L’Afrique face aux défis à relever en 2020-2100 : émancipation de l’Afrique, épanouissement des peuples africains, Unité africaine, développement de l’Afrique, Renaissance africaine et panafricanisme

Thème : Les défis manqués de l’Afrique, son avenir, ses enjeux et le panafricanisme d’hier, d’aujourd’hui et du futur.

 Étendu sur la superficie continentale, l’Afrique est un vaste territoire de presque trente et un millions de kilomètres carrés (30.816.000). Le vaste territoire du continent africain est égal à l’étendu des anciennes et actuelles puissances mondiales, à savoir la Chine, l’Europe, le Moyen Orient et les États-Unis d’Amérique. L’Afrique est un géant qui aspire à réaliser l’unité continentale. 

En cette fin 2019, Le continent africain est habité par des populations composées de 1.300 milliards d’Africains et d’Africaines. Le nombre d’habitants était d’environ 300 millions d’habitants à l’époque d’accès de l’Afrique aux indépendances, en 1960. Ce nombre s’élèvera à 2 milliards d’ici les trente prochaines années (2020-2050), c’est-à-dire en 2050. Il se multipliera par 2 fois (presque) pour devenir 4.3 milliards d’habitants africains et africaines d’ici quatre-vingt ans (2020-2100), à la fin de ce XXIème siècle, en 2100. Les habitants du continent africain seront 5 milliards d’Africains d’ici un siècle (2020-2120), en 2120. Cette évolution démographique relève de la surpopulation africaine et constitue un défi énorme auquel l’Afrique est confrontée. L’Union africaine sera-t-elle capable de relever ce défi ?

            Le professeur et panafricaniste Mwayila Tshiyembe a écrit un article intitulé Difficile gestion de l’Union africaine. Il l’a publié dans le bimensuel le Monde diplomatique (février-mars 2005). Dans son introduction, l’auteur indiquait qu’« [e]n juillet 2001 l’Union africaine a remplacé la décevante Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.) » et se posait la question suivante : « Nouvelle institution dans l’histoire du panafricanisme, l’Union africaine saura-t-elle relever les défis continentaux de l’Afrique ?. » Le drame de l’Afrique est qu’elle n’a pas conscience de ces défis continentaux écrits dans les documents et aussitôt envoyés aux oubliettes. En soixante ans, aucun défi n’a été relevé. Tous furent oubliés.

           L’O.U.A. d’abord, et l’Union africaine ensuite, tous deux ont été et sont des outils conçus pour réaliser des objectifs fondamentaux. Ces derniers sont aussi des défis auxquels l’Afrique indépendante devait faire face pendant les soixante ans d’indépendances (1960-2020). Cependant, l’Afrique devra y s’y confronter pendant les prochains quatre-vingt ans de ce XXIème siècle (2020-2100). L’Afrique n’a pas relevé les défis auxquels elle faisait face : elle n’en a pas du tout conscience.

           Pendant les soixante ans d’indépendances africaines, l’Afrique n’a pu gagner aucun défi. Elle n’a pas pu le faire pendant les trente-huit ans de l’existence de l’Organisation de l’Unité africaine (1963-2001). Elle n’a pas pu le faire non plus pendant les dix-huit ans de l’existence de l’Union africaine (2001-2019). Par conséquent, l’Afrique, sortie de la colonisation européenne en 1960 et, depuis lors, mal partie, est en train d’aboutir à ses soixante ans d’indépendances en étant un continent en faillite globale ; une faillite qui est politique, économique, sociale, culturelle, morale, humaine, entre autre choses.

L’observateur Stephen Smith, qui a parcouru le continent africain pendant les vingt ans du XXème siècle pour le compte du journal le Monde, a publié un livre en 2003 dont le sous-titre est la question : « Pourquoi l’Afrique meurt ?. » Smith en vient à la conclusion que l’Afrique est un continent au présent sans avenir. Cet auteur, aujourd’hui professeur dans des universités anglophones, vient de publier un autre ouvrage sur l’Afrique. Celui-ci porte sur l’avenir de la ruée des millions d’Africains vers l’Europe au cours des prochaines décennies. L’Afrique n’aurait pas d’autre issue d’avenir que de poursuivre l’émigration en masses de ses populations vers l’Europe. En effet, ces populations ne peuvent rester sur leur propre continent où elles n’ont aucun espoir d’avenir. Des milliers, bientôt des millions, d’Africains et Africaines de tous les âges seront poussés par le désespoir et quitteront l’Afrique pour émigrer en Europe. Ils seront à la recherche d’espace et d’espoir de vie partout ailleurs, loin de leurs pays et de leur continent, devenus hostiles à leur existence. Ainsi, les Africains sont contraints de fuir l’Afrique.

            Les défis face auxquels se trouve l’Afrique, mais dont elle n’a ni la conscience ni les moyens pour les relever, sont notamment ceux relatifs aux objectifs de :

  • L’émancipation du continent africain ;
  • L’épanouissement des populations africaines ;
  • L’unité africaine ;
  • Le développement de l’Afrique ;
  • La Renaissance africaine, le panafricanisme ;
  • Le projet d’Union africaine économique, ;
  • Le projet de création de la capitale économique africaine à Kigali-Muhanga, au Rwanda, pays au cœur et véritable carrefour de l’Afrique ;
  • La tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international à Addis-Abéba, en Éthiopie, dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, il y a déjà soixante-et-un ans.

Tous ces objectifs et projets sont des défis que l’Afrique et l’Union africaine sont en charge et doivent relever. Le pourront-elle ?

          L’émancipation de l’Afrique était un objectif et un défi de l’O.U.A. Elle consistait dans le fait de faire du continent africain un acteur de son destin pour devenir une puissance sur un pied d’égalité avec l’Occident et l’Orient. Cette émancipation devait faire de l’Afrique un continent en lutte et en concurrence à armes égales avec l’Occident et l’Orient pour le partage des intérêts, à égalité des chances dans les rapports de forces mondiaux. L’Afrique a raté cet objectif.

          L’épanouissement des populations africaines était un objectif et un défi que l’O.U.A. s’était décidée à réaliser au cours des quarante dernières années du XXème siècle (1960-2000). Il s’agissait de créer en Afrique le mieux-être de chaque Africain et Africaine, et de tous les peuples africains. Au cours de ces soixante ans d’indépendances, c’est le contraire qui s’est produit. Toutes les populations africaines dans l’ensemble du continent nagent dans l’océan de la misère et la pauvreté, du désœuvrement et du chômage, du dénuement et du désespoir. Les peuples africains sont confrontés aux famines, à l’échec de l’alimentation, à la malnutrition, à l’échec de l’habitation, aux défis du manque d’habitats, du manque d’infrastructures de soins de santé, de la mauvaise organisation et du manque de moyens et de structures pour une meilleure éducation et formations professionnelles des jeunes Africains (pour assurer l’avenir du continent et de ses populations) et au défi des centaines de millions d’Africains sans emploi. Surtout, ces peuples sont confrontés au défi de l’Afrique qui perd la face et laisse à la désespérance des milliers aujourd’hui, et des millions demain, d’Africains de tous âges et conditions, poussés à fuir leur patrie où ils n’ont aucun espoir d’avenir. Ces populations sont poussées à se jeter dans l’aventure, à la recherche d’un refuge, espérant une vie partout ailleurs, hors et loin de l’Afrique. Tout cela se fait au péril de leur vie et dans l’indifférence des dirigeants africains.

Des centaines de millions (jusqu’à plus d’un milliard) d’Africains vivent dans la précarité et subissent le drame social commun généré par les inégalités et les injustices sociales qui entretiennent les populations africaines dans la misère et la pauvreté minant l’Afrique. La minorité des quelques milliers de riches Africains, y compris les dirigeants, sont indifférents à cette triste situation. Les riches s’assument dans leur égoïsme, leur cynisme, leur insolence et leur arrogance. En Afrique, les dirigeants désignent leurs boucs émissaires : l’Europe, le colonialisme, l’impérialisme, l’Occident et d’autres encore. Leur argumentation d’autodéfense donne à penser que l’Afrique est encore terra nullius.

