L’Afrique nouvelle 1885-2017

Thème  : Naissance de l’Afrique nouvelle et les missions de la conférence de Berlin (réalisation et futur). Développement des enjeux du 3ème volet de la conférence.

L’Afrique nouvelle : programme de la conférence européenne de Berlin de 1885 pour les XXème-XXIème siècles.

Proposition à l’Union africaine d’organiser le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba en 2018.

Message d’appel aux gouvernances africaines rassemblées au sein de l’Union africaine.

L’Afrique est à la fois le plus vieux et le plus jeune des continents. Il est le plus vieux, car il est la terre d’origine de l’humanité depuis 300 mille ans. Il est également le plus jeune, puisqu’il a été réinventé par l’Europe en 1885 (il y a de cela seulement cent trente-deux ans, 1885-2017). Créés en 1885 par la conférence de Berlin, ses pays ont accédé aux indépendances en 1960, soit il y a seulement cinquante-sept ans,1960-2017. Ainsi, l’Afrique se dit nouvelle.

« L’Afrique doit s’unir », telle la résolution du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, sur invitation et sous le haut patronage du président Kwame Nkrumah, panafricaniste et premier chef d’État de la République du Ghana (le premier pays africain subsaharien devenu indépendant le 06 mars 1957). L’accession du Ghana à l’indépendance a été la clé d’ouverture de la porte d’accession aux indépendances de la demi-centaine de pays africains jusqu’alors colonisés par les puissances coloniales européennes depuis septante-cinq ans, depuis 1885. Cette accession massive est advenue dès l’année 1960 qui, dans l’Histoire, se retient comme la date des indépendances africaines.

« L’Afrique doit s’unir » revêt également la forme d’un devoir impératif. Ainsi, il s’agit du cri de joie d’un nouveau-né qui vient au monde et qui annonce la prochaine venue au monde de sa fratrie d’une demi-centaine de nouveau-nés que furent les pays africains ayant accédé aux indépendances en 1960 et au cours des années suivantes. Il s’agit des pays qui ont été conçus par la conférence européenne de Berlin en 1885. Tout d’abord, cette conférence a mis fin à la vieille Afrique figée à l’âge de fer, époque vieille de 3000 ans. L’Afrique nouvelle et ses pays ont été créés par le rassemblement des mille milliers de tribus, d’ethnies, de clans, de castes, de nations et d’états premiers qui constituaient la mosaïque de l’Afrique antique jusqu’en 1885. Les nouveaux pays africains, créés par la conférence européenne de Berlin en 1885 à l’image des pays européens, ont été confiés aux diverses puissances européennes. Ainsi naquit la colonisation qui, pendant septante-cinq ans (1885-1960), a servi l’accompagnement vers l’accession à l’indépendance. L’Afrique nouvelle, ses pays, sa renaissance, ses états en cours de modernisation et ses nations multiculturelles actuelles sont tous issus des entrailles de la colonisation européenne au cours des trois quarts de siècle (de 1885 à 1960). De ce fait, l’Afrique actuelle conçue en 1885 (il y a ce cela cent trente-deux ans,1885-2017) et venue au monde par la porte des indépendances (il y a cinquante-sept ans, 1960-2017) est la fille adoptive de l’Europe et du capitalisme, d’où son statut actuel de continent mondialisé.

La mondialisation de l’Afrique s’oriente vers la perspective de la mise en œuvre du troisième chapitre du programme établi par la conférence de Berlin en 1885 :

  1. La libération du fléau des esclavagismes ;
  2. L’accès à la civilisation européenne ;
  3. Le développement de l’Afrique à se transformer en marché de commerce et de consommateurs.

Ce programme articulé en agenda de la conférence de Berlin de 1885 pour l’Afrique au cours des siècles, le voici :

