Le panafricanisme et la Renaissance africaine.

Thème: Le panafricanisme, sommaire de son origine et de son avenir. 

Le mandat de la présidence de l’Union africaine (2012-2016) s’est déroulé sous l’insigne du panafricanisme et de la Renaissance africaine. D’un seul coup, ces deux thèmes, longtemps ignorés par les élites et par  les dirigeants africains, ont été placés au cœur des débats et des réflexions d’actualité au sein des réseaux sociaux et des mouvements politiques, des jeunes intellectuels africains de tous bords, avec une passion fervente.

Le mouvement culturel du panafricanisme a été créé en outre-Atlantique, aux Amériques, par les descendants des Africains qui, pendant quatre siècles (du XVème au XIXème siècle), ont été les victimes du crime de l’esclavagisme, du commerce triangulaire transatlantique Europe-Afrique-Amérique. Le mouvement du panafricanisme a été lancé en 1900, au lendemain de la tenue de la conférence de Berlin en 1885, qui a mis fin à l’esclavagisme et a plongé le continent africain dans l’océan de la colonisation par l’Europe. Le mouvement du panafricanisme fait partie de la résistance contre le colonialisme et de la lutte pour la perspective de l’unité africaine. En effet, le vocable « panafricanisme » est une contraction issue des trois mots grecs panos, afros et oikos, qui signifient, une fois réunis, « toute l’Afrique », d’où l’expression « panafricanisme ». L’esprit du panafricanisme est à la fois l’âme et le fondement de l’avenir de l’unité africaine, car il rassemble toutes les populations africaines du continent et de la diaspora africaine dans le monde. Il s’agit de tous les peuples africains qui s’élèvent aujourd’hui en 2 milliards de personnes qui, d’ici moins de trente-cinq ans (en 2050), seront 3 milliards.

La perspective de l’unité africaine, animée par l’esprit et l’âme du panafricanisme, sera indispensable, car l’unité du continent africain incarnera le troisième pôle de la triangularité de l’humanité. Cette triangularité s’identifie par trois composantes du monde : l’Occident, l’Orient et l’Afrique.

Sur cette toile de fond, j’ai proposé à l’Union africaine d’envisager l’organisation de la tenue du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, à l’occasion du soixantième anniversaire de la résolution prise par le VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958. Il s’agit de la résolution impérative suivante : « l’Afrique doit s’unir ». La tenue du VIIIème congrès du panafricanisme permettra aux peuples, aux dirigeants et aux élites de l’Afrique d’évaluer la situation du continent et de ses populations dans la marche globale du monde et dans l’évolution universelle de l’humanité ; humanité au sein de laquelle certains souhaitent que tous les hommes et toutes les femmes de la planète jouissent des mêmes avantages, de la joie de vivre et de l’égalité des chances.

J’encourage l’Union africaine qui, sous le mandat de la présidence de sa Commission de 2012-2016, a privilégié la lumière du panafricanisme et a accepté de saisir et de réaliser l’organisation du prochain VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018.

Le thème de la Renaissance africaine est l’un des trois piliers du mandat en cours (2012-2016) de la présidence de l’Union africaine par Madame Dlamini Zuma, sud-africaine (les deux autres piliers étant le panafricanisme et l’agenda africain de 2013-2063).

L’accession des pays africains aux indépendances a été la clé d’accès à l’Afrique nouvelle, et, de facto, la clé d’accès à la Renaissance africaine en cours depuis bientôt six décennies (1960-2020). J’observe que cette réalité de la Renaissance africaine en cours depuis cinquante-six ans (1960-2016) est ignorée par tous ceux qui mènent des recherches, des réflexions et des débats sur ce thème. Pourtant, il s’agit d’une réalité évidente et claire à la lumière des faits.    En effet, la conférence diplomatique européenne de Berlin en 1885 a mis fin à la vieille Afrique. Elle a rassemblé les mille milliers de pays premiers (pays ethniques ou tribaux) en une demi-centaine de pays modernisables, soumis à l’accompagnement (c’est-à-dire à la colonisation) par l’Europe, pendant trois quarts de siècle (de 1885 à 1960). Ces pays s’élèvent au rang d’états souverains et obtiennent le statut de nations multiculturelles par leur accession aux indépendances. Dès 1960, et tout au long de plus d’un demi-siècle d’indépendances africaines, l’Afrique nouvelle est en plein processus de renaissance.

Certes, la Renaissance africaine naît des entrailles de la colonisation européenne. Donc, elle trouve ses racines en la colonisation européenne, au même titre que les racines coloniales européennes des pays, états et nations africains qui composent l’Afrique nouvelle, issue de cette colonisation. Les débats, les discussions et les réflexions d’actualité sur cette Renaissance africaine visent à éviter cette réalité historique incontournable dans un but : tenter de trouver une voie conduisant à une approche d’une Renaissance africaine de l’ailleurs. Or, cet ailleurs n’existe pas. La Renaissance africaine, incontournable, est celle héritée  de l’accès des pays africains, créés par la conférence européenne de Berlin en 1885 et adoptés comme tels par la charte de l’O.U.A. (Organisation de l’unité africaine) de 1963 dans leurs frontières de 1885 et dans leurs intégrités territoriales inviolables.

La vieille Afrique (c’est-à-dire l’Afrique antique figée à l’âge de fer, voire à l’âge de pierre ; l’Afrique précoloniale) est morte à Berlin en 1885. L’Afrique nouvelle est née en 1960, année de l’accès aux indépendances africaines et à la Renaissance africaine codée et colorée suivant la Renaissance européenne du XVème siècle. En effet, les pays de l’Afrique nouvelle, issue de la colonisation européenne de 1885-1960, sont des républiques (du latin : res publica) et des démocraties (du grec : demos kratos). Leur avenir se dessine dans la perspective de l’unité africaine (du latin : unitas africaina), sur fond de l’esprit du panafricanisme (du grec : panos afros oikos, « toute l’Afrique »). Cela justifie l’exigence du VIIème congrès du panafricanisme inscrite dans la résolution prise en 1958 : « l’Afrique doit s’unir ». Ce fut la résolution dudit VIIème congrès du panafricanisme tenu à Accra, au Ghana, en 1958, il y aura bientôt soixante ans (1958-2018).

Dans le but de contribuer à la perspective de l’unité africaine ainsi qu’à la poursuite de la Renaissance africaine en cours, je propose à l’Union africaine d’envisager l’organisation du VIIIème congrès du panafricanisme à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2018, au soixantième anniversaire de la résolution : « l’Afrique doit s’unir ».

 

rukira Isidore Jean Baptiste

Éditorialiste Afrique

 

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