L’Afrique face aux défis à relever en 2020-2100 : émancipation de l’Afrique, épanouissement des peuples africains, Unité africaine, développement de l’Afrique, Renaissance africaine et panafricanisme

Thème : Les défis manqués de l’Afrique, son avenir, ses enjeux et le panafricanisme d’hier, d’aujourd’hui et du futur.

 Étendu sur la superficie continentale, l’Afrique est un vaste territoire de presque trente et un millions de kilomètres carrés (30.816.000). Le vaste territoire du continent africain est égal à l’étendu des anciennes et actuelles puissances mondiales, à savoir la Chine, l’Europe, le Moyen Orient et les États-Unis d’Amérique. L’Afrique est un géant qui aspire à réaliser l’unité continentale. 

En cette fin 2019, Le continent africain est habité par des populations composées de 1.300 milliards d’Africains et d’Africaines. Le nombre d’habitants était d’environ 300 millions d’habitants à l’époque d’accès de l’Afrique aux indépendances, en 1960. Ce nombre s’élèvera à 2 milliards d’ici les trente prochaines années (2020-2050), c’est-à-dire en 2050. Il se multipliera par 2 fois (presque) pour devenir 4.3 milliards d’habitants africains et africaines d’ici quatre-vingt ans (2020-2100), à la fin de ce XXIème siècle, en 2100. Les habitants du continent africain seront 5 milliards d’Africains d’ici un siècle (2020-2120), en 2120. Cette évolution démographique relève de la surpopulation africaine et constitue un défi énorme auquel l’Afrique est confrontée. L’Union africaine sera-t-elle capable de relever ce défi ?

            Le professeur et panafricaniste Mwayila Tshiyembe a écrit un article intitulé Difficile gestion de l’Union africaine. Il l’a publié dans le bimensuel le Monde diplomatique (février-mars 2005). Dans son introduction, l’auteur indiquait qu’« [e]n juillet 2001 l’Union africaine a remplacé la décevante Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.) » et se posait la question suivante : « Nouvelle institution dans l’histoire du panafricanisme, l’Union africaine saura-t-elle relever les défis continentaux de l’Afrique ?. » Le drame de l’Afrique est qu’elle n’a pas conscience de ces défis continentaux écrits dans les documents et aussitôt envoyés aux oubliettes. En soixante ans, aucun défi n’a été relevé. Tous furent oubliés.

           L’O.U.A. d’abord, et l’Union africaine ensuite, tous deux ont été et sont des outils conçus pour réaliser des objectifs fondamentaux. Ces derniers sont aussi des défis auxquels l’Afrique indépendante devait faire face pendant les soixante ans d’indépendances (1960-2020). Cependant, l’Afrique devra y s’y confronter pendant les prochains quatre-vingt ans de ce XXIème siècle (2020-2100). L’Afrique n’a pas relevé les défis auxquels elle faisait face : elle n’en a pas du tout conscience.

           Pendant les soixante ans d’indépendances africaines, l’Afrique n’a pu gagner aucun défi. Elle n’a pas pu le faire pendant les trente-huit ans de l’existence de l’Organisation de l’Unité africaine (1963-2001). Elle n’a pas pu le faire non plus pendant les dix-huit ans de l’existence de l’Union africaine (2001-2019). Par conséquent, l’Afrique, sortie de la colonisation européenne en 1960 et, depuis lors, mal partie, est en train d’aboutir à ses soixante ans d’indépendances en étant un continent en faillite globale ; une faillite qui est politique, économique, sociale, culturelle, morale, humaine, entre autre choses.

L’observateur Stephen Smith, qui a parcouru le continent africain pendant les vingt ans du XXème siècle pour le compte du journal le Monde, a publié un livre en 2003 dont le sous-titre est la question : « Pourquoi l’Afrique meurt ?. » Smith en vient à la conclusion que l’Afrique est un continent au présent sans avenir. Cet auteur, aujourd’hui professeur dans des universités anglophones, vient de publier un autre ouvrage sur l’Afrique. Celui-ci porte sur l’avenir de la ruée des millions d’Africains vers l’Europe au cours des prochaines décennies. L’Afrique n’aurait pas d’autre issue d’avenir que de poursuivre l’émigration en masses de ses populations vers l’Europe. En effet, ces populations ne peuvent rester sur leur propre continent où elles n’ont aucun espoir d’avenir. Des milliers, bientôt des millions, d’Africains et Africaines de tous les âges seront poussés par le désespoir et quitteront l’Afrique pour émigrer en Europe. Ils seront à la recherche d’espace et d’espoir de vie partout ailleurs, loin de leurs pays et de leur continent, devenus hostiles à leur existence. Ainsi, les Africains sont contraints de fuir l’Afrique.

            Les défis face auxquels se trouve l’Afrique, mais dont elle n’a ni la conscience ni les moyens pour les relever, sont notamment ceux relatifs aux objectifs de :

  • L’émancipation du continent africain ;
  • L’épanouissement des populations africaines ;
  • L’unité africaine ;
  • Le développement de l’Afrique ;
  • La Renaissance africaine, le panafricanisme ;
  • Le projet d’Union africaine économique, ;
  • Le projet de création de la capitale économique africaine à Kigali-Muhanga, au Rwanda, pays au cœur et véritable carrefour de l’Afrique ;
  • La tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international à Addis-Abéba, en Éthiopie, dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, il y a déjà soixante-et-un ans.

Tous ces objectifs et projets sont des défis que l’Afrique et l’Union africaine sont en charge et doivent relever. Le pourront-elle ?

          L’émancipation de l’Afrique était un objectif et un défi de l’O.U.A. Elle consistait dans le fait de faire du continent africain un acteur de son destin pour devenir une puissance sur un pied d’égalité avec l’Occident et l’Orient. Cette émancipation devait faire de l’Afrique un continent en lutte et en concurrence à armes égales avec l’Occident et l’Orient pour le partage des intérêts, à égalité des chances dans les rapports de forces mondiaux. L’Afrique a raté cet objectif.

          L’épanouissement des populations africaines était un objectif et un défi que l’O.U.A. s’était décidée à réaliser au cours des quarante dernières années du XXème siècle (1960-2000). Il s’agissait de créer en Afrique le mieux-être de chaque Africain et Africaine, et de tous les peuples africains. Au cours de ces soixante ans d’indépendances, c’est le contraire qui s’est produit. Toutes les populations africaines dans l’ensemble du continent nagent dans l’océan de la misère et la pauvreté, du désœuvrement et du chômage, du dénuement et du désespoir. Les peuples africains sont confrontés aux famines, à l’échec de l’alimentation, à la malnutrition, à l’échec de l’habitation, aux défis du manque d’habitats, du manque d’infrastructures de soins de santé, de la mauvaise organisation et du manque de moyens et de structures pour une meilleure éducation et formations professionnelles des jeunes Africains (pour assurer l’avenir du continent et de ses populations) et au défi des centaines de millions d’Africains sans emploi. Surtout, ces peuples sont confrontés au défi de l’Afrique qui perd la face et laisse à la désespérance des milliers aujourd’hui, et des millions demain, d’Africains de tous âges et conditions, poussés à fuir leur patrie où ils n’ont aucun espoir d’avenir. Ces populations sont poussées à se jeter dans l’aventure, à la recherche d’un refuge, espérant une vie partout ailleurs, hors et loin de l’Afrique. Tout cela se fait au péril de leur vie et dans l’indifférence des dirigeants africains.

Des centaines de millions (jusqu’à plus d’un milliard) d’Africains vivent dans la précarité et subissent le drame social commun généré par les inégalités et les injustices sociales qui entretiennent les populations africaines dans la misère et la pauvreté minant l’Afrique. La minorité des quelques milliers de riches Africains, y compris les dirigeants, sont indifférents à cette triste situation. Les riches s’assument dans leur égoïsme, leur cynisme, leur insolence et leur arrogance. En Afrique, les dirigeants désignent leurs boucs émissaires : l’Europe, le colonialisme, l’impérialisme, l’Occident et d’autres encore. Leur argumentation d’autodéfense donne à penser que l’Afrique est encore terra nullius.

          Les deux défis qui étaient les objectifs majeurs de l’O.U.A. ont échoué. L’Union africaine en est l’héritière. Réussira-t-elle à y faire face ? En tant qu’héritière, l’Unité africaine faisait partie des objectifs et des défis de l’Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.). Pourra-t-elle s’occuper de ce défi et réaliser cet objectif majeur, recommandé par le VIIème congrès du panafricanisme, tenu en 1958, à Accra, au Ghana. Le titre résolutif de ce congrès était : « L’Afrique doit s’unir ?. » Au terme de bientôt soixante ans d’indépendances, ce défi n’a pas été relevé.

En réalité, aucun pays africain ne veut être impliqué dans le projet de l’Unité africaine, car il impliquerait la perte des souverainetés héritées de l’accès aux indépendances. Or, perdre la souveraineté est perdre l’indépendance, et personne ne veut perdre son indépendance.

L’Unité africaine est un projet écrit dans la charte de l’O.U.A. et de l’Union africaine. Ce projet n’a jamais fait l’objet d’une réflexion, et encore moins d’un débat. Les populations africaines sont tenues hors et loin de la connaissance de ce projet théorique de leurs dirigeants. Personne ne sait sous quelle forme pourrait se réaliser ce projet d’Unité africaine : une fédération ou une confédération ? Quelqu’un s’en soucie-t-il ou, au fond, tout le monde n’en a cure ?

Le projet d’Unité africaine, qui est à la fois l’objectif et le défi majeurs de l’Afrique, n’a pas été réalisé au cours des soixante ans (1960-2020) de la première époque des indépendances. Il est un fait d’annonce qui n’intéresse personne, car ça n’intéresse ni les dirigeants, ni les peuples africains. En réalité, ce projet, les dirigeants n’y croient pas et n’en veulent pas.

