L’Afrique, le premier volet des aspirations africaines dès 1960 : aspirations à l’émancipation et à l’épanouissement attendus et ratés en 2000.

Thème: le continent africain comme berceau de l’humanité. Victime de la recolonisation des puissances actuelles.

Le continent africain est à la fois le plus vieux et le plus jeune continent de la planète. Il est le plus vieux, car il est le berceau de l’humanité. Grâce à ça, il est aussi l’origine de l’Histoire puisque, sans l’humanité, celle-ci n’existerait pas. La première femme, la mère de l’humanité, et le premier homme, le père de l’humanité, sont apparus et ont existé en Afrique de l’est, dans l’actuelle région d’Abyssinie, composée de l’Éthiopie et de l’Érythrée. À partir de cette région, les descendants de ces deux premiers êtres humains ont émigré et, de la migration de sites en sites, de continents en continents, des nombreux humains, descendants de leurs ancêtres et venus du continent africain, ont conquis les peuples. Ils ont colonisé l’ensemble de la planète au terme de milliers d’années de migration.

Les chercheurs généticiens américains qui se sont penchés sur ce phénomène ont publié cette information dans la revue « Nature » en novembre 2000. Cette nouvelle a été republiée par l’hebdomadaire belge le « Vif/L’Express » dans son édition du 22 décembre 2000. L’objectif de ces deux publications était de diffuser la nouvelle de l’apparition de ces deux premiers êtres humains au sein du site susmentionné, en Afrique de l’est, en Abyssinie, il y a cent quarante-trois mille ans. Il s’agissait également d’informer le public sur la durée de la migration des hommes et des femmes issus des deux premiers êtres humains, habitants de l’Afrique, ainsi que sur la durée de la colonisation de la planète par cette humanité. Les deux phénomènes se sont déroulés pendant à peu près cent trente-trois mille ans. En effet, aux environs de 10.000 ans avant Jésus Christ, l’humanité aurait peuplé tous les continents et, a fortiori, toute la terre. Ainsi, tous les hommes et toutes les femmes qui composent l’humanité actuelle possèdent l’ADN de l’Afrique, car leur origine humaine est africaine. Aussi le continent africain, qui est à la fois l’origine de l’humanité et de l’Histoire, est le plus vieux continent de la planète. Il est âgé de cent quarante-trois mille ans : le même âge que l’humanité et l’Histoire.

Dans un même temps, le continent africain est le plus jeune des continents : ses pays, dessinés et créés par la conférence européenne de Berlin en 1885, ont cent trente ans (1885-2015). Issus de la colonisation européenne initiée par la conférence européenne de Berlin en 1885 et nés des indépendances acquises en 1960, les états africains ont cinquante-cinq ans (1960-2015). Il en va de même pour les nations de l’Afrique, nées en même temps que ses états.  Aussitôt nés, ces entités ont été aussitôt adoptées en qualité de nations au sein de la communauté internationale par adhésion automatique et acceptation à l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies). Ainsi, le continent, les états et les nations africains jouissent de l’avantage d’être les plus jeunes entités du globe.

Lors de l’accession à l’indépendance, nos aspirations prioritaires portaient sur l’émancipation de l’Afrique et sur l’épanouissement des peuples africains au cours des quatre décennies qui allaient suivre, de 1960 à 2000. Hélas, cela n’a pas été le cas : ce fut un échec. Déjà, dès le départ, un observateur, le français René Dumont, nous avait avertis dans son livre intitulé « L’Afrique noire est mal partie ». C’était en 1962. Quarante ans plus tard, en 2002, le constat est lisible dans la dramatique question que pose l’observateur franco-américain, Stephen Smith, dans son ouvrage publié en 2003 « Pourquoi l’Afrique meurt ? ». Smith en vient à remarquer que l’Afrique est un continent au présent sans avenir. De fait, l’Afrique est, à la fois, perdue et perdante. Elle est sans avenir, car elle est paralysée en tant que proie des convoitises des puissances dominantes, engagées dans la recolonisation de l’Afrique.

 

Rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique