Thème: Les trois volets de la conférence de Berlin.
Au commencement des temps, existait le continent de l’au sud de la Méditerranée et où, à l’est, le genre humain est apparu en actuelle région d’Abyssinie, composée de l’Éthiopie et de l’Erythrée. Dans cette zone du continent, la première femme, la mère de l’humanité, et le premier homme, le père de l’humanité, sont apparus, il y a de cela cent quarante-deux mille ans. Par conséquent, les hommes et les femmes qui composent l’actuelle humanité se sont déplacés pour peupler la terre toute entière.
Il y a eu l’Afrique antique. Elle est morte à Berlin ; le coup de grâce ayant été donné par la conférence européenne de Berlin il y a cent trente-deux ans (1885-2017).
L’Afrique nouvelle, celle d’aujourd’hui, a été conçue par la conférence européenne de Berlin en 1885. Elle est née des entrailles de la colonisation européenne du continent africain, après trois quarts de siècle, de 1885 à 1960. L’année 1960 a été l’année des indépendances africaines. Cette année vit la naissance de la nouvelle et actuelle Afrique, âgée de cinquante-sept ans (1960-2017), qui ressuscita des cendres de l’Afrique antique, revigorée de l’ADN de l’Europe. L’Afrique nouvelle se compose d’une demi-centaine de pays, des anciennes colonies européenne devenues, dès 1960, des pays indépendants, des états souverains et des nations multiculturelles et européanisées (cultures, langues et civilisation européennes). Ainsi, l’Afrique nouvelle, postcoloniale et européanisée comporte cinquante-cinq pays, états et nations africains, membres de la communauté internationale grâce à leur admission dans l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.) et membres de la famille africaine en adhérant à l’Union africaine, remplaçante de l’Organisation de l’unité africaine en 2001.
Après avoir été bercés par la colonisation européenne et après avoir pris les couleurs de l’Europe (l’accession aux indépendances), l’Afrique nouvelle, ses pays, états et nations ont bénéficié des ressources de la Renaissance européenne. Ce sont des républiques (res publica romana), à l’exception du Maroc et du Swaziland. Ces deux derniers sont restés des monarchies africaines. Tous sont devenus des démocraties (du grec demos kratos) : ils héritent du mode du scrutin électif pour légitimer leurs gouvernances ; ce sont les élections démocratiques. Ils ont également adopté des structures de pouvoir à l’européenne : ils pensent, rêvent, légifèrent, communiquent en langues européennes. Le français est la langue des pays francophones, l’anglais pour les pays anglophones, le portugais pour les pays lusophones, l’espagnol pour les pays hispanophones, etc.
Pour résumer, l’Afrique nouvelle est la fille adoptive de l’Europe. L’Afrique a pour oncle adoptif l’ensemble de l’Occident, l’Europe élargie au nouveau monde, c’est-à-dire aux Amériques et en Océanie. L’Afrique est aussi la fille adoptive du capitalisme qui s’apprête à faire d’elle un marché de commerce et de consommation, tel que prévu au troisième volet de la charte de la conférence de Berlin de 1885. Le plan de prise en charge de l’Afrique par cette conférence comportait trois volets, dont deux se sont réalisés :
- Le premier volet consistait à libérer l’Afrique du fléau des trois formes dévastatrices d’esclavagisme :
- Libérer l’Afrique de l’esclavagisme traditionnel africain ;
- Libérer l’Afrique de l’esclavagisme arabo-musulman qui a ravagé le continent africain pendant treize siècles (du VIIème au XXème siècle) ;
- Appliquer en Afrique les règles de l’abolition de l’esclavagisme occidental (traité euro-afro-américain).
Cette triple mission a été accomplie, car l’Afrique a été libérée de ce fléau.
- Le second volet consistait en le projet de civilisation de l’Afrique. L’accession des pays africains, anciennes colonies, aux indépendances a ouvert la voie à cette approche sous la notion de développement. Depuis 1960, l’Europe accompagne l’Afrique sur la voie du développement grâce à des aides, de l’assistance, des œuvres d’O.N.G., le partenariat, etc.
- Le troisième volet consistait en une prédiction : le continent africain est appelé à devenir un marché de commerce et de consommation. D’aucuns pensent que le moment est proche pour que des multinationales européennes s’engagent dans le processus d’investir en Afrique en vue d’accélérer le développement du continent voulant satisfaire les besoins fondamentaux des populations africaines. Ces besoins représentent autant d’opportunités appelant les investisseurs européens et d’ailleurs à investir dans le continent africain pour créer des emplois, promouvoir le commerce interafricain et alimenter la consommation. En Occident et en Orient, certains sont d’avis que le moment est venu de faire de l’Afrique un marché de bientôt 2 milliards de consommateurs, ce qui sera le cas d’ici trente-trois ans, en 2050. Dans cette perspective, la Chine a entrepris de délocaliser ces productions en Afrique. Il en va de même de plusieurs multinationales européennes et d’ailleurs, en réponse aux appels des dirigeants africains qui, tous, aspirent à se faire honorer par le « made in Africa ». Attirer chez soi le « made in son pays » constitue le vœu de tout dirigeant africain. Remarquons que ces vœux des chefs d’États africains correspondent audit troisième volet de la conférence de Berlin qui, elle, envisageait pour l’Afrique un avenir de commerce et de consommation. Cet avenir est celui qui s’approche : le futur d’Afrique marche, après le passé de l’Afrique fournisseuse de matières premières.
Parmi les investissements à prévoir et à réaliser pour créer ce marché, se trouvent des infrastructures de diminution de l’épaisseur des frontières. Cela signifie des investissements dans des infrastructures de transports interafricains comme des routes, des autoroutes, des voies ferroviaires, des ports, des aéroports, des transports maritimes, des creusements de canaux fluviaux, des fournitures, des équipements de différents modes de transports et communications entre les différents pays à travers l’ensemble du continent africain. L’estimation de cet investissement, par personne et par an, s’élèverait à 4.000 euros pendant les trente prochaines années, d’ici 2050. Pour le développement global du continent africain au cours des trente prochaines années (2020-2050), il faudrait investir 8 mille milliards d’euros dans tous les domaines et, ce, chaque année, soit 240 mille milliards d’euros d’ici 2050.
Cette proposition d’envisager le développement global du continent africain par des investissements des multinationales de l’ordre de 240 mille milliards d’euros au cours des trois prochaines décennies tient compte, à la fois, du troisième volet du plan de la conférence européenne de Berlin 1885 sur et pour l’Afrique, ainsi que de l’agenda 2063 de l’Union africaine, qui est l’institution panafricaine en devoir de prendre en charge la gestion du développement économique et social de l’Afrique et des peuples africains.
Rukira Isidore Jean Baptiste
Éditorialiste Afrique
Le 18.02.2017