          Les deux défis qui étaient les objectifs majeurs de l’O.U.A. ont échoué. L’Union africaine en est l’héritière. Réussira-t-elle à y faire face ? En tant qu’héritière, l’Unité africaine faisait partie des objectifs et des défis de l’Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.). Pourra-t-elle s’occuper de ce défi et réaliser cet objectif majeur, recommandé par le VIIème congrès du panafricanisme, tenu en 1958, à Accra, au Ghana. Le titre résolutif de ce congrès était : « L’Afrique doit s’unir ?. » Au terme de bientôt soixante ans d’indépendances, ce défi n’a pas été relevé.

En réalité, aucun pays africain ne veut être impliqué dans le projet de l’Unité africaine, car il impliquerait la perte des souverainetés héritées de l’accès aux indépendances. Or, perdre la souveraineté est perdre l’indépendance, et personne ne veut perdre son indépendance.

L’Unité africaine est un projet écrit dans la charte de l’O.U.A. et de l’Union africaine. Ce projet n’a jamais fait l’objet d’une réflexion, et encore moins d’un débat. Les populations africaines sont tenues hors et loin de la connaissance de ce projet théorique de leurs dirigeants. Personne ne sait sous quelle forme pourrait se réaliser ce projet d’Unité africaine : une fédération ou une confédération ? Quelqu’un s’en soucie-t-il ou, au fond, tout le monde n’en a cure ?

Le projet d’Unité africaine, qui est à la fois l’objectif et le défi majeurs de l’Afrique, n’a pas été réalisé au cours des soixante ans (1960-2020) de la première époque des indépendances. Il est un fait d’annonce qui n’intéresse personne, car ça n’intéresse ni les dirigeants, ni les peuples africains. En réalité, ce projet, les dirigeants n’y croient pas et n’en veulent pas.

Par contre, les intellectuels africains en rêvent sous diverses formes. Ils rêvent de l’Unité africaine sous la forme d’États-Unis d’Afrique, dans le miroir des États-Unis d’Amérique. C’est un rêve fou, irréalisable : il a fallu trois cent ans (trois siècles) et des circonstances exceptionnelles pour que les États-Unis d’Amérique soient la puissance rêvée par les Africains. Et ces derniers voudraient que, par magie, leur continent devienne la puissance des États-Unis d’Afrique. L’Afrique oublie d’être un modèle européen. La conférence européenne de Berlin, en 1885, a réinventé l’Afrique moderne à l’image de l’Europe, elle-même recréée par le congrès de Vienne, en 1815. Les intellectuels rêvent alors de l’Unité africaine sous forme de l’Empire chinois, dans le miroir de la Chine, qui les fascine. C’est un autre rêve fou. La Chine a bien compris le message de ces intellectuels qui constituent le vivier des futurs dirigeants africains. Elle a réagi en promettant que, après l’époque de rapprochement par la « coopération Chine-Afrique gagnant-gagnant », il y aura la phase fusionnelle de « communauté de destin Chine-Afrique. » Enfin, les intellectuels rêvaient l’Unité africaine sous la formule européenne. L’ancien président de la Libye, Mouammar Kadhafi, initiateur du remplacement de l’Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.), a compris le message de ces intellectuels et de beaucoup de dirigeants Africains. Il a converti l’O.U.A. en Union africaine. Cette conversion a été acceptée au sommet extraordinaire de l’O.U.A., tenu à Syrte, en Libye, en septembre 1999. Le sommet l’a confirmée, par son adoption faite par le XXXVIIIème sommet ordinaire tenu à Lusaka, en Zambie, en juillet 2001. L’Union africaine est, à juste titre, l’homonyme de l’Union européenne qui, de part l’histoire et le voisinage, fait de l’Europe et de l’Afrique deux continents interdépendants.

               L’interdépendance entre l’Afrique et l’Europe est une évidence : l’Afrique a été le récent et actuel présent de l’Europe (1885-2020), tandis que l’Europe est l’actuel présent de l’Afrique. Des milliers d’Africains, et bientôt des millions, se ruent en Europe, fuyant l’Afrique qui est devenue hostile à leur existence. Ces populations cherchent des refuges, des pays d’accueil et un continent d’espoir de vie, vie qui leur est refusée en Afrique.

Des observateurs européens affirment que l’Afrique est l’avenir de l’Europe. Beaucoup d’articles sont publiés sur Youtube sur ce thème.

L’Union africaine se marque par la volonté de l’Afrique de s’aligner sur l’exemple de l’Union européenne en matière de développement. Et, à son tour, l’Union européenne est le bailleur de fonds : elle contribue au budget de fonctionnement de l’Union africaine. Ceci témoigne de la coopération et de l’interdépendance entre l’Europe et l’Afrique, deux continents voisins. Ainsi donc, l’Afrique est l’avenir de l’Europe, et vice-versa. En bref, telle est l’Europe, telle est l’Afrique : l’Europe n’est et ne sera pas les États-Unis. De même, l’Afrique ne sera pas les États-Unis selon le rêve américain.

Enfin, autant les Européens affirment que l’Afrique est l’avenir de l’Europe, autant les Chinois affirment que l’Afrique est l’avenir de la Chine. Les Chinois prônent cela sous la formule de la « communauté de destin Chine-Afrique. » Au terme de soixante ans d’indépendances, l’Afrique serait redevenue terra nullius.

            L’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine font face au défi du développement perçu dans leur vision sous la forme de Renaissance africaine. En effet, certains théoriciens africanistes déconseillent le développement. Ils insistent sur son remplacement par la Renaissance. Or, elle est le fruit du développement. Nous ne pouvons pas nous assurer de la Renaissance africaine sans avoir d’abord réalisé le développement de l’Afrique. 

            Le développement et la Renaissance constituent deux défis jumelés auxquels font face l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine. Elles y font face, mais elles ne peuvent pas les relever, puisqu’elles sont en incapacité d’assumer divers autres défis continentaux du passé et du présent.

            S’agissant du défi de développement qui est à la source de cette Renaissance, la Chine vient de se porter candidate, en remplacement de l’Europe coloniale (1885-1960) et de l’Europe accompagnatrice des indépendances africaines (1960-2020). La Chine souhaite prendre en charge le continent africain pour l’industrialiser et pour créer des infrastructures interafricaines. En clair, la Chine est décidée à développer l’Afrique. Ainsi, c’est à la Chine de s’occuper des défis du développement de l’Afrique et de sa Renaissance, en lieu et place de l’Union africaine.

À L’issue du VIIème sommet Chine-Afrique tenu à Pékin, du 03 au 04 septembre 2018, le gouvernement chinois a mis sur table 60 milliards de dollars US afin de créer des diverses infrastructures africaines et d’industrialiser le continent durant les années à venir. C’est avec un grand enthousiasme que l’Union africaine et tous les États africains présents à ce sommet ont accueilli ce cadeau de l’Empire chinois. Quant à l’Europe, elle estime avoir accompli avec succès sa mission de civilisation de l’Afrique. Il revient à la Chine d’accomplir la mission de l’industrialiser.

L’ancien président de la Côte d’Ivoire, Houphouet Boigny, a prédit que : « Qui aura l’Afrique dominera le monde. » L’Europe, qui a réinventé en 1885 et réorganisé l’Afrique à son image, ne laissera pas ce continent filer aux seules mains de la Chine. Elle gardera la main sur sa voisine et sa protégée (l’Afrique) depuis qu’elle en a pris possession et contrôle, il y a de cela cent-trente-cinq ans (1885-2020). Les deux puissances, l’Europe et la Chine, seront marraines du continent africain en bonne entente, bonne intelligence et en douceur (la soft colonization). Cela a un but : s’assurer que l’Afrique soit à la fois l’avenir de chacune de ces deux puissances, ainsi que l’avenir des populations africaines. En d’autres termes, l’Union africaine n’est pas prête à relever le défi du développement. L’Afrique ne se développera pas : son développement sera engendré par des puissances qui l’assistent et l’exploitent, par des multinationales occidentales et orientales, notamment celles d’Europe et de Chine.