Par contre, les intellectuels africains en rêvent sous diverses formes. Ils rêvent de l’Unité africaine sous la forme d’États-Unis d’Afrique, dans le miroir des États-Unis d’Amérique. C’est un rêve fou, irréalisable : il a fallu trois cent ans (trois siècles) et des circonstances exceptionnelles pour que les États-Unis d’Amérique soient la puissance rêvée par les Africains. Et ces derniers voudraient que, par magie, leur continent devienne la puissance des États-Unis d’Afrique. L’Afrique oublie d’être un modèle européen. La conférence européenne de Berlin, en 1885, a réinventé l’Afrique moderne à l’image de l’Europe, elle-même recréée par le congrès de Vienne, en 1815. Les intellectuels rêvent alors de l’Unité africaine sous forme de l’Empire chinois, dans le miroir de la Chine, qui les fascine. C’est un autre rêve fou. La Chine a bien compris le message de ces intellectuels qui constituent le vivier des futurs dirigeants africains. Elle a réagi en promettant que, après l’époque de rapprochement par la « coopération Chine-Afrique gagnant-gagnant », il y aura la phase fusionnelle de « communauté de destin Chine-Afrique. » Enfin, les intellectuels rêvaient l’Unité africaine sous la formule européenne. L’ancien président de la Libye, Mouammar Kadhafi, initiateur du remplacement de l’Organisation de l’Unité africaine (O.U.A.), a compris le message de ces intellectuels et de beaucoup de dirigeants Africains. Il a converti l’O.U.A. en Union africaine. Cette conversion a été acceptée au sommet extraordinaire de l’O.U.A., tenu à Syrte, en Libye, en septembre 1999. Le sommet l’a confirmée, par son adoption faite par le XXXVIIIème sommet ordinaire tenu à Lusaka, en Zambie, en juillet 2001. L’Union africaine est, à juste titre, l’homonyme de l’Union européenne qui, de part l’histoire et le voisinage, fait de l’Europe et de l’Afrique deux continents interdépendants.

               L’interdépendance entre l’Afrique et l’Europe est une évidence : l’Afrique a été le récent et actuel présent de l’Europe (1885-2020), tandis que l’Europe est l’actuel présent de l’Afrique. Des milliers d’Africains, et bientôt des millions, se ruent en Europe, fuyant l’Afrique qui est devenue hostile à leur existence. Ces populations cherchent des refuges, des pays d’accueil et un continent d’espoir de vie, vie qui leur est refusée en Afrique.

Des observateurs européens affirment que l’Afrique est l’avenir de l’Europe. Beaucoup d’articles sont publiés sur Youtube sur ce thème.

L’Union africaine se marque par la volonté de l’Afrique de s’aligner sur l’exemple de l’Union européenne en matière de développement. Et, à son tour, l’Union européenne est le bailleur de fonds : elle contribue au budget de fonctionnement de l’Union africaine. Ceci témoigne de la coopération et de l’interdépendance entre l’Europe et l’Afrique, deux continents voisins. Ainsi donc, l’Afrique est l’avenir de l’Europe, et vice-versa. En bref, telle est l’Europe, telle est l’Afrique : l’Europe n’est et ne sera pas les États-Unis. De même, l’Afrique ne sera pas les États-Unis selon le rêve américain.

Enfin, autant les Européens affirment que l’Afrique est l’avenir de l’Europe, autant les Chinois affirment que l’Afrique est l’avenir de la Chine. Les Chinois prônent cela sous la formule de la « communauté de destin Chine-Afrique. » Au terme de soixante ans d’indépendances, l’Afrique serait redevenue terra nullius.

            L’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine font face au défi du développement perçu dans leur vision sous la forme de Renaissance africaine. En effet, certains théoriciens africanistes déconseillent le développement. Ils insistent sur son remplacement par la Renaissance. Or, elle est le fruit du développement. Nous ne pouvons pas nous assurer de la Renaissance africaine sans avoir d’abord réalisé le développement de l’Afrique. 

            Le développement et la Renaissance constituent deux défis jumelés auxquels font face l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine. Elles y font face, mais elles ne peuvent pas les relever, puisqu’elles sont en incapacité d’assumer divers autres défis continentaux du passé et du présent.

            S’agissant du défi de développement qui est à la source de cette Renaissance, la Chine vient de se porter candidate, en remplacement de l’Europe coloniale (1885-1960) et de l’Europe accompagnatrice des indépendances africaines (1960-2020). La Chine souhaite prendre en charge le continent africain pour l’industrialiser et pour créer des infrastructures interafricaines. En clair, la Chine est décidée à développer l’Afrique. Ainsi, c’est à la Chine de s’occuper des défis du développement de l’Afrique et de sa Renaissance, en lieu et place de l’Union africaine.

À L’issue du VIIème sommet Chine-Afrique tenu à Pékin, du 03 au 04 septembre 2018, le gouvernement chinois a mis sur table 60 milliards de dollars US afin de créer des diverses infrastructures africaines et d’industrialiser le continent durant les années à venir. C’est avec un grand enthousiasme que l’Union africaine et tous les États africains présents à ce sommet ont accueilli ce cadeau de l’Empire chinois. Quant à l’Europe, elle estime avoir accompli avec succès sa mission de civilisation de l’Afrique. Il revient à la Chine d’accomplir la mission de l’industrialiser.

L’ancien président de la Côte d’Ivoire, Houphouet Boigny, a prédit que : « Qui aura l’Afrique dominera le monde. » L’Europe, qui a réinventé en 1885 et réorganisé l’Afrique à son image, ne laissera pas ce continent filer aux seules mains de la Chine. Elle gardera la main sur sa voisine et sa protégée (l’Afrique) depuis qu’elle en a pris possession et contrôle, il y a de cela cent-trente-cinq ans (1885-2020). Les deux puissances, l’Europe et la Chine, seront marraines du continent africain en bonne entente, bonne intelligence et en douceur (la soft colonization). Cela a un but : s’assurer que l’Afrique soit à la fois l’avenir de chacune de ces deux puissances, ainsi que l’avenir des populations africaines. En d’autres termes, l’Union africaine n’est pas prête à relever le défi du développement. L’Afrique ne se développera pas : son développement sera engendré par des puissances qui l’assistent et l’exploitent, par des multinationales occidentales et orientales, notamment celles d’Europe et de Chine.

Dans cette situation et face à sa perspective, les populations africaines, notamment une grande partie des jeunes adultes, bouillonnent de colère. Parfois, cette colère explose ici et là, mais elle demeure globalement sous le contrôle de la gouvernance mondiale (de la communauté internationale). Celle-ci use de la diplomatie de réconciliation (c’est le cas de la soft solution des conflits), ou impose des sanctions, ou bien la bastonnade (c’est le cas de la cour pénale internationale où un grand nombre de responsables africains ont été accusés, condamnés et emprisonnés). L’Afrique est une naufragée dans le sous-développement économique et social, ainsi que dans les conflits et guerres sans issues.

Certains observateurs, tel que le célèbre journaliste américain William Pfaff, pensent que c’est à l’Europe, coupable d’avoir colonisé l’Afrique, d’assumer la responsabilité. L’Europe devrait sauver le continent africain du naufrage. Dans un article publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique (en édition du 05 octobre 1994), Pfaff affirme haut et fort que « [s]eule l’Europe peut sauver l’Afrique du naufrage. » Il invite dès lors l’Union européenne à repêcher l’Afrique du naufrage, à la remorquer pendant cinquante ans, voire pendant un siècle, pour lui éviter la disparition.

      Les dirigeants africains sont eux aussi en colère envers cette attitude de la communauté internationale. Les deux colères africaines, celle des peuples et celle des dirigeants, sont maîtrisées dans le lit de l’impuissance des populations, des pays et des États africains. Ces colères et ces querelles ont été canalisées vers des conflits absurdes d’autodestruction, d’autocolonisation et d’autodéshumanisation. Ainsi, l’Afrique en colère, en proie à des querelles et à des conflits armés, ne peut pas s’unir. Elle ne peut pas se pacifier, ne peut pas se développer : elle ne peut rien. Le nom Afrique (de afros oikos, venant du grec ancien et signifiant « maison de l’amitié et de l’amour ») désigne le continent de l’amitié et de l’amour. Si les Grecs antiques revenaient voir ce qu’est devenu ce continent au cours des décennies 1990-2010 de folles violences, de massacres, de conflits armés, d’autodestructions africaines et guerres absurdes, ces mêmes Grecs changeraient d’opinion et l’appelleraient thanaticos oikos. Cette étymologie signifie « maison des violences et de la mort », Thanatique au lieu d’Afrique. Thanatique désignerait alors ce continent livré aux malheurs des guerres.

              Le développement et la Renaissance sont des défis continentaux énormes. Ils comportent plusieurs autres défis connexes auxquels l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine ont été, sont et seront en impossibilité et en incapacité de faire face. L’Afrique ne se développera pas seule. Elle est programmée pour son développement et pour son éventuelle Renaissance sous le partenariat gagnant-gagnant avec l’Europe et la Chine.

             La panafricanisation du continent et des peuples africains (tel que recommandé par la résolution impérative du VIIème congrès du panafricanisme, sous les auspices du leader indépendantistes, panafricaniste et charismatique, Kwamé Nkrumah) est un défi continental auquel l’Union Africaine est appelée à répondre. Au cours des soixante ans d’indépendances africaines, le panafricanisme a perdu de son dynamisme, de son aura et de sa perspective au sein même du continent, où la pédagogie de panafricanisation a été et est un défi en échec.

