Le second volet des aspirations africaines à la suite de l’accession aux indépendances : la conscience, la personnalité et la dignité.

Thème : la conséquence de la recolonisation pour l’Afrique : la perte des valeurs et la migration des populations.

Dès l’accès aux indépendances, le premier volet des aspirations africaines se constituait du désir d’émancipation de l’Afrique et d’épanouissement des peuples africains au cours des quarante dernières années du XXème siècle : 1960-2000. Ce désir a abouti à la déception, puisque la fin du XXème siècle a été marquée par l’échec de ces aspirations. Cet échec se manifeste par la question que pose l’observateur Stephen Smith dans son livre, « Pourquoi l’Afrique meurt ? ».

Le second volet s’articulait autour de la conscience, de la personnalité et de la dignité africaines. Ce sont les trois piliers des valeurs que l’Afrique, les états et les peuples africains devaient conquérir et maîtriser en vue d’être à la hauteur des enjeux des rapports de réels protagonistes au sein de la communauté internationale, dont ils font partie intégrante, depuis l’accession aux indépendances en qualité d’états et de nations. Tel est le cas de leur admission au sein de l’Organisation des Nations Unies, dont les états et les nations africains constituent un grand nombre.

La conscience de l’appartenance à l’Afrique et la conscience de chaque Africain et Africaine d’appartenir à son pays et à sa nation ont été acquises et se sont approfondies au cours des cinquante-cinq années d’indépendance (1960-2015).

Dans ce contexte, tous les Africains et les Africaines jouissent du droit de nationalité, avec le sentiment d’appartenance à l’un ou à l’autre pays africain parmi les cinquante-cinq pays créés par la conférence européenne de Berlin en 1885. Ces pays sont devenus des états africains et des nations multiculturelles suite à leur accession aux indépendances, après septante-cinq ans de colonisation. Par contre, et paradoxalement, il y a eu la perte de la conscience humaine, sociale, politique, économique, morale, historique, panafricaine, etc.

Ce sont autant de valeurs que l’Afrique et les Africains ont perdues et qu’ils doivent s’employer à reconquérir afin de réaliser la Renaissance africaine. Les dirigeants et les populations africains devraient s’engager dans l’action de la reconquête des valeurs de la conscience perdue.

L’idéal de la personnalité africaine a été bousculé et s’est évaporé sous la pression des coups d’état africains qui se sont multipliés dès l’accès aux indépendances et qui se sont poursuivis pendant des décennies. Le plus souvent, ces coups d’état étaient fomentés par des agents privés occidentaux et orientaux dans les pays africains, tel que l’écrit l’observateur Pierre Franklin Tavares dans sa publication intitulée « Pourquoi tous ces coups d’état ? », document publié par le bimensuel « Le Monde diplomatique » de février-mars 2005. Dans ce même document, l’auteur indique que l’Afrique n’a plus d’autorité publique et, ce, à cause de sa recolonisation économique. À ce propos, Tavares souligne : « la notion de recolonisation “civile” par le monde économique international sied à cette situation. Et elle souligne clairement l’impuissance de l’autorité publique en Afrique ». Le continent et les états africains sans autorité sont des sujets sans personnalité. La personnalité africaine est perdue en étant sous la coupe de la mondialisation (l’Afrique est le continent le plus mondialisé) et de la recolonisation.

L’idéal de la dignité africaine fait naufrage dans l’océan de la misère, de la pauvreté, du désœuvrement, du désespoir et de la désespérance des peuples et des populations africains, tous abandonnés à leur sort par les dirigeants africains indifférents et impuissants face aux affaires de la recolonisation. La fuite en masse de millions de jeunes et moins jeunes Africains pour chercher refuge, dans l’espoir d’une vie, d’un avenir et d’une dignité partout ailleurs, loin de leurs pays et de leur continent, notamment en Europe et aux États-Unis, cette fuite est le signe du témoignage de la perte de la dignité africaine.

Le volet des aspirations de l’Afrique et des Africains aux valeurs de la conscience, de la personnalité et de la dignité africaines est un échec total.

                                                        

RUKIRA Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique