misère, des malheurs d’une partie de l’humanité condamnée au sort des damnés de la terre et à l’avenir de la disparition par effet dévastateur de darwinisme. Cela justifie la question interpellante lancée par l’observateur Stephen Smith via le titre de son ouvrage publié en octobre 2003 : « Pourquoi l’Afrique meurt ? ».

L’actualité de l’Afrique depuis un quart de siècle (1990-2016 : depuis le lendemain de la chute du mur de Berlin en novembre 1989) est marquée par les conflits armés, par l’absurde autodestruction, par l’auto-colonisation et par l’auto-déshumanisation africaines. Elle est aussi marquée par l’aggravation de la pauvreté, de la misère, des famines et de la désespérance des masses de populations africaines, notamment des milliers de jeunes et moins jeunes qui se jettent dans des flux d’émigrations au péril de leurs vies pour quitter leur continent et leurs pays afin d’aller chercher refuge et espoir de vivre dans la dignité humaine partout ailleurs, en Europe. Ce désespoir des peuples africains laisse indifférents leurs dirigeants.

                                                 

rukira Isidore Jean Baptiste.

La Renaissance africaine d’actualité pluridécennale est la substance de la nouvelle Afrique aux couleurs européennes.

Thème: sommaire des pays de la nouvelle Afrique.

La Renaissance africaine, articulée autour des codes de la Renaissance européenne, codes hérités de l’Europe lors de la naissance des états africains hors des entrailles de la colonisation en 1960, est en voie d’accomplir six décennies (1960-2020). La Renaissance africaine est la source de l’essence dont se nourrit le multiculturalisme européen des pays, des états et des nations africains qui jouissent de l’accès à la souveraineté et aux droits du partage au sein de la communauté des nations dont l’Afrique fait partie.

            Les cinquante-quatre pays, états et nations du continent africain sont membres de la communauté internationale au titre de membres de l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies), de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) et de l’Union africaine (U.A.). Dans l’esprit de la Renaissance africaine, les cinquante-quatre pays et états sont des nations africaines multiculturelles aux couleurs européennes.

Ils se répartissent en sept catégories :

1.      Les pays-états-nations africains méditerranéens arabo-musulmans francophones ;

2.      Les pays-états-nations africains méditerranéens arabo-musulmans anglophones ;

3.      Les pays-états-nations africains subsahariens francophones ;

4.      Les pays-états-nations africains subsahariens anglophones ;

5.      Les pays-états-nations africains subsahariens lusophones ;

6.      Les pays-états-nations africains subsahariens hispanophones ;

7.      Les pays-états-nations africains subsahariens anglophones-swahiliphones.

Dans l’ensemble des pays-états-nations de l’Afrique nouvelle, celle de la Renaissance africaine postcoloniale en cours depuis bientôt six décennies (1960-2020), les couleurs européennes marquent le multiculturalisme par la forte dimension des cultures et des langues européennes héritées de la colonisation. Il s’agit majoritairement de cultures et de langues de la francophonie, de l’anglophonie et de la lusophonie. La Renaissance africaine s’inspire de la Renaissance européenne et se décline aux couleurs du multiculturalisme européen. L’Afrique est l’héritière de l’Europe !

                                                            

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 29.07.2016