Le panafricanisme s’entend comme l’esprit et la lumière de patriotisme Africain apporté d’Outre-Atlantique par l’illustre Kwamé Nkrumah, en 1956. Ce leader et militant panafricaniste a organisé et animé deux congrès d’initiation de l’Afrique au panafricanisme :

  1. Le VIème congrès du panafricanisme tenu à Kumasi, au Ghana, en 1956, sous les auspices du militant panafricaniste Kwamé Nkrumah. À l’époque, le Ghana et l’Afrique étaient un pays et un continent sous les colonisations anglaise et européenne. Ce fut le congrès pré-indépendances.
  2. Le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, au lendemain de l’accession du Ghana à son indépendance, le 06 mars 1957. Ce congrès a été parrainé par l’État indépendant et souverain du Ghana, sous la Présidence de Kwamé Nkrumah. Il a été conclu par la résolution historique qui était et est encore aujourd’hui la suivante : « L’Afrique doit s’unir. » Cette résolution impérative fut et est un défi continental auquel l’Afrique, l’O.U.A. et l’Union africaine ne se sont jamais confrontées.

En 2005, le professeur et panafricaniste Mwayila Tshiyembe se demandait si l’institution de l’Union africaine, qui venait de remplacer l’O.U.A., saurait relever les défis continentaux. Dix-huit ans après la création de l’Union africaine (2001-2019), celle-ci n’a relevé aucun des défis hérités de l’O.U.A. et n’a réalisé aucun des objectifs vitaux du continent africain : l’émancipation de l’Afrique, l’épanouissement des populations africaines, l’unité du continent africain, le développement de l’Afrique, la Renaissance africaine et le panafricanisme qui est l’esprit et la lumière apportés par Kwamé Nkrumah des États-Unis d’Amérique en vue d’en faire le patriotisme africain.

                 L’Afrique est mal partie depuis son accès aux indépendances, il y a soixante ans (1960-2020). Au cours de ce premier cycle de six décennies d’indépendances, le continent africain n’a pas cessé de s’affaiblir et d’être fragilisé. Dans son article intitulé Pourquoi tous ces coups d’État publié par le Monde Diplomatique (édition de février-mars 2005), l’observateur Pierre Franklin Tavarès confirme la situation de faiblesse et de fragilisation de l’Afrique. Il y souligne que le continent est soumis aux lois du monde économique international qui ont réduit l’autorité publique des États africains à l’impuissance. Cet observateur ajoute et appuie que « [a]u total les États africains sont de plus en plus fragilisés. » L’Afrique, dans cet état, est un continent perdant et perdu sur le ring des rapports de forces qui régulent la marche de l’Histoire.

C’est à la lumière de cette situation d’afro-pessimisme que se conclut le cycle des soixante ans d’indépendances africaines (1960-2020). Pour le prochain cycle de quatre-vingt ans d’indépendances africaines et de grands défis à relever, il est recommandé à l’Union africaine de redémarrer l’Afrique de l’avenir au cours de la période 2020-2100 par l’organisation de la tenue du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international, à Addis-Abéba, en Éthiopie, au début de la prochaine décennie 2020-2030. L’Afrique, partie du mauvais pied au début du cycle des soixante ans, devrait mieux repartir au début des quatre-vingt ans du prochain cycle. Celui-ci exigera de l’Afrique et de l’Union africaine la volonté et la détermination de se confronter à tous les défis qui n’ont pas été réussis. Il veut également qu’elles réalisent tous les objectifs qui ne l’ont pas été au cours du premier cycle en cours de conclusion, à savoir le cycle actuel 1960-2020.

La tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abéba se ferait dans le sillage du VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, en 1958, et conclu par la résolution portant sur le défi de l’Unité Africaine : « L’Afrique doit s’unir = Africa must unit. »

              La réussite de l’organisation du VIIIème congrès mondial du panafricanisme international ouvrirait à l’Union africaine la porte d’accès de la scène des rapports de forces géopolitiques auxquels se livrent les acteurs et les puissances pour réguler la politique mondiale. Ce débat géopolitique initierait l’Union africaine aux capacités de défense et promotion des intérêts supérieurs des peuples et des États africains.

La tenue et réussite du VIIIème congrès mondial du panafricanisme élèveront l’Union africaine au rang de leadership panafricain. Elle sera habilitée à relever les défis continentaux auxquels est confrontée l’Afrique depuis soixante ans d’indépendances et sera confrontée pendant ce XXIème siècle.

              Le succès souhaité de ce futur congrès sera la clé d’un meilleur avenir de l’Afrique et en Afrique, notamment pour le futur de l’émancipation du continent et pour l’épanouissement des populations africaines (l’Afrique arabo-musulmane méditerranéenne ou nord-africaine maghrébine, l’Afrique noire-africaine subsaharienne, et les cinquante-cinq pays, États et nations qui abritent sur leur vaste territoire des millions, et bientôt 5 milliards, d’Africains).

              Telles sont les observations que je formule sur l’actualité africaine marquant la fin du premier cycle des indépendances africaines 1960-2020. Telle est la recommandation que je formule pour démarrer le deuxième cycle des indépendances africaines 2020-2100 via le futur et huitième congrès du panafricanisme à Addis-Abéba, dans le sillage de son prédécesseur, tenu au Ghana en 1958, à la veille de l’accession du continent aux indépendances, dont le premier cycle s’achève alors que le deuxième cycle s’annonce. Je formule ces observations et cette recommandation à l’intention des générations africaines du XXIème siècle, héritières de l’Afrique actuelle. La recommandation d’organiser le VIIIème congrès mondial du panafricanisme international se destine à l’intention de l’Union africaine.

Rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

www.panafricanisme.eu

Le 31.10.2019

Afrique : le désœuvrement des centaines de millions d’Africains – plus d’un milliard d’Africains dans la précarité. Pour sauver l’Afrique : proposition de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba (Éthiopie), en 2018.

Thème : évolution de l’Afrique depuis 60 ans : la déception des années d’indépendances et conséquences pour l’Afrique. Avenir de l’Afrique et enjeux du 8ème congrès.

Article sur les soixante ans d’indépendances africaines : observations, réflexion, proposition, recommandation.

Soixante après (1958-2018), l’Afrique est en faillite humaine et globalement déshumanisante : le désœuvrement de centaines de millions d’Africains – Plus d’un milliard d’Africains dans la précarité.

 

Il y aura bientôt soixante ans que l’ensemble du continent africain a accédé aux indépendances. L’espoir de tous les Africains était que les quelques années suivantes signeraient une époque de liberté, de prospérité, de dignité pour chaque Africain individuellement, ainsi que pour tous les Africains collectivement. Cette époque aurait été due grâce, entre autres choses, à la jouissance de l’accès au savoir-faire et au travail rémunérateur des Africains et des Africaines en épanouissement, dans un continent en développement global et en émancipation sociale.

Six décennies depuis lors sont bientôt passées, l’espoir d’alors s’est converti en désespoir d’aujourd’hui pour des millions d’Africains.

Au cours de bientôt soixante années d’indépendances africaines (1960-2020), l’Afrique est tombée dans une énorme régression sociale. Les espoirs et les aspirations des populations africaines sont devenus des rêves, des fantasmes. Les peuples et le continent africains ont subi l’évaporation des valeurs de la personnalité, de la dignité, de la conscience, de la solidarité et de la fraternité africaines. Les Africains ont subi la transformation de leur continent en un théâtre pour les guerres et les conflits armés engendrant des absurdes autodestruction et déshumanisation africaines. En autodestruction, l’Afrique s’est beaucoup déshumanisée et est devenue le continent de l’« Homo Africanus Africani Homini Lupus ». Cela explique la fuite en masse des jeunes et moins jeunes Africains et Africaines ; en désespérance, ces Africains et ces Africaines de tous âges n’ont plus aucun espoir d’avenir en Afrique. Ils sont tous, par milliers et bientôt par millions, poussés à fuir par la pauvreté et la misère, le désœuvrement et le dénuement, les violences et les menaces des gouvernances africaines. Ils sont forcés à quitter leurs pays et leur continent pour fuir en Europe, au Moyen Orient, en Amérique et partout ailleurs dans le monde, dans l’espoir de trouver des pays et des continents d’accueil, loin de l’Afrique, devenue un continent hostile à ses fils et ses filles, dans l’indifférence et/ou l’impuissance des dirigeants africains. En effet, ceux-ci, sans le savoir et sans le vouloir (donc à leur insu), ont, tout au long des six décennies d’indépendances africaines, transformé leurs pays et leur continent en un enfer pour leurs populations. Ainsi, par malheur ou malédiction, les dirigeants africains incarnent de plus en plus un des graves dangers qui menacent les peuples africains : « Africanus Homo Africani Homini Lupus ». Dans l’éditorial de la revue mensuelle « Dialogue » du mois de mai 2000, à l’époque éditée à Bruxelles (Belgique), il est reporté une déclaration d’un prêtre qui venait de visiter plusieurs pays africains. Voici cette déclaration : « Si les frontières des pays africains n’étaient pas hermétiquement fermées, tous les Africains s’en iraient partout ailleurs hors d’Afrique et loin de ces pays où il ne resterait que les présidents et leurs ministres ».