Dans cette situation et face à sa perspective, les populations africaines, notamment une grande partie des jeunes adultes, bouillonnent de colère. Parfois, cette colère explose ici et là, mais elle demeure globalement sous le contrôle de la gouvernance mondiale (de la communauté internationale). Celle-ci use de la diplomatie de réconciliation (c’est le cas de la soft solution des conflits), ou impose des sanctions, ou bien la bastonnade (c’est le cas de la cour pénale internationale où un grand nombre de responsables africains ont été accusés, condamnés et emprisonnés). L’Afrique est une naufragée dans le sous-développement économique et social, ainsi que dans les conflits et guerres sans issues.

Certains observateurs, tel que le célèbre journaliste américain William Pfaff, pensent que c’est à l’Europe, coupable d’avoir colonisé l’Afrique, d’assumer la responsabilité. L’Europe devrait sauver le continent africain du naufrage. Dans un article publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique (en édition du 05 octobre 1994), Pfaff affirme haut et fort que « [s]eule l’Europe peut sauver l’Afrique du naufrage. » Il invite dès lors l’Union européenne à repêcher l’Afrique du naufrage, à la remorquer pendant cinquante ans, voire pendant un siècle, pour lui éviter la disparition.

      Les dirigeants africains sont eux aussi en colère envers cette attitude de la communauté internationale. Les deux colères africaines, celle des peuples et celle des dirigeants, sont maîtrisées dans le lit de l’impuissance des populations, des pays et des États africains. Ces colères et ces querelles ont été canalisées vers des conflits absurdes d’autodestruction, d’autocolonisation et d’autodéshumanisation. Ainsi, l’Afrique en colère, en proie à des querelles et à des conflits armés, ne peut pas s’unir. Elle ne peut pas se pacifier, ne peut pas se développer : elle ne peut rien. Le nom Afrique (de afros oikos, venant du grec ancien et signifiant « maison de l’amitié et de l’amour ») désigne le continent de l’amitié et de l’amour. Si les Grecs antiques revenaient voir ce qu’est devenu ce continent au cours des décennies 1990-2010 de folles violences, de massacres, de conflits armés, d’autodestructions africaines et guerres absurdes, ces mêmes Grecs changeraient d’opinion et l’appelleraient thanaticos oikos. Cette étymologie signifie « maison des violences et de la mort », Thanatique au lieu d’Afrique. Thanatique désignerait alors ce continent livré aux malheurs des guerres.

              Le développement et la Renaissance sont des défis continentaux énormes. Ils comportent plusieurs autres défis connexes auxquels l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine ont été, sont et seront en impossibilité et en incapacité de faire face. L’Afrique ne se développera pas seule. Elle est programmée pour son développement et pour son éventuelle Renaissance sous le partenariat gagnant-gagnant avec l’Europe et la Chine.

             La panafricanisation du continent et des peuples africains (tel que recommandé par la résolution impérative du VIIème congrès du panafricanisme, sous les auspices du leader indépendantistes, panafricaniste et charismatique, Kwamé Nkrumah) est un défi continental auquel l’Union Africaine est appelée à répondre. Au cours des soixante ans d’indépendances africaines, le panafricanisme a perdu de son dynamisme, de son aura et de sa perspective au sein même du continent, où la pédagogie de panafricanisation a été et est un défi en échec.

Le panafricanisme s’entend comme l’esprit et la lumière de patriotisme Africain apporté d’Outre-Atlantique par l’illustre Kwamé Nkrumah, en 1956. Ce leader et militant panafricaniste a organisé et animé deux congrès d’initiation de l’Afrique au panafricanisme :

  1. Le VIème congrès du panafricanisme tenu à Kumasi, au Ghana, en 1956, sous les auspices du militant panafricaniste Kwamé Nkrumah. À l’époque, le Ghana et l’Afrique étaient un pays et un continent sous les colonisations anglaise et européenne. Ce fut le congrès pré-indépendances.
  2. Le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, au lendemain de l’accession du Ghana à son indépendance, le 06 mars 1957. Ce congrès a été parrainé par l’État indépendant et souverain du Ghana, sous la Présidence de Kwamé Nkrumah. Il a été conclu par la résolution historique qui était et est encore aujourd’hui la suivante : « L’Afrique doit s’unir. » Cette résolution impérative fut et est un défi continental auquel l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine ne se sont jamais confrontées.

En 2005, le professeur et panafricaniste Mwayila Tshiyembe se demandait si l’institution de l’Union africaine, qui venait de remplacer l’O.U.A., saurait relever les défis continentaux. Dix-huit ans après la création de l’Union africaine (2001-2019), celle-ci n’a relevé aucun des défis hérités de l’O.U.A. et n’a réalisé aucun des objectifs vitaux du continent africain : l’émancipation de l’Afrique, l’épanouissement des populations africaines, l’unité du continent africain, le développement de l’Afrique, la Renaissance africaine et le panafricanisme qui est l’esprit et la lumière apportés par Kwamé Nkrumah des États-Unis d’Amérique en vue d’en faire le patriotisme africain.

                 L’Afrique est mal partie depuis son accès aux indépendances, il y a soixante ans (1960-2020). Au cours de ce premier cycle de six décennies d’indépendances, le continent africain n’a pas cessé de s’affaiblir et d’être fragilisé. Dans son article intitulé Pourquoi tous ces coups d’État publié par le Monde Diplomatique (édition de février-mars 2005), l’observateur Pierre Franklin Tavarès confirme la situation de faiblesse et de fragilisation de l’Afrique. Il y souligne que le continent est soumis aux lois du monde économique international qui ont réduit l’autorité publique des États africains à l’impuissance. Cet observateur ajoute et appuie que « [a]u total les États africains sont de plus en plus fragilisés. » L’Afrique, dans cet état, est un continent perdant et perdu sur le ring des rapports de forces qui régulent la marche de l’Histoire.

C’est à la lumière de cette situation d’afro-pessimisme que se conclut le cycle des soixante ans d’indépendances africaines (1960-2020). Pour le prochain cycle de quatre-vingt ans d’indépendances africaines et de grands défis à relever, il est recommandé à l’Union africaine de redémarrer l’Afrique de l’avenir au cours de la période 2020-2100 par l’organisation de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international, à Addis-Abéba, en Éthiopie, au début de la prochaine décennie 2020-2030. L’Afrique, partie du mauvais pied au début du cycle des soixante ans, devrait mieux repartir au début des quatre-vingt ans du prochain cycle. Celui-ci exigera de l’Afrique et de l’Union africaine la volonté et la détermination de se confronter à tous les défis qui n’ont pas été réussis. Il veut également qu’elles réalisent tous les objectifs qui ne l’ont pas été au cours du premier cycle en cours de conclusion, à savoir le cycle actuel 1960-2020.

La tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abéba se ferait dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, en 1958, et conclu par la résolution portant sur le défi de l’Unité Africaine : « L’Afrique doit s’unir = Africa must unit. »

              La réussite de l’organisation du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international ouvrirait à l’Union africaine la porte d’accès de la scène des rapports de forces géopolitiques auxquels se livrent les acteurs et les puissances pour réguler la politique mondiale. Ce débat géopolitique initierait l’Union africaine aux capacités de défense et promotion des intérêts supérieurs des peuples et des États africains.

La tenue et réussite du VIIIème congrès mondial du panafricanisme élèveront l’Union africaine au rang de leadership panafricain. Elle sera habilitée à relever les défis continentaux auxquels est confrontée l’Afrique depuis soixante ans d’indépendances et sera confrontée pendant ce XXIème siècle.