  1. La première mission portait sur la libération de l’Afrique du fléau des esclavagismes. Le continent en a souffert pendant des siècles, voire des millénaires : l’esclavagisme interne africain, l’esclavagisme arabo-musulman pendant plusieurs siècles (depuis le VIIème siècle), l’esclavagisme euro-américain pendant quatre siècles (du XVème au XIXème siècle). La conférence européenne de Berlin a mis fin à cette catastrophe. Après l’abolition de l’esclavagisme du commerce triangulaire transatlantique Europe-Afrique-Amérique, du XVème au XIXème siècle, il a fallu faire appliquer l’abolition à la source de ce fléau, à savoir en Afrique. Cela justifie la tenue de la conférence européenne de Berlin en 1885. Elle a mis fin à la vieille Afrique, a conçu la nouvelle et a décidé de confier la gestion du continent africain aux puissances européennes. Celles-ci étaient en charge de gouverner sous la formule de la colonisation des nouveaux pays africains, créés par cette conférence grâce au rassemblement des mille milliers de tribus et d’ethnies en une demi-centaine de pays africains modernisables, à l’image des pays européens créés par le Congrès de Vienne en 1815. Ainsi, l’Afrique nouvelle et ses pays ont accédé aux indépendances, à la Renaissance africaine, au statut d’états souverains, de républiques et de démocraties et de nations membres de la communauté internationale par l’adhésion à l’Organisation des Nations Unies (O.N.U), ainsi que membres de la communauté africaine représentée par l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) devenue l’actuelle Union africaine au sein de laquelle sont rassemblés les cinquante-cinq pays, états et nations d’Afrique. À ce stade, depuis 1960, le continent africain libéré des esclavagismes a recouvré sa dignité depuis cinquante-sept ans (1960-2017). L’objectif de la conférence européenne de 1885 a été atteint, puisque sa mission de libération s’est réalisée.
  2. La deuxième mission que s’était fixée la conférence consistait à donner à l’Afrique l’accès à la civilisation. Par la voie des langues européennes, les puissances européennes colonisatrices ont transmis à l’Afrique nouvelle et à ses pays africains indépendants et à ses états souverains l’ADN de la culture et de la civilisation européennes. De ce fait, les nations africaines sont caractérisées par le partage de la multiculturalité marquée par l’européanité faisant de l’Afrique la fille adoptive de l’Europe et du capitalisme européen. Du nord au sud, de l’ouest en est, le continent africain est composé de pays, d’états et de nations multiculturels:
    1. Les pays, états et nations d’Afrique arabo-musulmane, méditerranéenne, anglophone ;
    2. Les pays, états et nations d’Afrique arabo-musulmane, méditerranéenne, francophone;
    3. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, anglophone ;
    4. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, francophone ;
    5. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, lusophone ;
    6. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, hispanophone ;
    7. Les pays, états et nations d’Afrique noire, subsaharienne, anglophone et swahiliphone.

Les quatre langues européennes ci-mentionnées ont été adoptées comme langues officielles africaines au sein de l’Organisation de l’Unité africaine et de l’Union africaine qui symbolisent l’unité africaine : l’anglais en Afrique anglophone, le français en Afrique francophone, le portugais en Afrique lusophone et l’espagnol en Afrique hispanophone. Ces mêmes langues européennes africanisées servent de communication à l’unité nationale dans la plupart des pays africains multiethniques et multilinguistiques. Ces langues servent de clés de communication diplomatique et d’ouverture de l’Afrique au reste du monde. Autant dire que ce sont des outils indispensables. Un des aspects de la civilisation européenne s’est réalisé par la transmission de ces outils à l’Afrique. Globalement, la seconde mission de la conférence de Berlin 1885 a été accomplie par l’accès aux indépendances en 1960.

  1. La troisième mission de la conférence de Berlin sur l’Afrique en 1885 était de faire du continent un marché de commerce et de consommateurs. Aujourd’hui, cette perspective est en train de se mettre en place. L’avenir de l’Afrique s’inscrit dans le processus de prise en main de l’économie d’investissements par des multinationales capitalistes d’Occident et d’Orient et dans la transformation du continent africain en marché de consommateurs. Ce processus est en cours d’initiation par diverses techniques de marketing pour le commerce et par l’actuelle orientation des investissements occidentaux et orientaux pour satisfaire les besoins des pays africains, à commencer par la satisfaction des besoins énormes en matière d’infrastructures, urbanismes, énergies, etc.

L’Afrique est le nouvel Eldorado des investisseurs, des multinationales du commerce, des affaires et du business.

Cette destinée, qui fait partie du rôle de l’Afrique dans la mondialisation, se dessine pour l’avenir du continent sur toile de fond de l’accomplissement de la troisième mission inscrite dans l’agenda de la conférence de Berlin. Tel est l’itinéraire qu’a accompli l’Afrique nouvelle conçue par la conférence européenne de Berlin en 1885.