Au terme des bientôt six décennies (1960-2020), cette situation a piégé des peuples africains dans les faillites des indépendances africaines. Exposons rapidement cette situation :

  • Des centaines de millions d’Africains et d’Africaines, jeunes comme adultes, hommes comme femmes, sont sans emploi et en désœuvrement. L’Afrique compte aujourd’hui plus de 1,2 milliards d’habitants, dont plus d’un milliard sont au chômage, face à la précarité. Ce problème social est l’une des tragédies majeures auxquelles fait face le continent piégé dans la pauvreté, la misère, le dénuement et les conflits armés d’autodestruction, d’auto-déshumanisation et d’auto-colonisation absurdes ;
  • Des centaines de millions d’Africains et d’Africaines, jeunes comme adultes, hommes comme femmes, sont minés par la pauvreté et la misère ;
  • Des centaines de millions d’Africains et d’Africaines, jeunes comme adultes, hommes comme femmes, sont dans le dénuement et souffrent de la famine. Dans le monde, d’aucuns pensent que l’Afrique pourrait nourrir tous les habitants de la Terre. Cependant, le fait est que des centaines de millions d’habitants africains souffrent de la famine et de la malnutrition : ils meurent de faim. Les dirigeants africains, impuissants, ne savent pas faire face à cette tragédie qui aggrave la pauvreté et la misère des Africains ;
  • Dans la désespérance, des centaines de millions d’Africains et d’Africaines, jeunes comme adultes, hommes comme femmes, sont contraints de fuir pour quitter leurs pays et leur continent afin chercher ailleurs l’asile politique. Tout cela est dû à la persécution dans leur pays et/ou ils sont des migrants sociaux et économiques, car ils sont sans aucun espoir d’avenir pour leur existence dans leurs pays et dans le continent africains qui les rejettent. L’ensemble des populations africaines est déstabilisé et, à terme, menacé de grand remplacement. Actuellement, voici une esquisse de la situation tragique des peuples africains en souffrance et sans confiance en leurs pays et leur continent dans lesquels des millions d’Africains et d’Africaines (jusqu’à plus d’un milliard) n’ont plus aucun espoir d’avenir ;
  • Des centaines de millions d’enfants sont de la rue, des esclaves ou encore des enfants soldats voués à la pauvreté et à la misère. Ce sont des « sans avenir » : des centaines de millions d’enfants et de jeunes Africains et Africaines sans éducation et sans formation, interdits d’avenir ;
  • Des centaines de millions d’Africains victimes des conflits armés et des absurdes autodestruction et auto-déshumanisation africaines ;
  • Des centaines de millions d’Africains traumatisés par les violences physiques et psychologiques au sein de l’Afrique, instable ;
  • Des centaines de millions d’Africains et d’Africaines, jeunes comme adultes, hommes comme femmes, gisent dans la pauvreté et la misère, dans le dénuement, le désœuvrement, le désespoir, la désespérance, la violence et la tentation de fuir leurs pays et leur continent sans aucun espoir d’avenir pour aller chercher une possibilité de vie, emplie de dignité humaine, partout ailleurs, notamment en Europe. De ce constat, il résulte que plus d’un milliard d’Africains et d’Africaines dans ces conditions malheureuses sont virtuellement autant de malheureux réfugiés dans leurs pays et dans leur continent sans espoir et sans avenir ;
  • Des centaines de millions d’Africains et d’Africaines pauvres et précarisés, désespérés et réfugiés dans leurs propres pays ;
  • Des centaines de millions d’Africains qui subissent au quotidien les injustices du système de la mondialisation qui gouverne l’Afrique, décrochée de la colonisation et raccrochée à la recolonisation, sous la domination des multinationales corruptrices des gouvernements africains, amenés à servir ces nouveaux patrons et non leurs peuples qu’ils sont censés protéger. En référence à ce fait, il y a déjà treize ans, dans son article intitulé « Pourquoi tous ces coups d’état ? », publié par le bimensuel du « Le Monde diplomatique » de février-mars 2005, l’observateur Pierre Franklin Tavares a souligné : « L’incurie des élites africaines achève par ailleurs de réduire à néant les souverainetés […]. La notion de recolonisation “civile” par le monde économique international sied à cette situation. Et souligne clairement l’impuissance de l’autorité publique en Afrique […]. Au total, les états africains se trouvent de plus en plus fragilisés ». À cette fragilisation des états africains s’ajoute leur corruption généralisée. Le rapport de l’O.N.U. sur la gouvernance africaine publié en 2016 démontre que la corruption des dirigeants africains du sommet (les états) à la base (les administrations et les populations) est l’un des obstacles majeurs contre les transformations structurelles (le développement) du continent. Lors du XXXème sommet de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba (Éthiopie), fin janvier 2018, les chefs d’État et de gouvernements africains se sont engagés à mener la lutte contre la corruption, un grand défi contre le présent et l’avenir du continent. Tout le monde doute de cet élan volontariste des corrompus. Lutteront-ils contre la corruption ? Lorsque nous observons, écrit le journaliste Kassim Hassani en partenariat avec la « Libre Afrique » dans l’article publié le 12 février 2018 sur le fléau de la corruption en Afrique, que : « cet engagement des dirigeants africains à lutter contre la corruption soulève de nombreuses interrogations car, si la majorité des chefs d’État se disent contre la corruption, ils restent encore nombreux à en faire usage au quotidien. L’augmentation constante du nombre des dirigeants africains englués dans le scandale de corruption n’est plus seulement un disfonctionnement de la gouvernance, mais est devenue un mode de gouvernance ». L’auteur de l’article en vient à se demander : « comment en sortir ? ». En conclusion du paragraphe suivant, il affirme qu’ « il apparait donc urgent de sortir du déni de responsabilité dans lequel s’enferment les dirigeants africains. En effet, si les chefs d’État africains combattent publiquement la corruption, dans les faits ils font très peu pour endiguer le fléau ». Le continent africain, qui était mal parti à l’époque de l’accession aux indépendances (bientôt soixante ans auparavant), est ainsi paralysé. La corruption est un puissant avatar qui tient l’Afrique entre ses mains, d’où la paralysie de ce continent, voire sa mise à mort. La corruption de l’Afrique du sommet à la base (les chefs d’État, les membres des gouvernements, les dirigeants des administrations à tous les niveaux et dans tous les domaines, etc.) interagit avec d’autres avatars tout autant nuisibles et au détriment des populations et du continent africains. Il s’agit notamment des avatars de violences inhumaines et criminelles au titre de « homo homini lupus», « africanus homo africani homini lupus ». Ces avatars des conflits armés d’autodestructions et d’auto-déshumanisations africaines naquirent du vent dévastateur de la chute du mur de Berlin. Cet événement historique a plongé l’Afrique dans les violences et les conflits armés déstabilisants pour les nouveaux états et les peuples africains depuis peu indépendants (1960-1989).

