60 ans après (1958-2018) : les outils pratiques d’unité africaine, de développement et de paix en afrique de 2020-2100. Traité de gouvernance du développement de l’Afrique par l’union africaine économique, financière et sociale. Le continent africain devra se doter de sa propre capitale économique, financière et de développement social.

Thème : plaidoyer pour Kigali-Muhanga comme seconde capitale de l’Afrique.

Le remplacement de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) par l’U.A. (Union africaine) a été le projet majeur initié en 1999 par le colonel Mouammar Kadhafi, ancien chef d’État de la Libye, assassiné en 2011 au terme de ses quarante-deux ans de présidence de la Libye.

Le leader Mouammar Kadhafi, qui a été d’abord panarabiste unioniste au sein de la ligue arabe et, puis, panafricaniste unioniste au sein de l’O.U.A., a été un remarquable homme politique libyen moqué par les Arabes et adulé par les Africains. Sa louable ambition pour l’Unité africaine l’a amené à concevoir et  à créer l’Institution de l’Union africaine en remplacement de l’Institution de l’Organisation de l’unité africaine. Il a exposé son projet de remplacement de l’O.U.A. par l’U.A. aux chefs d’États et de Gouvernements africains lors du sommet extraordinaire de l’Organisation de l’unité africaine qu’il a convoqué et présidé en Libye, du 18 au 19 septembre 1999.

Lors de ce sommet extraordinaire, le chef d’État libyen, Mouammar Kadhafi, a exposé aux chefs d’État et de Gouvernement de l’O.U.A. son projet de remplacer l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) par l’Union africaine. Au terme de ce sommet, le projet de Kadhafi a été adopté. Il a été décidé qu’il serait soumis à l’adoption du prochain sommet ordinaire de l’O.U.A. qui allait se tenir en 2001 à Lusaka, en Zambie, au début de juillet 2001. Le XXXVIIIème sommet ordinaire annuel de l’O.U.A. (qui fut le dernier de l’Organisation de l’unité africaine) a été tenu à Lusaka, en Zambie, du 09 au 10 Juillet 2001. Cette rencontre au sommet de la gouvernance africaine a adopté le projet de remplacement de l’O.U.A. par l’Union africaine.  Ainsi l’Union africaine est née et l’O.U.A. a disparu.

L’Union africaine a été conçue en deux volets par le président de la Libye, Mouammar Kadhafi :

  1. l’Union africaine avec le volet politique : il s’agit du changement de l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) dans sa continuité ;
  2. l’Union africaine avec le volet économique : il s’agit de la nouveauté et de la véritable raison du remplacement de l’Organisation de l’unité africaine par l’U.A. (Union africaine).

L’Union africaine politique est la continuité de l’O.U.A. au sein de laquelle les hauts dirigeants africains se retrouvent incarnés. L’Union africaine économique est une nouveauté que les hauts dirigeants africains ont ignorée et qui est restée réservée au créateur de l’Union africaine, Mouammar Kadhafi, initiateur et financier des projets réalisés dans divers pays africains. Par exemple, ce fut le cas du vaste projet d’agriculture « Malibya » entrepris et financé par le président Kadhafi, au Mali, pour la sécurité alimentaire.

Suite à la disparition du guide de la Libye, Mouammar Kadhafi (assassiné en octobre 2011 dans son pays lors du printemps arabe), l’Union africaine économique a eu pour effet l’oubli. Ainsi, ce fut la disparition du second volet du projet adopté par le XXXVIIIème sommet de l’O.U.A.

Au lendemain de ce sommet tenu à Lusaka, en Zambie, le journal « Le Monde », à sa page n°4 (réservée aux nouvelles de l’international) a écrit : « L’AFRIQUE VEUT PRENDRE EXEMPLE SUR L’EUROPE POUR FAVORISER SON DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE : l’Organisation de l’unité africaine va disparaître au profit de l’Union africaine ». Ainsi, la raison d’être de l’Union africaine est le développement économique de l’Afrique. Les dirigeants africains ignorent cet objectif fondamental de l’Institution panafricaine, laissée en héritage par M. Kadhafi.

Cela est étonnant, incroyable, mais pourtant vrai : alors que la création de l’Union africaine ouvrait la porte à l’Afrique pour avoir la main mise sur l’économie africaine, les dirigeants africains ont préféré ignorer le volet économique de l’U.A. et s’enfermer dans son volet politique. Le volet politique de l’Union africaine est la continuité  de l’ancienne O.U.A. Les dirigeants africains sont toujours attachés à l’O.U.A., d’où le fait que certains d’entre eux, en 2017, ont manifesté, dans les réseaux sociaux, leur opinion en faveur de la réforme de l’Union africaine. À l’appui de cette opinion, certains intellectuels africains panafricanistes ont mené des débats sur le sujet dans les médias. Et puis, comme d’habitude concernant des sujets difficiles en Afrique, le thème est tombé dans l’oubli et  plus personne n’y pense aujourd’hui.

Pour ma part, j’ai retenu l’importance de cette opinion pour revenir proposer, non pas la réforme, mais la rénovation de l’U.A. La rénovation que je propose passe par la sortie de l’oubli du volet de l’Union africaine économique adopté par le XXXVIIIème sommet de l’O.U.A. à Lusaka, en Zambie, le 10 juillet 2001, et aussitôt oublié par les dirigeants africains. Ceux-ci sont ainsi passés à côté de l’essentiel : ils ont ignoré la substance du projet de remplacement de l’O.U.A., proposé par son initiateur (le colonel M. Kadhafi) et par eux-mêmes, et ils ont accepté à l’issue du sommet extraordinaire de Syrte auquel le guide de la Libye, M. Kadhafi, les avaient convoqués en septembre 1999. La substance essentielle dont il est le cas est le volet l’« Union africaine économique, financière et sociale ». Une fois que ce volet est inexistant, l’Afrique reste, comme c’est le cas depuis toujours, privée de la capacité de maîtriser son développement.

L’Union africaine politique a sa capitale : Addis-Abeba, en Éthiopie. L’Union africaine économique, financière et de développement social panafricain doit être recréée.  Je voudrais proposer de créer la capitale de l’Union africaine pour le développement économique de l’Afrique, le financement des investissements en Afrique et le développement social des peuples africains au site de Kigali-Muhanga, au Rwanda. Il s’agit du site situé sur le territoire rwandais compris entre la rivière Nyabarongo et l’ancienne capitale de la Monarchie du Rwanda, Nyanza. Ce site, à élever au rang de capitale panafricaine de l’économie, de la finance et du développement social du continent africain, est un lieu prédestiné à l’heureux avenir de nouvelle grande ville, deuxième capitale de l’Afrique (la première capitale de l’Afrique étant Addis-Abeba, en Éthiopie, élue capitale de l’O.U.A. en 1963, puis capitale  de l’Union africaine dès son adoption en remplacement de l’O.U.A., en 2001). Il y a lieu de se rappeler que l’usage de deux capitales (la capitale politique et la capitale économique) est une pratique habituelle dans les pays africains. C’est le cas de l’Afrique du Sud  (la capitale politique, Pretoria, et la capitale économique, Johannesburg) ou encore du Nigéria (Lagos pour capitale économique et Abuja pour capitale politique), de la Côte d’Ivoire (Yamoussoukro pour capitale politique et Abidjan pour capitale économique), du Cameroun (Yaoundé pour capitale politique et Douala pour capitale économique) et c’est le cas, en prévision, de la Tanzanie (la ville de Dodoma avait été destinée à devenir la capitale politique, tandis que Dar-Es-Salam serait la capitale économique).

Je propose d’envisager de continuer à destiner Addis-Abeba, en Éthiopie, au rôle de capitale de l’Union africaine politique. Je suggère d’entreprendre la construction de la capitale de l’Union africaine économique, financière et de développement social de toute l’Afrique à Kigali-Muhanga, au Rwanda, ville Internationale en charge d’être la deuxième capitale du continent, capitale économique.

Le développement économique, financier et social est une guerre contre le sous-développement, la régression et pour le progrès du continent et des peuples africains. Pour la gestion de toute guerre, y compris pour la guerre de développement, il faut un quartier général. Cela explique la présente proposition de doter le continent africain d’une capitale économique, en l’occurrence la construction de la métropole de Kigali-Muhanga, au Rwanda. Pour la gestion de la guerre de développement du continent africain, il faut un état-major : cette nécessité justifie la présente proposition de sortir de l’oubli et de  promouvoir au rang d’acteur majeur le volet de l’Union africaine économique, financière et sociale, qui devrait assurer la maîtrise du développement économique, financier et social de l’Afrique.

Tout pays africain pourrait être candidat à l’accueil de la nouvelle ville africaine appelée à devenir la capitale panafricaine de l’économie, la finance et du développement social de l’Afrique. Le choix de proposer le Rwanda pour cet accueil m’a été inspiré par l’atout de ce pays des mille collines. En effet, il se trouve au centre du continent africain. D’une part, le Rwanda se situe à équidistance entre Matadi, au bord de l’océan Atlantique, à l’ouest de l’Afrique et Dar-Es-Salam, au bord de l’océan Indien, à l’est de l’Afrique. D’autre part, le Rwanda se situe à équidistance (au milieu de la verticale) entre le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, et les abords de la mer Méditerranée, en Afrique du Nord. À cause de cette position géographique, le Rwanda fut baptisé « pays au cœur et carrefour de l’Afrique ». C’est un atout extraordinaire dont jouit le Rwanda, qui est appelé à abriter la deuxième capitale de l’Afrique,  la capitale économique. Par ailleurs, le choix et la proposition de Kigali-Muhanga comme capitale économique, financière et de développement social de l’Afrique m’ont été inspirés par le fait que ce site territorial se situe à la source du Nil. Citons : « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae ». Cela signifie : « c’est dans le pays où se trouve la source du Nil que devrait être construite la capitale économique de l’Afrique ». Voilà donc les deux principes et prises en considération qui m’ont dicté les doubles choix et proposition : le choix du Rwanda comme pays destiné à devenir le pays d’accueil de la deuxième future capitale de l’Afrique, ainsi que le choix du site à aménager pour construire la capitale panafricaine économique, financière et sociale, à savoir Kigali-Muhanga, à la source du Nil.

La construction de la deuxième capitale de l’Afrique, la capitale panafricaine Kigali-Muhanga au Rwanda, pourrait être réalisée en trois ans, à l’exemple de la construction de la capitale du Brésil, Brasilia, qui a été réalisée en ce délai, de 1956 à 1959. Plus proche, il y a l’exemple de l’actuelle construction de la nouvelle capitale de l’Égypte, le Caire II. Cette construction en cours était prévue en six mois. Elle a été mise en chantiers au début de cette année 2018. D’après les dernières informations, cette construction est au stade des finitions. La capitale nouvelle de l’Égypte, le Caire II, fonctionnera dès l’année 2019. Je formule la proposition que la mise en chantiers de la capitale économique, financière et sociale de l’Union africaine de l’économie, de la finance et du développement social de l’Afrique à Kigali-Muhanga, au Rwanda, soit mise en chantiers en 2019 pour se terminer après trois ans, soit en 2021. La capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga est l’un des outils pratiques de création de l’Unité africaine, du développement du continent et de la paix en Afrique sur le prochain parcours 2020-2100 de l’Afrique des indépendances.

Le financement de la construction de la nouvelle capitale égyptienne, le Caire II, est estimé à 40 milliards d’euros. Le financement de la construction de la deuxième capitale du continent africain, Kigali-Muhanga, en 2019-2021, pourrait être cinq fois celui du Caire II, soit 200 milliards d’euros, dont les sources négociables seraient l’enveloppe Afrique du P.N.U.D (Programme des Nations Unies pour le développement), de l’Union européenne, de la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds de partout ailleurs.

La métropole panafricaine Kigali-Muhanga, capitale de l’économie, de la finance et du développement social de l’Afrique serait équivalente aux villes de Genève et de Zurich, en Suisse, de Francfort (capitale de la monnaie européenne unique, l’euro), de Luxembourg (capitale des investissements en Europe), de la City de Londres (capitale de la finance au Royaume-Uni, dans l’Empire britannique et en Union européenne), de Shanghai (capitale économique de la Chine) et Hong Kong (capitale de la finance en Chine et en Asie), et, enfin, de Washington (capitale de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international). Dans la perspective d’une réelle capitale de l’économie, de la finance et du développement social du continent africain, Kigali-Muhanga sera le centre des décisions concernant les pays et le continent africains, et portant sur le destin de l’Afrique et de ses peuples. 

L’Union africaine économique, financière et sociale est la raison d’être du projet de remplacement de l’O.U.A. par l’U.A. Malgré cela, aussitôt que ce volet fondamental de l’Union africaine a été adopté, il a été ignoré et oublié. En effet, ce volet principal de l’U.A. a été jeté aux oubliettes depuis dix-sept ans. Les dirigeants africains qui ont signé le remplacement de l’O.U.A. par l’U.A., ainsi que les nouveaux dirigeants africains, tous ont retenu le volet de l’Union africaine politique et oublié le volet de l’Union africaine économique, financière et sociale. Cet oubli signifie que personne ne veut le développement africain en partage sous la gestion commune représentée par l’unité africaine.

L’unité africaine, le développement, le progrès et la paix en Afrique sont des slogans qui se chantent, mais dont personne ne veut payer le prix. L’unité africaine exige que chacun renonce à une partie du précieux sésame qu’est la souveraineté nationale. Le développement et le progrès en partage exigent que tous les pays et états africains se coalisent en véritable « union de partage ». Cependant, la pauvreté, la misère et l’égoïsme, auxquels s’ajoute l’actualité de la corruption, sont des obstacles aussi bien majeurs que dissuasifs contre le partage. Quant à la paix, tout le monde observe que le continent africain est condamné à l’instabilité et aux violences tout autant internes qu’externes. Tout pays africain (surtout les pays de dictatures africaines), qu’il le veuille ou non, est un laboratoire de rebellions armées et violentes. Au terme de soixante ans d’indépendances en faillite, les peuples africains sont frustrés et en colère. Les rebelles sont salués en sauveurs. Cela engendra le risque que l’Afrique soit considérée comme un continent à l’instabilité permanente, incapable de se pacifier, de se développer et de s’unir. En d’autres termes, un continent où les aspirations à la paix, au développement et à l’unité sont des idéaux romantiques et irréalisables.

Tous les pays africains dans la tourmente de la pauvreté, de la misère, du désœuvrement, du dénuement, des famines, de la peur et de la désespérance des populations malmenées par leurs dirigeants sont des bombes à retardement pour des conflits armés, l’autodestruction, l’auto-déshumanisation et l’auto-colonisation africaines. Cela vaut surtout pour les dictatures africaines. Une des formes d’autodestruction est l’actuelle fuite en masses des populations africaines qui cherchent refuge ailleurs, notamment en Europe. Il s’agit de la ruée de jeunes et moins jeunes, d’enfants et d’adultes, poussés à s’enfuir, abandonnant leur continent sans avenir. Effectivement, des milliers et, bientôt, des millions d’Africains sans espoir quittent leurs pays et l’Afrique pour chercher ailleurs une vie pourvue d’une dignité. En presque soixante ans d’indépendances africaines (1960-2020), l’Afrique a perdu tous les espoirs et les aspirations qu’elle nourrissait lors de l’accès aux indépendances en 1960. Elle a perdu les valeurs de la personnalité, de la conscience, de la dignité et de la solidarité africaines. Elle a perdu la voie de l’émancipation africaine et de l’épanouissement de ses populations. L’Afrique est en régression. 

Dans le rapport élaboré par les experts européens en 2005, et dont les extraits ont été publiés par l’hebdomadaire belge le « Vif/L’Express » du 15 juillet 2005 au sujet de la sécurité dans le monde d’avenir, le sous-développement de l’Afrique est défini comme une « bombe à retardement du terrorisme international ». Or, ce à quoi aboutit l’Afrique, après bientôt six décennies d’indépendances, est le sous-développement, lisible dans la fuite de milliers et, bientôt, de millions d’Africains qui, à tout prix, y compris à celui de la perte de leur vie, fuient l’enfer de l’Afrique.

Face à l’Afrique devenue un enfer, et sans avenir pour les populations africaines, les dirigeants africains démissionnent sur tous les fronts, sur tous les plans et à tous les niveaux. Dans un monde des rapports de forces et de défis, l’Afrique est aussi perdante que perdue.

              Il faut arrêter ce désastre et redresser l’Afrique pour la remettre debout et en marche en vue de l’émancipation du continent africain et de l’épanouissement de ses peuples. Voilà l’engagement des chefs d’État et de Gouvernement africains lorsqu’ils ont signé, suite à la proposition du chef d’État de la Libye, Mouammar Kadhafi, formulée et acceptée à Syrte, en septembre 1999, la charte de création de l’Union africaine. La convention signée par les chefs d’État et de Gouvernement africains à Lusaka, en Zambie, le 10 juillet 2001, à l’issue du XXXVIIIème sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) comportait deux volets :

  1. Le volet politique : l’Union africaine politique qui, de fait, consistait en un changement dans la continuité de l’O.U.A. ;
  2. Le volet économique : l’Union africaine économique, financière et de développement social du continent africain. Ce volet, aussitôt signé, a été oublié tout aussi vite, alors qu’il constituait la véritable raison d’être du remplacement de l’O.U.A. par l’Union africaine. Dix-sept ans après la signature de la création de l’Union africaine, le volet principal de la convention a sombré dans l’oubli : il n’existe plus.