              Le succès souhaité de ce futur congrès sera la clé d’un meilleur avenir de l’Afrique et en Afrique, notamment pour le futur de l’émancipation du continent et pour l’épanouissement des populations africaines (l’Afrique arabo-musulmane méditerranéenne ou nord-africaine maghrébine, l’Afrique noire-africaine subsaharienne, et les cinquante-cinq pays, États et nations qui abritent sur leur vaste territoire des millions, et bientôt 5 milliards, d’Africains).

              Telles sont les observations que je formule sur l’actualité africaine marquant la fin du premier cycle des indépendances africaines 1960-2020. Telle est la recommandation que je formule pour démarrer le deuxième cycle des indépendances africaines 2020-2100 via le futur et huitième congrès du panafricanisme à Addis-Abéba, dans le sillage de son prédécesseur, tenu au Ghana en 1958, à la veille de l’accession du continent aux indépendances, dont le premier cycle s’achève alors que le deuxième cycle s’annonce. Je formule ces observations et cette recommandation à l’intention des générations africaines du XXIème siècle, héritières de l’Afrique actuelle. La recommandation d’organiser le VIIIème congrès mondial du panafricanisme international se destine à l’intention de l’Union africaine.

Rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

www.panafricanisme.eu

Le 31.10.2019

L’Afrique dans le concert des pays-états-nations dans le monde.

Thème proposé : réorganisation des trois pôles et défi de l’O.N.U.

L’Organisation des Nations Unies (O.N.U.) constitue le concert des pays-états-nations de l’ensemble de la planète. Le nombre de pays-états-nations reconnus au sein de l’O.N.U. est de 197. L’Afrique y occupe une place importante, car elle y compte 54 pays-états-nations, soit un quart de l’ensemble de ces pays-états-nations membres de l’Organisation des Nations Unies, répartis sur les cinq continents de la planète comme suit :

  1. Le continent de l’Afrique : ………………………………………………………………. 54 pays-états-nations
  2. Le continent de l’Asie : ……………………………………………………………………… 47 pays-états-nations
  3. Le continent de l’Europe : ………………………………………………………………. 45 pays-états-nations
  4. Le continent de l’Amérique : ………………………………………………………….. 35 pays-états-nations
  5. Le continent de l’Océanie : ……………………………………………………………… 14 pays-états-nations

Le monde des pays-états-nations est structuré en triangularité des trois pôles de l’humanité, des cultures et des civilisations. Il s’agit des trois pôles modernes autour du globe qui, depuis le XVème siècle, ont remplacé les trois pôles antiques autour de la Méditerranée, mer qui, jusqu’alors (XVème siècle), était considérée comme l’épicentre du cosmos, du monde : l’Europe, l’Asie et l’Afrique.

Les trois pôles du monde moderne initié par la Renaissance de l’Europe en remplacement des trois pôles de l’Antiquité sont :

  1. Le pôle de l’Occident. Il s’agit de l’Europe et de son extension sur les deux nouveaux continents. L’Occident comprend dès lors les pays-états-nations de l’Europe, d’Amérique et d’Océanie. Globalement, cela fait : 45 pays européens, 35 pays américains et 14 pays océaniens, pour un total de 104 pays occidentaux ;
  2. Le pôle de l’Orient comprend les 47 pays-états-nations de l’Asie ;
  3. Le pôle de l’Afrique comprend les 54 pays-états-nations africains.

Le grand enjeu et l’immense défi de l’O.N.U. sont que la triangularité de l’humanité, des cultures et des civilisations puisse se retrouver en grands équilibres dans des concurrences, à armes égales, et dans des partenariats, à égalité des chances, au bénéfice de tous les hommes et de toutes les femmes de la terre.

Relever ce défi est la condition sine qua non de l’équilibre mondial, au profit de l’égalité et de la justice sociale de l’humanité occidentale, orientale et africaine.

Dans cet enjeu global, d’aucuns pensent qu’une grande responsabilité portant sur les équilibres mondiaux et sur la justice mondiale revient à l’Occident. Cependant, malheureusement, ils sont beaucoup à observer que c’est précisément l’Occident, ayant dans ses mains le destin du monde, qui provoque les déséquilibres dont souffre l’humanité d’hier et aujourd’hui !

 

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 16.07.2016

L’Afrique, le premier volet des aspirations africaines dès 1960 : aspirations à l’émancipation et à l’épanouissement attendus et ratés en 2000.

Thème: le continent africain comme berceau de l’humanité. Victime de la recolonisation des puissances actuelles.

Le continent africain est à la fois le plus vieux et le plus jeune continent de la planète. Il est le plus vieux, car il est le berceau de l’humanité. Grâce à ça, il est aussi l’origine de l’Histoire puisque, sans l’humanité, celle-ci n’existerait pas. La première femme, la mère de l’humanité, et le premier homme, le père de l’humanité, sont apparus et ont existé en Afrique de l’est, dans l’actuelle région d’Abyssinie, composée de l’Éthiopie et de l’Érythrée. À partir de cette région, les descendants de ces deux premiers êtres humains ont émigré et, de la migration de sites en sites, de continents en continents, des nombreux humains, descendants de leurs ancêtres et venus du continent africain, ont conquis les peuples. Ils ont colonisé l’ensemble de la planète au terme de milliers d’années de migration.

Les chercheurs généticiens américains qui se sont penchés sur ce phénomène ont publié cette information dans la revue « Nature » en novembre 2000. Cette nouvelle a été republiée par l’hebdomadaire belge le « Vif/L’Express » dans son édition du 22 décembre 2000. L’objectif de ces deux publications était de diffuser la nouvelle de l’apparition de ces deux premiers êtres humains au sein du site susmentionné, en Afrique de l’est, en Abyssinie, il y a cent quarante-trois mille ans. Il s’agissait également d’informer le public sur la durée de la migration des hommes et des femmes issus des deux premiers êtres humains, habitants de l’Afrique, ainsi que sur la durée de la colonisation de la planète par cette humanité. Les deux phénomènes se sont déroulés pendant à peu près cent trente-trois mille ans. En effet, aux environs de 10.000 ans avant Jésus Christ, l’humanité aurait peuplé tous les continents et, a fortiori, toute la terre. Ainsi, tous les hommes et toutes les femmes qui composent l’humanité actuelle possèdent l’ADN de l’Afrique, car leur origine humaine est africaine. Aussi le continent africain, qui est à la fois l’origine de l’humanité et de l’Histoire, est le plus vieux continent de la planète. Il est âgé de cent quarante-trois mille ans : le même âge que l’humanité et l’Histoire.

Dans un même temps, le continent africain est le plus jeune des continents : ses pays, dessinés et créés par la conférence européenne de Berlin en 1885, ont cent trente ans (1885-2015). Issus de la colonisation européenne initiée par la conférence européenne de Berlin en 1885 et nés des indépendances acquises en 1960, les états africains ont cinquante-cinq ans (1960-2015). Il en va de même pour les nations de l’Afrique, nées en même temps que ses états.  Aussitôt nés, ces entités ont été aussitôt adoptées en qualité de nations au sein de la communauté internationale par adhésion automatique et acceptation à l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies). Ainsi, le continent, les états et les nations africains jouissent de l’avantage d’être les plus jeunes entités du globe.

Lors de l’accession à l’indépendance, nos aspirations prioritaires portaient sur l’émancipation de l’Afrique et sur l’épanouissement des peuples africains au cours des quatre décennies qui allaient suivre, de 1960 à 2000. Hélas, cela n’a pas été le cas : ce fut un échec. Déjà, dès le départ, un observateur, le français René Dumont, nous avait avertis dans son livre intitulé « L’Afrique noire est mal partie ». C’était en 1962. Quarante ans plus tard, en 2002, le constat est lisible dans la dramatique question que pose l’observateur franco-américain, Stephen Smith, dans son ouvrage publié en 2003 « Pourquoi l’Afrique meurt ? ». Smith en vient à remarquer que l’Afrique est un continent au présent sans avenir. De fait, l’Afrique est, à la fois, perdue et perdante. Elle est sans avenir, car elle est paralysée en tant que proie des convoitises des puissances dominantes, engagées dans la recolonisation de l’Afrique.