Au terme de bientôt soixante ans d’indépendances, l’Afrique se retrouve prisonnière des avatars qui la tiennent en faillite : les faillites politique, économique, sociale, sécuritaire, humaine et morale. Dans cette situation de faillite multiple et globale, l’Afrique se transforme en un continent perdant et perdu, ce qui justifie l’observation faite par Smith, auteur du livre publié en octobre 2003, « Pourquoi l’Afrique meurt ? ». Dans le cadre de cette faillite globale et de ce questionnement, l’Afrique se retrouve totalement démunie face aux tragédies de la pauvreté, de la misère, du chômage, du désœuvrement, du désespoir et de la désespérance de plus d’un milliard d’Africains et d’Africaines condamnés au sous-développement. Face à ceux qui interpellent les dirigeants africains au sujet de cette catastrophe générale et surtout de cette faillite humaine africaine, les dirigeants réagissent par le déni de responsabilité et rejettent la faute sur l’Europe. Celle-ci devient alors le bouc émissaire privilégié de l’Afrique, mal partie il y a de cela soixante ans, tombée en faillites humaine, politique, économique, sociale, culturelle, morale, et dans son développement. Au terme de six décennie d’indépendances, le continent africain se retrouve en faillite généralisée. Ces dirigeants nient toute responsabilité en la matière. La faute la plus grave dont ils sont responsables responsabilité qu’ils nient en bloc est celle de la gestion catastrophique des ressources humaines africaines, livrées à la désespérance et à la recherche de voies et de moyens pour quitter l’Afrique qui ne leur offre aucun espoir d’avenir. Les populations africaines n’ont aucune confiance en l’avenir de l’Afrique. Assistant à ce naufrage, certains observateurs pensent que l’Europe devrait envisager de sauver l’Afrique. Par exemple, c’est le cas du journaliste américain William Pfaff qui, dans son article publié dans l’édition de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » du 05 octobre 1994, affirme que : « seule l’Europe peut sauver du naufrage l’Afrique ». Il encourage l’Union européenne à entreprendre de repêcher le continent africain pour le remorquer hors du naufrage afin de le mettre sur la voie de l’avenir pendant cinquante ans, voire pendant un siècle. Cependant, pourquoi l’Europe serait-elle la seule à sauver l’Afrique ? Pourquoi pas l’Union africaine qui est en charge du meilleur avenir de l’Afrique ?

Pour restaurer la confiance perdue des peuples africains, depuis trois ans (depuis 2015) une proposition a été lancée à l’attention de l’Union africaine : il s’agit d’organiser, en 2018, le VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, à l’occasion du soixantième anniversaire de la tenue du VIIème congrès du panafricanisme à Accra, au Ghana, en 1958.

À l’issue de cet événement historique, il a été décidé de lancer un appel : « L’Afrique doit s’unir ». La prochaine tenue du VIIIème congrès du panafricanisme, auquel participeraient les représentants de toutes les populations africaines d’Afrique et de la diaspora africaine en provenance de partout dans le monde, pourrait prendre des résolutions afin sauver les peuples africains en péril. Ceci permettrait de les sauver du déni de ceux qui doivent pourtant les protéger, à savoir les dirigeants africains. Quand ils ne sont pas dans le déni, les dirigeants se complaisent dans le silence complice, tel que le monde entier en a été témoin récemment, à l’occasion de la vente aux enchères des Africains en fuite en Libye.

Par conséquent, je recommande fortement que l’Union africaine organise la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme en cette année 2018.

Ce n’est donc plus à l’Europe de coloniser l’Afrique pour la sauver. C’est à l’Afrique de se remettre debout et en marche pour exister.

 

RUKIRA Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

Le 06.06.2018