À qui revient la faute ? Observateur, je constate que les chefs d’État et de Gouvernement africains sont tombés dans le piège contre lequel ils furent mis en garde par l’O.N.U. (Organisation des Nations Unies), marraine de l’Union africaine. L’envoyé spécial du journal « Le Monde », auteur de l’article intitulé « L’Afrique veut prendre exemple sur l’Europe pour favoriser son développement économique : l’Organisation de l’Unité africaine va disparaître au profit de l’Union africaine » ; dans article publié à la page n°4 réservée aux évènements internationaux, en l’occurrence à l’évènement de la création de l’Union africaine à Lusaka, en Zambie, le 10.07.2001, il est écrit que : « Invité au sommet de Lusaka, le secrétaire général de l’O.N.U., Kofi Annan, a prévenu que « le projet de l’Union africaine demandera des qualités de dirigeants, du courage et de la volonté pour se dégager du passé… À moins que ce projet ne soit suivi d’une rare détermination par vous, les chefs d’États africains du XXIème siècle, il n’aboutira pas » ». Quatre ans après la signature de la création de l’Union africaine à Lusaka, en Zambie, le panafricaniste et professeur Mwayila Tshiyembe a publié, dans le bimensuel du « Le Monde Diplomatique » de février-mars 2005, un écrit titré : « Difficile gestation de l’Union africaine ». Dans l’avant-propos introductif de l’article, le professeur se pose une question de fond. Il écrit : « L’Union africaine a remplacé, en juillet 2001, la décevante Organisation de l’unité africaine. Nouvelle étape dans l’histoire du panafricanisme, l’Union saura-t-elle relever les graves défis continentaux ? ». Plus loin, l’auteur de l’article affirme : « Il est donc impératif de clarifier la nature de l’Union africaine politique et économique, afin d’éviter le piège de l’O.U.A. bis ». En observateur attentif, j’ai saisi cet appel à distinguer l’Union africaine politique de l’Union africaine économique.

          Cet avis du professeur M.Tshiyembe a retenu mon attention. Ainsi, j’en suis venu à observer que l’initiateur et créateur de l’Union africaine, le président libyen Mouammar Kadhafi, avait conçu et proposé ce projet à ses homologues africains qui l’ont adopté en deux volets :

  1. Le volet de l’Union africaine politique qui s’identifie dans l’opération d’un changement dans la continuité de l’O.U.A. ;
  2. Le volet de l’Union africaine économique, financier et de développement social qui constituait la nouveauté et la raison d’être du remplacement de l’Organisation de l’unité africaine par l’Union africaine. Ce deuxième volet a été jeté aux oubliettes. Pourquoi ce volet fondamental fut-il oublié par ceux qui l’ont pourtant adopté et signé ? La réponse à cette question constitue un tabou.

        Le projet de l’Union africaine économique (accepté sous la proposition du leader Mouammar Kadhafi à Syrte, en Libye, en septembre 1999, et signé à Lusaka, en Zambie, à l’issue du sommet de l’O.U.A. qui, par cet acte, a créé l’Union africaine) a été tout simplement filé sous les tapis de l’oubli.

L’Union africaine politique est simple : il s’agit de la continuité de l’O.U.A. L’O.U.A. était simple : ce sont des sommets des chefs d’États et de Gouvernements africains pour le concours des discours solennels. Les sommets, hier de l’O.U.A. et aujourd’hui de l’Union africaine, se comparent aux défilés de mode à l’africaine, d’où une certaine lassitude.

L’Union africaine économique est une nouveauté, donc un défi. Or, l’Afrique est mal à l’aise avec les défis. Elle fait face à mille défis, mais, au cours de ses soixante ans d’indépendances africaines fragiles et fragilisables, l’Afrique n’a jamais relevé un seul de ces défis. Les défis auxquels l’Afrique est amenée à faire face sont soit des patates chaudes qu’elle laisse entre les mains de sa voisine, l’Europe (tel est le cas de la crise migratoire de milliers d’Africains vers l’Europe) ; soit des obstacles qu’elle contourne en laissant croire qu’elle s’en occupe alors qu’elle les a abandonnés (comme, par exemple, le projet d’Unité africaine dont en réalité aucun dirigeant ne veut, mais dont l’idée plane toujours dans l’air) ; soit elle laisse subtilement ces défis pourrir dans les oubliettes (comme pour le volet de l’Union africaine économique).