 

Rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Afrique : de la colonisation à la décolonisation, et de la décolonisation à la recolonisation.

Thème : résumé de l’histoire coloniale en Afrique.

Créés par la conférence diplomatique européenne de Berlin en 1885 (il y a de cela cent trente ans ; 1885-2015), les pays africains ont traversé l’épreuve de la colonisation européenne pendant septante-cinq ans (1885-1960). Ils ont accédé à l’indépendance, au statut d’états souverains et de nations africaines en 1960 (il y a donc cinquante-cinq ans ; 1960-2015). Ce fut la décolonisation. C’est au cours de cette époque de cinquante-cinq ans que, à la suite de la chute du mur de Berlin en 1989, le continent et les pays africains ont basculé de la décolonisation à la recolonisation. En effet, la chute du mur de Berlin a modifié en profondeur les rapports internationaux. Tout d’abord, elle a mis fin à la Guerre froide, ainsi qu’à l’existence des blocs est-ouest et tiers-monde. Ensuite, elle a fait disparaître le bloc de l’est et elle a fait naître des puissances déjà émergentes. À cause de la chute du mur de Berlin, surgit la domination de la planète par la puissance des États-Unis d’Amérique, devenus les seuls maîtres de la planète. Enfin, la chute du mur a précipité le continent et les pays africains au bas de l’échelle, dans le quart-monde, classés P.M.A. (pays les moins avancés). L’Afrique et ses pays sont jugés comme étant sous-développés.

C’est dans ce contexte de l’après chute du mur de Berlin que, depuis un quart de siècle (1990-2015), le continent et les pays africains ont été recolonisés par les nouvelles puissances qui s’imposent dans les rapports de force mondiaux. Ainsi, l’Afrique a été, dans un même temps (au cours de 1990-2015) :

  1. Une province commerciale chinoise : la Chine est devenue l’atelier du monde. Par conséquent, l’Afrique devait lui fournir les matières premières et, ce, dans le cadre de la division internationale du travail qui s’impose ;
  2. Un protectorat américain : dans l’esprit de la pax americana, la pax africana s’est imposée, signifiant que « ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour l’Afrique ». Il en va de même pour le monde : la pax americana pour la pax mundi, « ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour le monde ». Dans l’esprit de ce principe de pax americana équivalente aux pax mundi et pax africana, les États-Unis gèrent le nouvel ordre mondial d’Occident ;
  3. Une zone d’influence accrue de l’Europe : la sécurité de l’Europe dépend très étroitement de la sécurité de l’Afrique. L’Europe a tout intérêt à ce que le continent africain ne devienne pas une terre d’insécurité terroriste ;
  4. Un continent propice aux conquêtes djihadistes : au cours de la période de l’après chute du mur de Berlin (pendant le quart de siècle en considération : 1990-2015), plus de la moitié du continent africain est dans la tourmente, sous la menace des guerres du djihadisme islamiste conquérant. Conquérir l’Afrique fait partie de la géostratégie du nouvel ordre djihadiste qui combat pour la création du califat mondial. Dans cette vision géostratégique djihadiste, la conquête de l’Europe est un enjeu crucial à atteindre par la voie de la conquête de l’Afrique, continent qui devrait servir de bastion djihadiste et de rampe de lancement pour conquérir l’Europe. En clair, dans les nouveaux rapports mondiaux dominés aujourd’hui par les guerres djihadistes au Moyen-Orient et en Afrique, le continent africain sera le théâtre des guerres islamo-djihadistes pendant longtemps.

À ces forces de recolonisation s’ajoute celle de la mondialisation économique. Au sujet de cette puissance, Pierre Franklin Tavares, dans son article « Pourquoi tous ces coups d’états ? » publié par le bimensuel « Le Monde diplomatique » de février-mars 2005, écrit : « la notion de recolonisation “civile” par le monde économique international sied à cette situation. Et elle souligne clairement l’impuissance de l’autorité publique en Afrique ». Tavares ajoute, en soulignant, qu’ « au total, les états africains sont de plus en plus fragilisés ».

 

Rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le continent et les cinquante-cinq pays et états africains

 Thème  : l’afro-optimisme et l’afro-pessimisme (passé, évolution et présent). Les futurs enjeux social et économique de l’Afrique.

 

L’Afrique nouvelle flotte entre l’afro-optimisme et l’afro-pessimisme.

L’Afrique actuelle est en totale faillite économique, sociale et humaine.

Proposition de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme en 2018 à Addis-Abeba.

 

La vieille Afrique, origine de l’humanité et âgée de cent quarante-deux mille ans, meurt à Berlin en 1885 (il y a de cela cent trente-deux ans : 1885-2017), par décision de l’Europe voulant réinventer son voisin du sud de la Méditerranée, le continent africain. Celui-ci, livré depuis des siècles au fléau des esclavagismes, aux guerres interethniques (permanentes depuis des millénaires) ainsi qu’au retard en matière d’évolution, est resté cloué à l’âge de fer, voire à l’âge de pierre (pour certains aspects de son existence). En résumé, l’Afrique stagnait à l’époque d’il y a trois mille ans par rapport au présent.

Ainsi, l’Afrique, dont l’évolution a été bloquée pendant des millénaires, fut incapable d’accéder à l’auto-réinvention.

Par l’entreprise de la conférence européenne de Berlin, l’Europe a mis fin à l’Afrique antique. Elle a conçu et créé l’Afrique nouvelle, née des entrailles de la colonisation européenne en 1960, au terme de trois quarts de siècle (1885-1960) d’accompagnement (c’est-à-dire de colonisation) du continent et des pays africains, nés à Berlin grâce au rassemblement des mille milliers d’entités ethniques constituant la mosaïque d’états premiers (ou primitifs) de l’Afrique précoloniale.

L’Afrique nouvelle et la demi-centaine des nouveaux pays conçus par l’Europe en 1885 ont été créés à l’image des pays et des états modernes européens actuels (eux-mêmes modelés par le Congrès de Vienne de 1815). Cet acte historique fait de l’Afrique nouvelle la fille adoptive du couple Europe-capitalisme, ainsi que la nièce de l’Occident.

Dès l’accession des pays africains aux indépendances en 1960, l’Afrique nouvelle a été traversée par le double courant de l’afro-optimisme et de l’afro-pessimisme. Les deux courants d’opinion animent le continent africain des indépendances depuis bientôt six décennies, soit tout au cours des cinquante-sept ans depuis l’accès aux indépendances (1960-2017).

La première décennie des indépendances (1960-1970) a été marquée par le courant de l’afro-optimisme. Ce sont les accueils des indépendances africaines, du statut d’états accordé aux pays africains (conçus par la conférence de Berlin en 1885), de la qualification de nations africaines accordée à ces nouveaux pays et états indépendants, de l’adhésion de ces pays/états/nations au sein de la communauté internationale en qualité de membres de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.). Il s’agit également de l’accession à la communauté des pays et états africains incarnée par l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) créée en 1963 afin de garantir l’inviolabilité des frontières et l’intégrité des pays africains, devenus états indépendants après la colonisation européenne de 1885 à 1960. Tout cela représente autant d’événements historiques qui ont été la source de l’afro-optimisme au cours des années 1960. Ce fut l’époque d’accès de l’Afrique, morte à Berlin et réinventée par l’Europe à Berlin en 1885, à la Renaissance africaine au travers de l’Afrique nouvelle, des pays et des états africains nouveaux, républicains et démocrates.

Cette renaissance est toujours d’actualité et porte les couleurs des idéaux des républiques et des démocraties. Elle est donc aux couleurs de la Renaissance européenne après le Moyen Âge. Ainsi c’en fut de l’Afrique après la colonisation.