Ce voyage sur ce parcours de cent trente-deux ans, de 1885 à 2017, y compris avec les cinquante-sept ans d’indépendances africaines (1960-2017) qui ont fait suite aux septante-cinq ans de colonisation européenne (1885-1960), se poursuit dans le cadre de l’agenda de la conférence qui l’a dessiné en trois chapitres, dont le contenu est esquissé ci-dessus (la libération de l’Afrique du fléau des esclavagismes, la civilisation à l’image de l’Europe et la transformation en marché de commerces).

Cet agenda de la conférence européenne de Berlin 1885 pour l’Afrique couvre le continent sur le long terme. En effet, il s’étendra sur au moins deux ou trois siècles, du XXème siècle jusqu’aux XXIème et XXIIème siècles.

L’Afrique antique, vieille de plusieurs milliers d’années, a pris fin. La conférence européenne de Berlin 1885 a décrété cette fin ; elle a conçu et mis en place l’Afrique nouvelle, fille adoptive de l’Europe et du système du capitalisme qui est appelé à mettre en œuvre le processus d’accès du continent africain au stade de marché économique viable.

Ce processus est en cours dans l’ensemble du continent africain par la voie de techniques de marketing intensif. C’est le cas des fêtes et des cérémonies de miss Afrique, des ventes des produits de communication et/ou de beauté et des transformations de l’Afrique en continent le plus mondialisé dans l’actualité de la mondialisation commerciale.

Tout cela fait partie de la stratégie de conquête économique de l’Afrique, marché de plus de 1,2 milliards de consommateurs potentiels aujourd’hui. Ce vaste marché se montera à 2 milliards de consommateurs réels d’ici 2050.

Toutes les puissances économiques d’Occident et d’Orient sont en course pour se partager ce gros marché. Pour que ce marché fonctionne à plein régime d’intérêts à moyen et long termes au bénéfice des intervenants, il faudra, au besoin, subventionner les consommateurs sous la forme de ce qui s’appellera les « aides au développement ».

Les dirigeants africains, réduits à l’impuissance, sont en charge de favoriser cette prédestination inscrite dans l’agenda de Berlin 1885. Ils sont amenés à se convaincre que le continent africain entrera sur la voie de développement et d’émergence par la transformation de l’Afrique en marché de commerce et de consommateurs.

Tous les gouvernants africains rêvent de faire de leurs états des pays émergents : des Chines, des Singapours et des États-Unis africains. Ce rêve africain est d’actualité. L’Afrique rêve, donc elle existe.

Pour l’Afrique, comme pour tout être vivant, « rêver c’est exister », selon le dicton : « je rêve, donc j’existe ». L’Afrique rêve le meilleur pour elle et pour son futur rôle dans le monde. D’aucuns la croient « le continent d’avenir » !

Cette année 2017 signe la veille de l’année 2018 marquant le soixantième anniversaire de la proclamation de suivante : « l’Afrique doit s’unir ; Africa must unit ». Cette proclamation est la résolution prise à l’issue du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958 sous les auspices du panafricaniste Kwame Nkrumah, premier président du Ghana, premier pays africain subsaharien qui venait d’accéder à l’indépendance le 06.03.1957. L’année 2018 devrait être l’occasion de célébrer le soixantième anniversaire de cet événement majeur visant l’avenir de l’unité africaine. À cet effet, je propose que l’Union africaine envisage d’organiser le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le VIIIème congrès aura à examiner les voies et les moyens d’unité africaine, de développement du continent, d’épanouissement des populations africaines, d’émancipation de l’Afrique et de son progrès dès ce XXIème siècle.

L’organisation de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie en 2018, est indispensable.

En effet, il s’agira d’un événement qui permettrait de mettre en perspective la mise en œuvre des projets de l’unité africaine, consistant notamment en la création des conditions de réalisation des États-Unis d’Afrique et de la future Renaissance africaine dans le cadre de l’agenda panafricain 2013-2063. Cette mise en œuvre serait initiée dès 2021. Le calendrier de cette mise en œuvre couvrirait les quatre prochaines décennies du développement panafricain, soit 2020-2063.

Ce message est un appel à l’intention et à l’attention des gouvernances rassemblées au sein de l’Union africaine.

 

Rukira Isidore Jean Baptiste,

Éditorialiste Afrique

Le 01.07.2017

 

 

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