La remise en lumière de l’Union africaine économique, financière et de développement social du continent africain exige que le rôle qu’elle est appelée à jouer soit défini pour créer les conditions de progrès et d’émancipation de l’Afrique en 2020-2100. L’Union africaine économique, financière et de développement social doit être transformée en société générale panafricaine d’entreprises économiques de développement de l’Afrique, structurée en trois parties comme suit :

  1. L’institution : l’Union africaine économique, financière et sociale transformée en société générale de développement africain ;
  2. La gouvernance : le comité de gestion économique du développement de l’Afrique au XXIème siècle (C.O.G.E.D.A. XXI) ;
  3. L’adresse : la capitale panafricaine de Kigali-Muhanga, au Rwanda, au centre de l’Afrique et à la source du Nil.

L’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement social du continent africain a été adoptée pour être au service du progrès et du mieux-être des populations africaines en Afrique et dans le monde. La seule façon ouverte à cette institution africaine est d’être une société économique générale œuvrant dans la gestion, la promotion et le contrôle de l’économie, de la finance et du financement, de la production et du commerce interafricain et international de tous les biens produits par le continent africain.  

La gouvernance de la société générale panafricaine et économique de développement de l’Afrique sera composée des représentants techniques de haute formation et de grande expérience dans les domaines les plus variés du développement africain. Ce seront les commissaires. Chacun représentera son pays-état, autant dire aujourd’hui cinquante-quatre commissaires du rang d’ambassadeurs, formant le C.O.G.E.D.A. XXI (Comité d’Organisation de la Gestion Économique du Développement de L’Afrique au XXIème siècle). Chacun des commissaires membres du C.O.G.E.D.A.  sera nommé à ce poste par le gouvernement de son pays et confirmé par l’assemblée générale (le sommet) de l’Union africaine politique. Le président de la Commission de l’Union africaine politique sera également président du C.O.G.E.D.A., servant ainsi de lien-rouage entre l’Union africaine politique (dont le siège est établi à Addis-Abeba, en Éthiopie) et l’Union africaine économique, financière et de développement social (dont le siège sera établi à Kigali-Muhanga, au Rwanda). Ainsi donc, les deux volets de l’Union africaine sont une institution bicéphale et doivent fonctionner en harmonie de représentation politique qui revient à l’Union africaine politique basée dans la capitale Addis-Abeba, en Éthiopie, et de représentation économique, financière et social qui revient à l’Union africaine économique et de développement social basée à Kigali-Muhanga, deuxième capitale de l’Afrique, au Rwanda.

          Au Rwanda, Kigali-Muhanga est une métropole à construire au centre de l’Afrique. Pour formuler cette proposition, j’ai retenu le critère de la centralité du site par rapport à l’ensemble du continent africain dont le développement est perçu sous l’angle du ruissellement du sommet à la base et de la centralité africaine (au nord, au sud, à l’est et à l’ouest du continent africain). Le Rwanda, pays des mille collines, est également le pays de la centralité de toute l’Afrique, répondant au titre de « cœur et carrefour de l’Afrique ». Le deuxième critère qui m’inspire pour estimer que la deuxième capitale de l’Afrique, qui sera la capitale de l’économie, de la finance et du développement social de l’ensemble du continent africain, mérite d’être construite à Kigali-Muhanga est le fait géo-historique de la source du Nil. En effet : « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae ». Cela signifie : « c’est dans le pays où se trouve la source du Nil que devrait être construite la capitale économique, financière et du développement social de l’Afrique ».  

La construction de la capitale panafricaine Kigali-Muhanga peut advenir n’importe quand à l’avenir, le mieux étant le plus rapidement possible. Peu importe les circonstances, le mieux et le plus rapidement possible que j’ai retenu dans l’immédiat est au cours des prochaines années 2019-2021, dès que l’Union africaine économique, financière et sociale est mise en lumière pour être mise au service du développement de l’Afrique. Il y a des échéances africaines dont il faut tenir compte de l’urgence:

  1. En 2020 : l’année 2020 est celle de la fin du cycle des soixante ans d’indépendances africaines mal parties et ayant abouti à la faillite humaine et globalement déshumanisante. L’année 2020 marquera la frontière entre le cycle passé des soixante ans et le cycle d’avenir des quatre-vingt années (2020-2100) de nouveaux espoirs d’un redressement pour l’Afrique et d’espérance pour les populations africaines, déçues par le passé. L’année 2021 sera le moment d’un nouveau départ. Il est souhaitable que ce départ soit le meilleur possible pour le continent africain qui, au terme du nouveau cycle 2020-2100, devrait avoir conquis son émancipation et l’épanouissement de ses peuples.
  2. En 2030 : le modèle de développement africain. Jean Joseph Boillot, économiste français et auteur du livre « Chinindiafrique », pense que, en 2030, l’Afrique aura son propre modèle de développement qui la projettera dans le cercle de la Chine et de l’Inde afin de former un groupe économique international et puissant qui remplacera le groupe des B.R.I.C.S. (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud). Les analystes économistes, parmi lesquels Boillot, croient que les B.R.I.C.S. disparaîtront d’ici peu. Pour Boillot, les nouveaux émergents seront la Chine, l’Inde et surtout toute l’Afrique. À elles trois, elles formeront la Chinindiafrique.  La tricéphalie, composée de l’institution de la société économique générale de développement de l’Afrique, du C.O.G.E.D.A. XXI et de la dynamique de la capitale économique panafricaine Kigali-Muhana, devrait, à cette échéance, avoir créé une approche de modèle de développement économique africain au service du progrès du continent africain et de l’émancipation de l’Afrique. L’économiste Thierry Tan, surnommé le prophète du développement économique de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique, démontre que la Côte d’Ivoire, comme tout autre pays africain et le continent africain, peut se doter de l’industrie productive performante en commençant par l’utilisation des produits africains locaux en tant que matières premières, tels que le manioc, la noix de coco, l’ananas, etc. D’après Tan, tout pays africain possède des produits naturels industrialisables. Il ajoute que la différence entre les pays asiatiques émergents, en matière de développement, et les pays africains en sous-développement est que « l’Asie n’a pas de matières premières mais transforme tout, tandis que l’Afrique a toutes sortes de matières premières mais ne transforme rien ». Ces deux économistes m’ont inspiré pour la formulation de ce traité : oui, l’Afrique peut avoir son modèle, d’après l’économiste Jean Joseph Boillot et sur base de la théorie de la tricéphalie exposée ci-dessus. Oui, l’Afrique peut se développer et conquérir le niveau élevé d’émancipation du continent et d’épanouissement des peuples africains, à l’exemple de l’Asie.
  3. En 2050, le continent africain, anciennement peuplé de 250 Millions d’Africains et d’Africaines en 1960 (à l’époque de l’accession aux Indépendances africaines), est peuplé aujourd’hui (environ soixante ans après ; 1960-2020) par 1,2 Milliards d’Africains et d’Africaines. Ces populations africaines seront 2 milliards d’habitants et d’habitantes d’ici une génération, soit une augmentation démographique africaine de 800.000 personnes au cours des prochaines trente et unes années (2018-2050 ; d’ici la moitié du siècle, en 2050). C’est une échéance qui exigera de la tricéphalie (l’institution de la société générale de développement de l’Afrique ou l’Union africaine économique, financière et de développement social, la gouvernance du C.O.G.E.D.A. et la capitale économique panafricaine de Kigali-Muhanga) la capacité à réussir à élever le continent et les peuples africains au stade de développement et de progrès considérables.
  4. En 2063, cette année marquera la fin de cinquante ans de l’agenda 2013-2063 de l’Union africaine politique. Il s’agit de l’agenda de développement économique de l’Afrique au cours des cinquante ans (2013-2063). Le présent traité s’inscrit dans cet agenda 2063 en cours. À cette échéance, la tricéphalie devra faire l’évaluation de son apport aux efforts de réalisation du développement par l’agenda.
  5. En 2080, l’Afrique aura doublé les années d’indépendances, passant de 1960-2020 à 2020-2080, soit cent-vingt ans d’indépendances. La première époque des indépendances africaines (1960-2020) s’achève par le constat de la faillite humaine et déshumanisante. Qu’en sera-t-il de la deuxième époque (2020-2080) qui aura pour l’un des acteurs la tricéphalie ? En effet, c’est pour contribuer aux efforts de réussite de cette deuxième époque des indépendances africaines 2020-2080 et pour faire partie de la tricéphalie que l’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement social vient d’être tirée hors des oubliettes. D’après la vision actuelle, l’époque des prochaines soixante années d’indépendances africaines 2020-2080 devrait être marquée par la réussite. Celle-ci devrait être possible grâce à la dynamique créative de l’institution de l’U.A.E. (Union africaine économique), de la Gouvernance du C.O.G.E.D.A. XXI et de la capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga. Cette dynamique est celle de la réussite.
  6. En 2100, d’après les récentes prévisions statistiques de l’augmentation démographique africaine attendue à la fin du XXIème siècle, le continent africain sera peuplé par 4,3 milliards d’Africains et d’Africaines, soit plus du double des populations africaines (2 milliards) en 2050. Il faudrait que, à la fin du XXIème siècle, les populations africaines, soit 4,3 Milliards, aient la possibilité de jouir du mieux-être et de l’épanouissement au même titre, voire plus que cinquante ans auparavant, c’est-à-dire plus qu’en 2050. Pour cela, les efforts de performance et d’efficacité à déployer par la tricéphalie devront être permanents de 2020 à 2100. Cela veut dire que l’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement social de l’Afrique, que la gouvernance du comité de gestion du développement de l’Afrique au XXIème siècle et que la capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga (toutes les trois des entités qui forment la tricéphalie) seront en action dynamique et constructive en 2020-2100. Cette prochaine époque de quatre-vingt ans devrait être propice pour relever le défi de mettre debout et en marche le continent africain pour le faire exister au même pied d’égalité et à armes égales avec les autres deux majeures composantes de l’humanité (qui font bloc) en triangularité autour de la planète. Nous faisons allusion aux composantes de l’Occident, de l’Orient et de l’Afrique. Il s’agit de tout faire pour donner au continent africain les capacités afin d’être à la hauteur et de saisir les mêmes chances et les mêmes opportunités que ses concurrents (qui sont l’Occident et l’Orient), pour l’émancipation de l’Afrique et le mieux-être de ses peuples.  