Les trois décennies suivantes (de 1970 à 2000) ont été marquées par le courant contraire : l’afro-pessimisme. Les années 1970-1990 ont été celles des nombreux coups d’état à répétition, des gouvernances de dictatures militaires et de partis uniques. La fin des années 1980-1990, quant à elle, a été marquée par la chute du mur de Berlin entre le bloc capitaliste de l’ouest et le bloc communiste de l’est. Le vent soulevé par cet événement a plongé l’Afrique dans une ère de conflits armés d’absurdes autodestruction, d’auto-colonisation et d’auto-déshumanisation africaines tout au long de la dernière décennie du XXème siècle (1990-2000). Ce fut l’époque du naufrage du continent africain, précipité depuis l’afro-optimisme des années 1960-1970 dans les ténèbres de l’afro-pessimisme généralisé, en Afrique et dans le monde, durant les années 1970-2000.

Dans un article publié par l’hebdomadaire franco-africain « Jeune Afrique » de l’édition du 05 octobre 1994, à propos du naufrage de l’Afrique dans l’abîme de l’afro-pessimisme, le célèbre journaliste new-yorkais William Pfaff soulignait que : « seule l’Europe peut sauver l’Afrique ». Il invita l’Union européenne à entreprendre de tirer du naufrage le continent africain en perdition et de le remorquer vers un meilleur avenir (c’est-à-dire le recoloniser) pendant au moins un demi-siècle, voire pendant un siècle. Dans l’article « L’Afrique suicidaire » publié à la une du journal « Le Monde » du 18 mai 2002, le centrafricain Jean-Paul Ngoupande, professeur universitaire en France, soulignait que le naufrage de l’Afrique est de la faute des dirigeants africains, fossoyeurs des aspirations de leurs peuples. Pour sa part, le journaliste franco-américain Stephen Smith, au terme de vingt ans de parcours à travers l’Afrique, a publié fin 2003 un ouvrage répondant au titre de : « Pourquoi l’Afrique meurt ? ». Il en vient à observer que « l’Afrique est un continent au présent sans avenir ». En clair, l’Afrique naufragée est dans le mur.

Depuis trois à quatre ans (2013-2017), un certain afro-optimisme tente de remonter à la surface. Tel est le cas des annonces proclamant que l’Afrique est un continent d’avenir. C’est aussi le cas du rêve des dirigeants africains de faire de leurs états des pays émergents : ils affichent le rêve de Chines, de Singapours et de Suisses africains. L’Union africaine affiche le rêve des États-Unis d’Afrique. « Le rêve fait vivre: c’est le je rêve, donc j’existe ! ».

À quoi tient cet afro-optimisme de récente actualité ? Il ne s’inspire pas de l’avenir déjà perdu des populations africaines. L’afro-optimisme d’aujourd’hui est notamment l’expression de l’espoir des multinationales du capitalisme occidental et oriental de se tailler des parts de marché sur le vaste continent africain, destiné à devenir un immense marché de commerce et de consommateurs, tel que prévu au troisième volet de l’agenda de Berlin de 1885.

L’Afrique est le continent le plus mondialisé. Dans le contexte de la mondialisation du commerce et de la consommation, l’Afrique compte actuellement 1,2 milliards de consommateurs potentiels qui seront 2 milliards de consommateurs d’ici moins de trente-trois ans, en 2050. C’est un marché d’avenir pour les divers conquérants, comme les multinationales occidentales et orientales en concurrence dans le monde et surtout en Afrique.

À ce titre, le continent africain est un enjeu important et majeur pour les puissances économiques mondiales. Voilà pourquoi, ces derniers temps, nous entendons, ici et là, affirmer que : « l’Afrique est le continent d’avenir ». Ce concept d’afro-optimisme surgit de l’impression que l’Afrique et certains de ses pays se retrouvent sur la voie de la croissance ; voie faisant appel aux investissements destinés à favoriser la transformation du continent africain en marché de commerce et de consommation des produits manufacturés qui séduisent les populations africaines. Ce sont des produits de communication technologique, de beauté cosmétique, de boissons modérément alcoolisées, etc.

L’Afrique a besoin d’investisseurs, et les multinationales d’Occident et d’Orient sont prêtes à satisfaire ce besoin. Ainsi, l’afro-optimisme s’affiche au travers de l’espoir de ces multinationales appelées à développer l’Afrique.

Cette perspective des multinationales qui souhaitent prendre d’assaut l’Afrique pour leurs intérêts rencontre la vision des dirigeants africains qui, eux, rêvent de faire de leurs états des pays mondialisés et émergents. Ainsi, l’afro-optimisme d’intérêts des sociétés multinationales alimente l’afro-optimisme artificiel des dirigeants. Les élites africaines partagent le même afro-optimisme que les dirigeants africains : elles jubilent aux annonces des taux de croissance (pourtant préfabriqués !) attribués à l’Afrique en général et à certains pays africains particulièrement.

Ce sont de faux taux de croissance économique et fabriqués pour épater les dirigeants et les élites africaines. Voilà ce qu’il en est du camp de l’afro-optimisme des multinationales, des dirigeants et des élites d’Afrique.

En ce qui concerne le camp de l’afro-pessimisme dans lequel baigne le continent africain, tout au long de bientôt six décennies des indépendances africaines (1960-2020), l’Afrique a assisté à la déferlante des fuites de ses populations, jeunes et moins jeunes. Celles-ci quittent leurs pays et leur continent malgré tous les risques et périls (par exemple, le risque de perdre la vie) pour aller chercher un meilleur avenir partout ailleurs, notamment en Europe. Pour des millions d’Africains qui fuient le continent des violences, des famines, des conflits armés, de l’autodestruction, de l’auto-colonisation et de l’auto-deshumanisation, l’Afrique n’est pas le continent d’avenir. Au contraire, elle est le continent de la désespérance, le continent qu’ils fuient à tout prix. La fuite en masse de jeunes et de moins jeunes Africains qui meurent dans les déserts africains et dans les mers autour du continent africain (dans les mers Méditerranée, Rouge, dans les océans Atlantique et Indien, etc.) est le signe de la désespérance des populations africaines qui ne voient aucun avenir en Afrique.

Ainsi donc, le mur de l’afro-pessimisme qui se dresse devant elles les poussent à fuir leur continent sans espoir.

Il existe quelque chose de pire que le flottement de l’Afrique entre l’afro-optimisme et l’afro-pessimisme. Le tsunami social africain gronde à l’horizon et s’apprête à s’abattre sur le continent africain, à la surprise des élites et des dirigeants africains : le raz-de-marée des millions de sans-emplois africains, de sans-abris, d’enfants des rues, d’affamés, de chômeurs, de jeunes diplômés livrés à eux-mêmes et à l’illusion de devenir des businessmen imaginaires, de jeunes filles diplômées livrées au commerce de leur corps pour survivre dans l’environnement africain devenu hostile à la jeunesse africaine, et d’Africains jeunes et adultes accablés par la misère, la pauvreté, le désœuvrement et la désespérance. Voilà ce qu’il en est du continent et des peuples africains, tous piégés dans une situation sans issue. Le continent africain est en faillite humaine et sociale.

Les dirigeants et les élites de l’Afrique, toutes catégories confondues, sont dans l’incapacité d’y faire face. Ils n’ont pas les moyens financiers et les capacités pour résoudre les problèmes déchaînés par ce tsunami social. Les multinationales seront les seules capables de leur venir en aide pour faire face à ce tsunami social. En effet, elles seront capables de financer et de gérer les projets et les plans de développement, ainsi que de créer des millions d’emplois pour les millions d’Africains. Il faudra engendrer des centaines de millions d’emplois rémunérateurs en Afrique. C’est à cette condition que les élites et les dirigeants africains pourront réaliser l’épanouissement de leurs peuples et l’émancipation de leur continent, qui, autrement, seront voués à l’avenir de la désespérance de ses populations.

Pour faire face à ce défi d’épanouissement des peuples africains et d’émancipation de l’Afrique, les dirigeants africains, les élites africaines et les multinationales devront négocier un plan Marshall panafricain ayant pour unité de référence l’investissement de 4.000 euros par personne et par an pendant les trois à quatre prochaines décennies. Il faudra tenir compte du fait que les populations africaines actuelles s’élèvent au nombre de 1,2 milliards de personnes africaines, qui seront 2 milliards en 2050, d’ici une génération. Autant dire qu’il faudrait prévoir dès à présent un investissement en Afrique. Nous calculons : 4.000 euros x 2.000.000.000 = 8.000.000.000.000 euros par an, à partir de l’année 2020, pendant les trente à quarante prochaines années, soit au cours des années 2020-2050 ou 2060. À partir de ce constat, il serait judicieux de se poser la question de savoir à qui serait confiée la tâche d’assurer la gestion de ce développement. Les négociateurs susmentionnés (dirigeants africains, élites africaines et multinationales) devront se mettre d’accord sur qui sera chargé de mener cette gestion pour relever le défi du progrès de l’Afrique et des Africains.

La démarche ci-proposée (celle d’utiliser les multinationales de financements et d’investissements en Afrique pour le développement économique et social au bénéfice de l’ensemble des peuples africains) vise à faire du continent africain le protagoniste du destin des populations africaines dans un monde de rapports de force ; un monde au sein duquel, jusqu’à présent, l’Afrique, meurtrie par l’esclavagisme, le colonialisme et la recolonisation, a été un enjeu, une proie, un objet à exploiter pour ses matières premières et un marché de consommateurs en perspective. Le réveil de l’Afrique, pour se libérer des chaînes du passé et pour redessiner elle-même son destin en tant que véritable protagoniste « gagnant-gagnant », est l’objectif réel de cette proposition de négociation portant sur l’avenir de développement économique et social, l’épanouissement et l’émancipation du continent africain et de tous ses peuples rassemblés en une unité, ranimée par et dans la paix, sur la voie du développement.

Les multinationales et les puissances économiques, dont elles émanent, sont des opératrices économiques incontournables partout dans le monde et, en l’occurrence, partout en Afrique. Dès lors, soit l’Afrique les ignore : elle est alors sûre que ces forces l’exploiteront sans contrepartie et sans merci ; soit l’Afrique tente de les combattre : elle peut alors être sûre qu’elle perdra la guerre contre ces entités et, ce, à leur profit. Ou, encore, l’Afrique entreprend de les soumettre au « jeu de partenariat gagnant-gagnant » à son profit. La Chine a opté pour cette solution pendant les quatre dernières décennies (1980-2017). Elle a su attirer et utiliser les multinationales d’Occident au service du remarquable développement économique chinois, au titre d’économie socialiste de marché aux couleurs chinoises. L’Afrique, qui se rêve future Chine ou, en tout cas, qui se songe États-Unis à l’esprit de puissance chinoise, pourra-t-elle domestiquer et maîtriser les multinationales d’Occident et d’Orient au service social des Africains ?

Dans ce cas et par ce choix, il est indispensable que l’Afrique se soumette à l’exigence de s’unir. C’est l’unité africaine.

Cette perspective devrait être l’un des thèmes à l’ordre du jour de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme, proposée à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, à l’occasion du soixantième anniversaire de la proclamation « l’Afrique doit s’unir », résolution du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, à la veille de l’accession de l’Afrique et de ses pays aux indépendances acquises en 1960.

 

Rukira Isidore Jean Baptiste

Áditorialiste Afrique

Le 25.05.2017

L’Afrique nouvelle 1885-2017

Thème  : Naissance de l’Afrique nouvelle et les missions de la conférence de Berlin (réalisation et futur). Développement des enjeux du 3ème volet de la conférence.

L’Afrique nouvelle : programme de la conférence européenne de Berlin de 1885 pour les XXème-XXIème siècles.

Proposition à l’Union africaine d’organiser le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba en 2018.

Message d’appel aux gouvernances africaines rassemblées au sein de l’Union africaine.

L’Afrique est à la fois le plus vieux et le plus jeune des continents. Il est le plus vieux, car il est la terre d’origine de l’humanité depuis 300 mille ans. Il est également le plus jeune, puisqu’il a été réinventé par l’Europe en 1885 (il y a de cela seulement cent trente-deux ans, 1885-2017). Créés en 1885 par la conférence de Berlin, ses pays ont accédé aux indépendances en 1960, soit il y a seulement cinquante-sept ans,1960-2017. Ainsi, l’Afrique se dit nouvelle.

« L’Afrique doit s’unir », telle la résolution du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, sur invitation et sous le haut patronage du président Kwame Nkrumah, panafricaniste et premier chef d’État de la République du Ghana (le premier pays africain subsaharien devenu indépendant le 06 mars 1957). L’accession du Ghana à l’indépendance a été la clé d’ouverture de la porte d’accession aux indépendances de la demi-centaine de pays africains jusqu’alors colonisés par les puissances coloniales européennes depuis septante-cinq ans, depuis 1885. Cette accession massive est advenue dès l’année 1960 qui, dans l’Histoire, se retient comme la date des indépendances africaines.

« L’Afrique doit s’unir » revêt également la forme d’un devoir impératif. Ainsi, il s’agit du cri de joie d’un nouveau-né qui vient au monde et qui annonce la prochaine venue au monde de sa fratrie d’une demi-centaine de nouveau-nés que furent les pays africains ayant accédé aux indépendances en 1960 et au cours des années suivantes. Il s’agit des pays qui ont été conçus par la conférence européenne de Berlin en 1885. Tout d’abord, cette conférence a mis fin à la vieille Afrique figée à l’âge de fer, époque vieille de 3000 ans. L’Afrique nouvelle et ses pays ont été créés par le rassemblement des mille milliers de tribus, d’ethnies, de clans, de castes, de nations et d’états premiers qui constituaient la mosaïque de l’Afrique antique jusqu’en 1885. Les nouveaux pays africains, créés par la conférence européenne de Berlin en 1885 à l’image des pays européens, ont été confiés aux diverses puissances européennes. Ainsi naquit la colonisation qui, pendant septante-cinq ans (1885-1960), a servi l’accompagnement vers l’accession à l’indépendance. L’Afrique nouvelle, ses pays, sa renaissance, ses états en cours de modernisation et ses nations multiculturelles actuelles sont tous issus des entrailles de la colonisation européenne au cours des trois quarts de siècle (de 1885 à 1960). De ce fait, l’Afrique actuelle conçue en 1885 (il y a ce cela cent trente-deux ans,1885-2017) et venue au monde par la porte des indépendances (il y a cinquante-sept ans, 1960-2017) est la fille adoptive de l’Europe et du capitalisme, d’où son statut actuel de continent mondialisé.

La mondialisation de l’Afrique s’oriente vers la perspective de la mise en œuvre du troisième chapitre du programme établi par la conférence de Berlin en 1885 :

  1. La libération du fléau des esclavagismes ;
  2. L’accès à la civilisation européenne ;
  3. Le développement de l’Afrique à se transformer en marché de commerce et de consommateurs.

Ce programme articulé en agenda de la conférence de Berlin de 1885 pour l’Afrique au cours des siècles, le voici :