Cet avenir du continent africain et de ses peuples est possible à la condition que la tricéphalie en soit la clé. Cette clé est composée de :

  1. L’institution de l’Union africaine économique, financière et de développement Social à convertir en société générale de développement de l’Afrique ;
  2. La gouvernance panafricaine du développement de l’économie africaine consistant en C.O.G.E.D.A. XXI (Comité d’Organisation de la Gestion Économique du Développement de l’Afrique au XXIème siècle) ;
  3. La capitale économique panafricaine de Kigali-Muhanga, à construire au Rwanda, pays prédestiné à être désigné pour abriter la capitale de l’unité économique africaine par le double fait que voici :
  4. Le Rwanda est le cœur et le carrefour d’Afrique. Il est donc le centre géographique du continent. Le Rwanda jouit de l’avantage de la centralité géographique continental, ce qui en fait la prédestination pour la deuxième capitale de l’Afrique ;
  5. Le Rwanda est le pays de la source du Nil. Dans la mémoire historique, s’affirme le fait que « ubi est caput nili, ibi edificando est economicus caput africae ». Cela signifie : « c’est dans le pays où se trouve la source du Nil que devrait être construite la capitale économique, financière et du développement social de l’Afrique ».

Voilà donc les deux faits de prédestination du Rwanda à jouer à l’avenir le rôle du pays de la capitale de l’unité africaine. En effet, aussi longtemps que nous n’aurons pas d’ombre de la capitale de l’unité africaine, cet objectif d’unité en est à sa soixantième année (1958-2018) depuis qu’il a été lancé à l’issue du VIIème congrès du panafricanisme à Accra, au Ghana. Il n’y aura jamais l’Unité africaine.

Grâce à sa prédestination, le Rwanda est une chance pour l’Afrique, et, vice versa, l’Afrique est une chance pour le Rwanda. En 1991, le recensement de la population rwandaise démontrait que ce pays des mille collines était peuplé par 7,150 millions d’habitants. Vingt-sept ans plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui en 2018, le Rwanda a une population de 12 millions d’habitants, la prévision de croissance démographique rwandaise indique que, d’ici 2050, la population rwandaise comptera 22 millions d’habitants. Or, la construction de la capitale économique panafricaine Kigali-Muhanga sera au cours des prochaines années la plus grande entreprise économique donneuse d’emplois directs, indirects et dérivés. En 2050, le Rwanda jouira du plein emploi et du grand progrès au cœur de l’Afrique. Il en sera de même concernant le progrès économique et social dans toute l’Afrique, grâce à la dynamique créative de la tricéphalie.

 

RUKIRA Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 15-08-2018