  1. La première mission portait sur la libération de l’Afrique du fléau des esclavagismes. Le continent en a souffert pendant des siècles, voire des millénaires : l’esclavagisme interne africain, l’esclavagisme arabo-musulman pendant plusieurs siècles (depuis le VIIème siècle), l’esclavagisme euro-américain pendant quatre siècles (du XVème au XIXème siècle). La conférence européenne de Berlin a mis fin à cette catastrophe. Après l’abolition de l’esclavagisme du commerce triangulaire transatlantique Europe-Afrique-Amérique, du XVème au XIXème siècle, il a fallu faire appliquer l’abolition à la source de ce fléau, à savoir en Afrique. Cela justifie la tenue de la conférence européenne de Berlin en 1885. Elle a mis fin à la vieille Afrique, a conçu la nouvelle et a décidé de confier la gestion du continent africain aux puissances européennes. Celles-ci étaient en charge de gouverner sous la formule de la colonisation des nouveaux pays africains, créés par cette conférence grâce au rassemblement des mille milliers de tribus et d’ethnies en une demi-centaine de pays africains modernisables, à l’image des pays européens créés par le Congrès de Vienne en 1815. Ainsi, l’Afrique nouvelle et ses pays ont accédé aux indépendances, à la Renaissance africaine, au statut d’états souverains, de républiques et de démocraties et de nations membres de la communauté internationale par l’adhésion à l’Organisation des Nations Unies (O.N.U), ainsi que membres de la communauté africaine représentée par l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) devenue l’actuelle Union africaine au sein de laquelle sont rassemblés les cinquante-cinq pays, états et nations d’Afrique. À ce stade, depuis 1960, le continent africain libéré des esclavagismes a recouvré sa dignité depuis cinquante-sept ans (1960-2017). L’objectif de la conférence européenne de 1885 a été atteint, puisque sa mission de libération s’est réalisée.
  2. La deuxième mission que s’était fixée la conférence consistait à donner à l’Afrique l’accès à la civilisation. Par la voie des langues européennes, les puissances européennes colonisatrices ont transmis à l’Afrique nouvelle et à ses pays africains indépendants et à ses états souverains l’ADN de la culture et de la civilisation européennes. De ce fait, les nations africaines sont caractérisées par le partage de la multiculturalité marquée par l’européanité faisant de l’Afrique la fille adoptive de l’Europe et du capitalisme européen. Du nord au sud, de l’ouest en est, le continent africain est composé de pays, d’états et de nations multiculturels:
    1. Les pays, états et nations d’Afrique arabo-musulmane, méditerranéenne, anglophone ;
    2. Les pays, états et nations d’Afrique arabo-musulmane, méditerranéenne, francophone;
    3. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, anglophone ;
    4. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, francophone ;
    5. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, lusophone ;
    6. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, hispanophone ;
    7. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, anglophone et swahiliphone.

Les quatre langues européennes ci-mentionnées ont été adoptées comme langues officielles africaines au sein de l’Organisation de l’Unité africaine et de l’Union africaine qui symbolisent l’unité africaine : l’anglais en Afrique anglophone, le français en Afrique francophone, le portugais en Afrique lusophone et l’espagnol en Afrique hispanophone. Ces mêmes langues européennes africanisées servent de communication à l’unité nationale dans la plupart des pays africains multiethniques et multilinguistiques. Ces langues servent de clés de communication diplomatique et d’ouverture de l’Afrique au reste du monde. Autant dire que ce sont des outils indispensables. Un des aspects de la civilisation européenne s’est réalisé par la transmission de ces outils à l’Afrique. Globalement, la seconde mission de la conférence de Berlin 1885 a été accomplie par l’accès aux indépendances en 1960.

  1. La troisième mission de la conférence de Berlin sur l’Afrique en 1885 était de faire du continent un marché de commerce et de consommateurs. Aujourd’hui, cette perspective est en train de se mettre en place. L’avenir de l’Afrique s’inscrit dans le processus de prise en main de l’économie d’investissements par des multinationales capitalistes d’Occident et d’Orient et dans la transformation du continent africain en marché de consommateurs. Ce processus est en cours d’initiation par diverses techniques de marketing pour le commerce et par l’actuelle orientation des investissements occidentaux et orientaux pour satisfaire les besoins des pays africains, à commencer par la satisfaction des besoins énormes en matière d’infrastructures, urbanismes, énergies, etc.

L’Afrique est le nouvel Eldorado des investisseurs, des multinationales du commerce, des affaires et du business.

Cette destinée, qui fait partie du rôle de l’Afrique dans la mondialisation, se dessine pour l’avenir du continent sur toile de fond de l’accomplissement de la troisième mission inscrite dans l’agenda de la conférence de Berlin. Tel est l’itinéraire qu’a accompli l’Afrique nouvelle conçue par la conférence européenne de Berlin en 1885.

Ce voyage sur ce parcours de cent trente-deux ans, de 1885 à 2017, y compris avec les cinquante-sept ans d’indépendances africaines (1960-2017) qui ont fait suite aux septante-cinq ans de colonisation européenne (1885-1960), se poursuit dans le cadre de l’agenda de la conférence qui l’a dessiné en trois chapitres, dont le contenu est esquissé ci-dessus (la libération de l’Afrique du fléau des esclavagismes, la civilisation à l’image de l’Europe et la transformation en marché de commerces).

Cet agenda de la conférence européenne de Berlin 1885 pour l’Afrique couvre le continent sur le long terme. En effet, il s’étendra sur au moins deux ou trois siècles, du XXème siècle jusqu’aux XXIème et XXIIème siècles.

L’Afrique antique, vieille de plusieurs milliers d’années, a pris fin. La conférence européenne de Berlin 1885 a décrété cette fin ; elle a conçu et mis en place l’Afrique nouvelle, fille adoptive de l’Europe et du système du capitalisme qui est appelé à mettre en œuvre le processus d’accès du continent africain au stade de marché économique viable.

Ce processus est en cours dans l’ensemble du continent africain par la voie de techniques de marketing intensif. C’est le cas des fêtes et des cérémonies de miss Afrique, des ventes des produits de communication et/ou de beauté et des transformations de l’Afrique en continent le plus mondialisé dans l’actualité de la mondialisation commerciale.

Tout cela fait partie de la stratégie de conquête économique de l’Afrique, marché de plus de 1,2 milliards de consommateurs potentiels aujourd’hui. Ce vaste marché se montera à 2 milliards de consommateurs réels d’ici 2050.

Toutes les puissances économiques d’Occident et d’Orient sont en course pour se partager ce gros marché. Pour que ce marché fonctionne à plein régime d’intérêts à moyen et long termes au bénéfice des intervenants, il faudra, au besoin, subventionner les consommateurs sous la forme de ce qui s’appellera les « aides au développement ».

Les dirigeants africains, réduits à l’impuissance, sont en charge de favoriser cette prédestination inscrite dans l’agenda de Berlin 1885. Ils sont amenés à se convaincre que le continent africain entrera sur la voie de développement et d’émergence par la transformation de l’Afrique en marché de commerce et de consommateurs.

Tous les gouvernants africains rêvent de faire de leurs états des pays émergents : des Chines, des Singapours et des États-Unis africains. Ce rêve africain est d’actualité. L’Afrique rêve, donc elle existe.

Pour l’Afrique, comme pour tout être vivant, « rêver c’est exister », selon le dicton : « je rêve, donc j’existe ». L’Afrique rêve le meilleur pour elle et pour son futur rôle dans le monde. D’aucuns la croient « le continent d’avenir » !

Cette année 2017 signe la veille de l’année 2018 marquant le soixantième anniversaire de la proclamation de suivante : « l’Afrique doit s’unir ; Africa must unit ». Cette proclamation est la résolution prise à l’issue du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958 sous les auspices du panafricaniste Kwame Nkrumah, premier président du Ghana, premier pays africain subsaharien qui venait d’accéder à l’indépendance le 06.03.1957. L’année 2018 devrait être l’occasion de célébrer le soixantième anniversaire de cet événement majeur visant l’avenir de l’unité africaine. À cet effet, je propose que l’Union africaine envisage d’organiser le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le VIIIème congrès aura à examiner les voies et les moyens d’unité africaine, de développement du continent, d’épanouissement des populations africaines, d’émancipation de l’Afrique et de son progrès dès ce XXIème siècle.

L’organisation de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie en 2018, est indispensable.

En effet, il s’agira d’un événement qui permettrait de mettre en perspective la mise en œuvre des projets de l’unité africaine, consistant notamment en la création des conditions de réalisation des États-Unis d’Afrique et de la future Renaissance africaine dans le cadre de l’agenda panafricain 2013-2063. Cette mise en œuvre serait initiée dès 2021. Le calendrier de cette mise en œuvre couvrirait les quatre prochaines décennies du développement panafricain, soit 2020-2063.

Ce message est un appel à l’intention et à l’attention des gouvernances rassemblées au sein de l’Union africaine.

 

Rukira Isidore Jean Baptiste,

Éditorialiste Afrique

Le 01.07.2017

 

 

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